La chaleur glace même les gladiateurs
Les conditions extrêmes dans lesquelles se poursuivent ces Mondiaux refroidissent l’enthousiasme de certains athlètes.
Publié le 30-09-2019 à 07h41
Les communications officielles faites par la fédération internationale dans la nuit de samedi à dimanche n’ont en rien atténué la polémique. L’IAAF juge que les deux épreuves de longue distance (50 km marche femmes et hommes) furent une réussite. Elle ne convainc pas grand monde. La tenue de ces Mondiaux à Doha reste un sujet brûlant. Il demeure sur les lèvres de la plupart des athlètes. Les plus modérés se contentent de soulever les problèmes pratiques auxquels ils sont confrontés au quotidien. D’autres se montrent plus virulents. «Avoir organisé un événement aussi prestigieux ici, c’est n’importe quoi», avait lancé Kevin Borlée, à son arrivée au Qatar.
«C’est une catastrophe»
Les critiques avaient déjà fusé après le marathon féminin, qui se solda par vingt-huit abandons sur les soixante-huit athlètes au départ. «Ce fut complètement irresponsable», s’était énervé Roel Parys, le médecin de la délégation belge, qui avait dû porter secours à Hanna Vandenbussche, contrainte à jeter l’éponge après quinze bornes de souffrance. «Avec cette température de 32 degrés et un taux d’humidité de 75%, la transpiration ne s’évapore pas. Elle reste collée à la peau. Du coup, le corps surchauffe et le cœur doit produire de plus en plus d’efforts. Les crampes musculaires arrivent et le sportif commence à perdre sa lucidité.»
Yohann Diniz se demande, lui, carrément pourquoi il s’est rendu dans le Golfe Persique. Le marcheur français, champion du monde du 50 kilomètres il y a deux ans à Londres, n’en a pas parcouru plus que 16, cette fois. «Je m’asphyxiais, j’avais les jambes coupées. Ça n’avait aucun sens. Franchement, on nous prend pour des cons», lança-t-il.
Son compatriote Kevin Mayer n’a, lui non plus, pas mâché ses mots. «Tout le monde voit que c’est une catastrophe, fustige le recordman du monde du décathlon. Il n’y a personne dans les tribunes et les conditions climatiques sont terribles entre la chaleur à l’extérieur et l’air climatisé à d’autres endroits. Je me fais une raison et me concentre sur la défense de mon titre. Sinon, j’aurais boycotté ces championnats pour montrer que je n’étais pas d’accord. Mais je n’en pense pas moins. En venant ici, on n’a pas mis les athlètes en avant mais, au contraire, en difficulté. À nous de ne pas jouer les princesses (sic) et d’y arriver. Mais nous ne sommes pas dans les bonnes conditions pour faire des performances.»
Hier, à 19 h 30, heure locale, le thermomètre affichait encore 34 degrés et la température ressentie était de 44 degrés.