Jean-Michel Saive, le gamin d'Ans qui a conquis le monde : « À Liège, on n’a pas oublié d’où je viens »
Jean-Michel Saive a connu la gloire à Charleroi et traversé le monde entier, mais il a conservé son âme de valeureux Liégeois.
Publié le 25-04-2019 à 11h02
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AVANT DE LIRE| Cette interview a été publiée en août 2017 dans le cadre de notre série "Un people dans sa ville"
«Jean-Mi» demeure le plus célèbre des pongistes belges. Ses exploits sportifs restent marqués dans la mémoire collective belge. À 48 ans, il reste très actif dans le monde du tennis de table et vit toujours dans la région liégeoise qui l’a vu naître. Il s’est installé à Crisnée, à quelques kilomètres de la Cité ardente, mais reste attaché à Liège, notamment à la verdure du Sart Tilman, où il se rend régulièrement pour pratiquer le golf.
Jean-Michel Saive, vous êtes associé dans l’esprit des gens au club de la Villette à Charleroi. Vous jouez aujourd’hui à Auderghem. Restez-vous un Liégeois malgré tout?
Comme je l’ai beaucoup dit à l’époque, j’étais un Liégeois de naissance et un Carolo d’adoption. D’ailleurs, beaucoup de personnes ne savent même pas que je suis originaire de la région liégeoise. Elles m’associent à Charleroi. Ce n’est pas bien grave. Mais lorsqu’on m’entend parler, on repère mon accent après trois mots et cela ne laisse pas de place au doute. Par contre, cette confusion n’existe qu’ailleurs. Ici, à Liège, les gens n’ont pas oublié d’où je viens.
Liège et Charleroi, ce sont deux grandes villes wallonnes…
Et j’ai bien senti cette espèce de concurrence entre les deux villes, même si je ne l’ai jamais bien comprise.
Les Liégeois et leur esprit principautaire…
C’est incroyable comme ils en reviennent toujours à la principauté. Entre Charleroi et Liège, il y a un rapport qui ressemble un peu à celui des Belges et des Français. Je ne sais pas pourquoi, mais les Carolos voient un peu les Liégeois comme les Belges perçoivent les Français. Et peut-être que les Liégeois en jouent un peu aussi, avec leur esprit principautaire. C’est sans doute valable dans les deux sens.
En 1993, j'ai donné le coup d'envoi de la Coupe de Belgique entre le Standard et Charleroi. On m'avait fait débarquer en hélicoptère sur le terrain… tout un bazar. Tout le monde n'arrêtait pas de me poser la question: «Alors, tu tiens avec qui?» Et moi je me contentais de répondre: «Que le meilleur gagne». Je devais faire gaffe. Aujourd'hui, je peux le dire sans vexer les Carolos: je suis plutôt supporter du Standard, sans être anti-Anderlecht, anti-Charleroi ou que sais-je…
Peut-on considérer que votre caractère correspond bien à ce qu’on dit des Liégeois: chaleureux, décontractés, sympas…
Je n’ai jamais joué un personnage, je m’affiche tel que je suis. Si je suis assez décontracté, c’est peut-être parce que je suis liégeois, allez savoir…
Liège est-elle restée un pied-à-terre durant votre carrière?
Malgré mes 1 035 voyages à l’étranger, je n’ai jamais habité ailleurs que dans la région.
1 035 voyages?
Oui, c’est le compte exact, tout cela est répertorié dans mon téléphone. En fait, c’est mon père qui a commencé à les lister et j’ai continué. J’en suis à 1 035 voyages, soit une moyenne de 11 jours par mois à l’étranger depuis l’âge de 13 ans. Et comme je le disais, j’ai toujours vécu en Belgique.
Il y a un constat que j’ai fait en voyageant partout dans le monde: nous vivons quand même bien chez nous en Belgique. Je ne dis pas que tout est parfait. Mais nous avons tout ce qu’il nous faut, la vie est globalement belle, nous avons les Ardennes, la mer. Je n’aurais jamais pu m’installer ailleurs.
Le gamin d’Ans qui a conquis le monde

Bien avant de devenir, aux côtés de son frère Philippe, le champion qu’on connaît, le petit Jean-Michel voit le jour à Liège en novembre 1969.
C'est à Ans, sur les hauteurs, qu'il grandit. «J'y ai vécu de 1969 à 1992. J'ai grandi rue Branche Planchard. Ma maman vit toujours là, à côté de l'église Sainte-Marie.» Après avoir passé ses maternelles et ses primaires dans l'école du quartier, il emprunte le bus chaque matin pour descendre en ville, au collège Saint-Barthélemy, durant ses années secondaires.
Même s’il choisit les maths fortes, c’est au sport qu’il consacre ses soirées et ses week-ends. Dès le début de l’adolescence, il devient un champion, rapidement repéré par l’équipe nationale, jouant pour de prestigieux clubs: à Tours en France, à Jülich en Allemagne, à La Villette Charleroi puis, depuis 2012, au Logis Auderghem.
Son palmarès est devenu kilométrique. Parmi ses faits d’armes: sept participations aux JO (de Séoul 1988 à Londres 2012), n° 1 mondial durant 17 mois (de 94 à 96), n° 1 européen durant 31 mois, 25 fois champion de Belgique, vice-champion du monde 93, champion d’Europe 94, etc.
Aujourd’hui, Jean-Michel Saive fait partie des décideurs au sein de l’aile francophone de la Fédération belge de tennis de table et du Comité olympique belge. Il a récemment brigué le poste de président de la Fédération internationale, sans toutefois être élu.
Après avoir vécu à Alleur, Hognoul et Ougrée, Jean-Mi est installé depuis 7 ans à Ougrée,«près de l'autoroute, près de Liège, près du Limbourg où vit ma fille».
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