VIDÉO | Quand Pierre Migisha piégeait le RFC Liège avec Robert Waseige: «J’étais stressé par le maintien de ma perruque»
En 1991, un tout jeune Pierre Migisha a piégé le RFC Liège en réalisant un poisson d’avril mémorable à l’aide de Robert Waseige. 28 ans plus tard, alors que l’entraîneur vient de décéder, l’ex-journaliste sportif vedette de RTL nous livre ses souvenirs.
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Publié le 19-07-2019 à 16h46
À une époque où le petit monde du football vit en vase clos, il serait impensable pour un média d'imaginer réaliser une caméra cachée avec l'aval d'un club de football professionnel. Mais le monde du ballon rond n'a pas toujours été aussi fermé et ce célèbre poisson d'avril, auquel a participé le regretté Robert Waseige, en est l'exemple parfait.
En 1991, alors que le RFC Liège tient le haut du pavé en D1 belge, un jeune journaliste débutant est envoyé par sa rédaction au RFC Liège. Il se prénomme Pierre Migisha et a pour mission de piéger les joueurs des Sang et Marine pour le 1er avril. Le tout, avec le feu vert du coach, Robert Waseige. «Ce fut vraiment très sympa de sa part d'accepter de participer à ce poisson d'avril. D'autant plus qu'à l'époque, le RFC Liège était une équipe du top belge, encore plus que le Standard. Ils étaient brillants en Coupe d'Europe et comptaient de grands noms dans leurs rangs. Sans l'accord de ce grand monsieur, jamais on aurait pu faire ça», confie-t-il.
Robert Waseige a prévenu ses joueurs qu’un espoir tanzanien allait effectuer un test au sein du club et je suis arrivé avec une perruque afro que j’avais empruntée à ma mère
Tout part d'une idée ayant germé dans la tête de Philippe Henry, présentateur vedette du JT de 13 h sur RTL dans les années 90. Ayant ses contacts au sein du club de Rocourt, celui-ci s'arrange pour impliquer Robert Waseige dans la blague. «Alors que l'équipe première allait s'entraîner, Robert Waseige a prévenu ses joueurs qu'un espoir tanzanien allait effectuer un test au sein du club et je suis arrivé avec une perruque afro que j'avais empruntée à ma mère. Le coach m'a donné un équipement complet et j'ai dû me changer sans faire tomber mes faux cheveux. J'étais plus stressé par le maintien de ma perruque que de me retrouver avec tous ces grands joueurs.»
Censé venir de Tanzanie, le personnage incarné par Pierre Migisha s'appelle Vango Moussiko et ne sait parler qu'une langue: le swahili. «La plupart des joueurs de Liège étant francophones et j'ai donc fait semblant de ne pas savoir parler français. Par contre, je ne m'attendais pas du tout à ce qu'Angelo Nijskens vienne me parler en swahili. J'étais surpris qu'un joueur hollandais connaisse cette langue mais j'ai réussi à lui répondre avec un mot que je connaissais pour éviter de me faire démasquer.»
Vient ensuite le moment de fouler la pelouse du Stade de Rocourt pour l'entraînement. Une expérience incroyable pour Pierre Migisha, également footballeur à ses heures mais à un niveau bien inférieur. «Physiquement, j'ai bien tenu puisque j'ai effectué 3/4 de l'entraînement, avant de faire semblant d'être pris de maux de ventre, explique-t-il. Par contre, techniquement, ça n'allait pas du tout. Certains joueurs me regardaient de travers comme Dany Boffin, qui n'a pas du tout été sympa, alors que d'autres m'aidaient comme Krncevic, qui agissait comme un vrai mentor.»
«Si tu n’as plus de boulot à RTL, tu peux toujours faire du théâtre, mais pas du football»
Au retour des vestiaires, Robert Waseige demande l'avis de ses joueurs sur la prestation de la supposée «pépite tanzanienne», notamment pour déceler les réactions honnêtes des avis hypocrites. «Luc Ernès a dit que j'étais le frère de Gullit tandis que Jacky Munaron m'a demandé si j'avais mis mes doigts dans une prise électrique, sourit Pierre Migisha. Ensuite, j'ai enlevé ma perruque car je sentais que j'allais éclater de rire. Tout le monde a rigolé et c'est là que Robert Waseige a lâché: 'Si tu n'as plus de boulot à RTL, tu peux toujours faire du théâtre mais pas du football'. Quand j'ai revu certains joueurs quelques jours plus tard pour un match du Télévie, certains m'avaient confié qu'ils étaient sonnés d'avoir été piégés de la sorte par leur propre coach.»

Depuis, Pierre Migisha a pas mal bourlingué. D'abord journaliste sportif chez RTL, il a rejoint le cdH et a été élu député avant de devenir le porte-parole de la Secrétaire d'État bruxelloise Bianca Debaets (CD&V). Mais 28 ans plus tard, il se souvient toujours des moindres détails de cette anecdote qui a marqué sa vie à jamais. «J'avais 19 ans et je venais de débarquer chez RTL comme pigiste mais cette blague a fait de moi une vedette, surtout en Flandre. Je me suis rendu quelques jours plus tard à Bruges et tous les joueurs criaient mon faux nom en me demandant des autographes», se remémore l'ex-journaliste.
Au fil de sa carrière de journaliste sportif, Pierre Migisha a retrouvé Robert Waseige à de nombreuses reprises pour diverses interviews et s'est même rendu dans sa résidence rocourtoise. Autant dire que le décès soudain du «Mage de Rocourt» l'a ému au plus haut point. «Je pense que c'est le coach que j'ai le plus interviewé de ma vie. C'était un homme très chaleureux et humain. Sa mort m'a fait le même effet que celle de Guy Thys. Ces grands messieurs dégageaient beaucoup de charisme et c'est le genre de personnalités qui manquent dans le football d'aujourd'hui en Belgique.»