Il se fait piquer trois fois son vélo et lance #protectourbikes, un hashtag que les autorités n’ont pas volé
Thibault s’est fait voler son vélo... trois fois! Pas découragé, le Bruxellois roule toujours. Mais face à l’inaction de la police et des politiques, il lance le hashtag #protectourbikes pour «rappeler les autorités à la réalité dans l’euphorie du Tour de France». Le Gracq le soutient et répète les manques en infrastructures de parking.
Publié le 03-07-2019 à 12h15
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Pour Thibault Dujardin, la campagne #tourensemble de la Région bruxelloise dans le cadre du Tour de France a un goût amer. Il faut comprendre le Marollien: il s'est fait voler trois vélos! Le premier dans un box protégé sur son lieu de travail près de la place Fernand Cocq à Ixelles, le 2e dans la rue à 11h du matin dans le même quartier, le 3e dans le centre alors qu'il l'avait posé à quelques centimètres de lui. Le jeune Bruxellois avait pourtant investi dans le meilleur cadenas: un attirail à 134€. «Avec une scie circulaire sur batterie, en moins d'une minute, la bande organisée était partie. C'en est une: elle sévit dans les parages. J'ai vu les images de caméra. Mais ils s'en moquent: ils n'ont plus peur de rien».

Car selon le cycliste, «la police n’assure pas le suivi». Plusieurs PV ont été enregistrés «mais pas de nouvelle». On comprend le rire... jaune face à la campagne de com qui trouvera son point d’orgue ces 6 et 7juillet. «Ce qui me fait mal, c’est que Bruxelles lance une magnifique promo pour le vélo mais que de l’autre côté, les policiers ne me répondent qu’en haussant les épaules, genre “ Que voulez-vous faire? ”»
Buzz
Le jeune homme, lui, a sa petite idée: il veut contourner le hashtag pour faire le buzz en lui additionnant un autre mot-clef: #protectourbikes. L'idée est d'inciter les cyclistes quotidiens bruxellois, victimes de vols ou de dégradation, à poster massivement des photos de leurs bécanes disparues le 6 juillet. Cibles: Facebook, Twitter et Instagram, en n'oubliant pas les deux hashtags. «Quoiqu'en pensent les autorités, Bruxelles n'est pas vécue comme la capitale du vélo mais comme celle du vol! Je veux donc leur rendre le sens des réalités: la vérité, c'est qu'on n'ose pas sortir à vélo de peur de se le faire voler».
Thibault ne se prend pas pour un spécialiste de la cause. Il laisse donc au Gracq et au Fietsersbond le soin d’apporter leur expertise sur cette problématique. «En 2017, il y a eu 3541 plaintes pour vol. Mais la police estime qu’ils ne sont pas tous déclarés», mesure Florine Cuignet, chargée de politique bruxelloise au Gracq. «Et seuls 5% des vélos déclarés volés sont retrouvés».
«Purement scandaleux»
Pour enrayer un peu la spirale, la solution était jusqu'ici de graver sur son cadre son N° de registre national. «Mais aucun suivi du vélo n'est assuré en cas de revente», regrette l'experte. Aussi la Région bruxelloise a-t-elle lancé mybike.brussels: une plateforme web où chaque vélo enregistré gratuitement correspond à un autocollant inarrachable à disposer sur le cadre. «Ça ne résout pas tous les problèmes, mais c'est mieux», admet Florine Cuignet. «La base de données permet de vérifier à la revente que le vélo n'est pas volé. Les autres régions et le fédéral devraient embrayer. L'Europe aussi: à son niveau, elle pourrait imposer un N° de série unique sur chaque vélo neuf».


Autre souci chronique lié au vol: le manque de parkings sécurisés. La Région se félicite de l’ouverture récente des espaces souterrains de la Bourse et de De Brouckère. Soit 1.348 places dans l’hypercentre. «On fait des progrès, principalement dans la gestion centralisée via Cyclo et l’agence du stationnement. Mais on en reste aux balbutiements», analyse l’experte du Gracq. «D’abord, il ne faut pas se limiter au centre. Et dans les communes, les box vélos sont trop rares. Ils ne doivent être considérés que comme une solution ponctuelle car ils sont loin de répondre à la demande: les listes d’attente sont longues. De plus, à 60€ par vélo et par an, ils sont très chers. À ce prix-là, parquer les vélos d’une famille peut revenir à 300€! C’est purement scandaleux par rapport au prix de certaines cartes riverain pour les voitures à 10 ou 5€. Voire gratuites! Bruxelles compte 220 emplacements de parking voiture en voirie pour 100 habitants. à paris, c’est 6,7! C’est pourquoi le Gracq plaide pour une refonte de l’espace urbain. Car ce signal donné n’est pas le bon».
Thibault, lui, roule toujours. «Mais avec la boule au ventre dès que je rentre une minute dans un magasin». Il veut juste savoir où il peut laisser son vélo «sans trimbaler une chaîne de 6kg dès que je sors».