Borlée, ensemble vers les sommets: morceaux choisis du livre sur une famille de champions
La famille Borlée présente ce mardi sa biographie écrite par notre journaliste David Lehaire. Voici en primeur quelques extraits.
Publié le 03-09-2019 à 06h02
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Olivia reçoit sa médaille d’or olympique huit ans plus tard
«Monter sur la première ou la deuxième marche du podium à Pékin n’a rien changé. Justice a été faite. Mon bonheur aurait été le même, de toute façon. J’avais la médaille autour du cou. Cela aurait été différent si nous étions passées de la quatrième à la troisième place. Parce que, dans ce cas, on n’aurait pas vécu en direct l’immense joie méritée d’un podium.»
Kevin et Jo très précoces
«On gagnait déjà tous les cross scolaires», rigole Jonathan. «Une fois, on a franchi la ligne d'arrivée main dans la main, se souvient Kevin. Puis, on s'est mis à choisir lequel de nous gagnerait. On alternait d'une année à l'autre.»
L’Asie découvre les jumeaux en 2011
Dans la fournaise sud-coréenne, Kevin et Jo s'attirent la curiosité des médias du monde entier en devenant les premiers jumeaux, monozygotes qui plus est, à sprinter de concert la finale d'un 400m planétaire. À l'affût des moindres détails, les Asiatiques chercheront même à savoir qui des deux est sorti le premier du ventre de la mère. «C'était étrange. On essayait de ne pas faire attention à tout ça», lance Jonathan.
Kevin après la médaille de Jonathan à l’Euro 2018
«On entendait qu’il n’était pas l’homme des finales, qu’il craquait. Cela m’a toujours fait mal parce que Jo, c’est tout l’inverse. Un vrai compétiteur...»
Pas en recherche de reconnaissance
«Ce n'est pas pour ça que l'on s'est mis à l'athlétisme, dit Kevin. Mais pour nous-mêmes.»«Je ne me suis jamais vraiment dit que ce que l'on réalise est exceptionnel, enchaîne Jonathan. Je ne me suis jamais projeté là-dedans. Je n'ai jamais eu pour ambition de marquer l'histoire. Je suis juste très heureux de partager ça avec ma famille. Pouvoir vivre de tels moments ensemble constitue un immense privilège. Cela dit, je me rends bien compte que notre destinée est atypique. Les statistiques sont là pour me le rappeler.»
Ne pas se fixer de limites
«Il faut croire en ses rêves, tout donner pour essayer de les atteindre et ne pas se fixer de limites», lance Kevin. «Parce que tout est possible», renchérit Jonathan.
Pas aussi introvertis que ça
«Nous sommes très protecteurs les uns envers les autres. Très peu de choses sortent du cercle familial et l'on se moque que ce soit parfois interprété de l'extérieur comme un certain hermétisme», affirme Jonathan.
«Ils sont taiseux, oui, mais pas aussi introvertis que ça», assure Stéphane Reis. Il est l'ami des jumeaux depuis leur enfance commune en Ardenne. «Disons qu'ils vont prendre le temps d'analyser leur interlocuteur. Une fois qu'ils l'auront cerné, ils tisseront des liens très forts et sincères. Ils privilégient les vraies amitiés aux sourires de façade. Avec eux, on sera toujours dans l'authenticité.»
Ensemble, plus une force qu’une faiblesse
Jonathan: «Je n'ai jamais perçu ce collectif comme une pression négative. À aucun moment, je ne me suis dit que, parce que Kevin réussissait quelque chose, j'étais dans l'obligation d'y parvenir, moi aussi.»... «Chacun essaye de prendre un peu chez l'autre, sans que ça le dénature ou altère leurs relations», image Édith, la maman... «Tu dois essayer de te mettre une carapace pour ne pas trop te laisser affecter par le désarroi de ton frère ou de ta sœur», estime Dylan... «Chaque résultat affecte tout le groupe», poursuit Olivia... «On n'a pas forcément choisi la voie la plus facile en faisant tout ensemble, pense Jonathan. Je suis, par exemple, beaucoup plus touché par les résultats des autres que par les miens. La manière dont l'autre va gérer une situation m'affecte beaucoup. Si je vois qu'il n'est pas bien, je souffre.»
Jacques, coach et père
«Personne n'a la science infuse. Il faut toujours voir ce que l'on peut améliorer. Surtout quand on gagne... Ma chance, au départ, (avec ses enfants), c'est qu'ils ont tous un enthousiasme naturel. Si nous avons un point commun, c'est d'oser vivre nos rêves...»
Édith, mère bienveillante
«Je suis très contente parce qu’ils font ce qu’ils aiment, pas parce qu’on les reconnaît... Des médailles, c’est très bien mais il y a plus important dans la vie.»
Une jeunesse pas toujours facile
«La séparation de nos parents ne fut pas facile à vivre mais elle fait partie intégrante de notre vécu, dit Jonathan. Elle nous a rendus plus forts. On a été obligés de se serrer les coudes, de se prendre en main très tôt...»
La gémellité, un cas à part
«Oui, nous avons une charge émotionnelle que n'ont pas nos adversaires», estime Kevin. «C'est clairement notre handicap mais nous avons appris à vivre avec», enchaîne Jonathan. «Nous sommes un peu des associés qui se complètent», image Kevin.
La compétitivité, une affaire olympique
Jean-François Toussaint, professeur de physiologie de l'université Paris-Descartes: «Un des grands facteurs du renforcement de l'héritage génétique est le lien de parenté que l'on a avec un médaillé olympique».
Le 400 m, plaisir maso
Jonathan:«Bien sûr, il y a quelque chose de maso. Personne ne peut avoir conscience de la violence de l'effort produit tant qu'il n'a pas essayé. On ne joue pas au 400 mètres!»
Tous ensemble à Rio
Olivia: «Être tous réunis au cœur du plus prestigieux événement sportif procure un sentiment difficilement descriptible.»
Ce qu’ils pensent de l’ambiance d’un stade
Jonathan:«La veille d'une compétition, il y a du stress. C'est difficile de trouver le sommeil. Cette tension monte... Il faut pouvoir la gérer car elle peut être destructrice si tu te mets à broyer du noir.»
Dylan:«Si le stade s'enflamme, ça me donne de l'énergie. Je me concentre alors plus facilement.»
Ce qu’ils pensent de la célébrité
Kevin:«Je préfère conserver une vie normale. Je n'aime pas me mettre en avant...»
Dylan:«Je n'aimerais pas être suivi toute la journée.»
Ce qu’ils disent de l’après-carrière
Olivia: «Dans le monde de l'entreprise, le stress est permanent. Je suis responsable d'autres personnes.»
Kevin:«Notre manière de fonctionner va nous aider pour la suite. L'athlétisme est une école de vie. Ça m'a appris des choses dont je me servirai plus tard. On anticipe, on sait comment préparer un objectif.»
Le relais dans la peau
Olivia: «Tu as l'impression d'être à quatre contre le reste du monde.»
Jonathan:«Tu te fais tout aussi mal que lorsque tu cours seul. Mais, mentalement, ta perception n'est pas la même car tu fournis aussi cet effort pour l'autre. Tout est partagé, la joie comme la pression.»
David Lehaire, «Borlée, ensemble vers les sommets», Éditions Dynamedia, 232 p. En vente dès aujourd’hui en libraire et sur internet.
Un 2e livre pour l’auteur
David Lehaire (44 ans) est journaliste sportif depuis plus de vingt ans. Après des années à la Dernière Heure et un passage à Sud Presse, il est aux Éditions l’Avenir depuis six ans.
Journaliste tout-terrain, il a déjà couvert, entre autres, les Jeux olympiques et le Tour de France à plusieurs reprises, ainsi que la Coupe du monde de football en Russie.
Devenu spécialiste d’athlétisme, il suit la famille Borlée aux quatre coins du monde depuis plus de dix ans. Ce qui lui a permis de recueillir leurs confidences.
Il s'agit de son deuxième livre après Real Struelens, biographie de l'ancien basketteur Éric Struelens publiée en 2001.