Lola Mansour éloignée des tapis depuis février: «Ma commotion m’empêche de faire ce que j’aime»
Tenue éloignée du circuit international depuis qu’elle a été victime d’une commotion cérébrale fin février, la judoka bruxelloise tente de garder le moral. Et ce, même s’il lui est toujours impossible de s’entraîner normalement.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/564bb5e6-3925-4e77-9c29-d7fc08e40b25.jpg)
Publié le 23-10-2018 à 17h29
:focal(368x254:378x244)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/TPHTEALMIVEANIBHGUONPSEHWQ.jpg)
Le 21 février 2018. Ce jour-là, Lola Mansour est victime d’une commotion cérébrale lors d’un de ses derniers entraînements de la semaine. Migraines, nausées, fatigue,… La Bruxelloise doit renoncer au Grand Chelem de Düsseldorf (organisé du 23 au 25 février) où elle avait à cœur de défendre sa médaille de bronze obtenue en 2017. Depuis lors, elle n’a plus combattu dans un tournoi officiel.
«Comme tous les judokas, j’ai pris l’habitude de prendre des coups, y compris au niveau de la tête. Seulement, dans ce cas-ci, la douleur était différente, se souvient la jeune femme (24 ans). J’ai vite compris que ce n’était pas un choc comme les autres: j’étais désorientée et je me sentais mal. Malheureusement, j’ai sans doute minimisé un peu les faits. À la veille du Grand Chelem de Düsseldorf, j’étais dans le déni et je ne voulais pas même envisager l’idée de déclarer forfait pour une compétition de cette importance. Au pire, je pensais qu’il me suffirait de me reposer un peu pour que ça passe. Mais ça n’a pas été le cas… Du tout.»
Près de huit mois après son accident, Lola Mansour n’a toujours pas retrouvé le rythme d’entraînements qui était le sien en début d’année. «Encore maintenant, j’évite de trop forcer pendant les séances auxquelles je participe car, dans le cas contraire, je sais que je vais le payer et être victime de grosses migraines qui vont m’empêcher de dormir, par exemple. Certains jours, la douleur est tellement forte que je ne supporte plus la lumière ou le bruit. Bref, c’est vraiment pénible.» Une convalescence d’autant plus compliquée que la judoka ne sait pas quand elle recouvrera toutes ses capacités.
«Physiquement, je fais encore quelques entraînements mais ça reste assez léger par rapport à ce que je pouvais faire avant ma commotion. Concrètement, je m’interromps avant de rencontrer de trop gros soucis de concentration ou de psychomotricité, détaille ainsi celle qui avait déjà vécu une longue absence (un peu moins d’un an) en raison d’une luxation de l’épaule. Et c’est peut-être ça qui me frustre le plus… Quand vous êtes victimes d’une élongation ou d’une fracture, vous avez vite une idée précise du protocole à suivre pour vous retaper et du temps que ça prendra. Mais dans le cas d’une commotion cérébrale, ce n’est pas du tout la même chose. La seule chose à faire pour que ça aille mieux, c’est attendre. Et attendre que le corps reprenne sa marche en avant, c’est parfois difficile à gérer à la fois physiquement et émotionnellement.»
Entre deux entraînements adaptés, la judoka reconnaît que cette épreuve est parfois difficile à vivre. «D’une part, il y a la frustration sportive de ne plus pouvoir me dépenser sur les tapis. Mais d’autre part, il y a aussi la frustration de ne plus être capable de se donner à fond dans ses activités au quotidien. Lorsque j’ai été opéré de l’épaule, il me restait la possibilité de faire du vélo, par exemple. Avec cette commotion, tout devient compliqué… Je n’ai d’ailleurs pas renouvelé mon inscription à l’université parce que je vois bien que j’ai du mal à suivre les cours normalement et me concentrer pour étudier.» Et socialement, ce n’est pas beaucoup plus évident puisque l’athlète doit faire attention à ne pas se rendre dans des endroits trop bruyants, notamment.
«Depuis peu de temps, je fais des séances d’ostéopathie crânienne et des séances d’hypnose en parallèle de mon traitement, poursuit toutefois Lola Mansour. L’idée est de travailler sur le choc post-traumatique pour s’assurer que ce n’est pas ça, par exemple, qui me bloque dans ma guérison ou qui m’empêche de forcer pendant les entraînements.» En espérant cette fois que la judoka ne connaisse plus de régression, comme ce fut le cas l’été dernier après son traitement quotidien en oxygénothérapie.
Heureusement, la Bruxelloise garde le moral. «Je n’ai jamais pensé à arrêter le judo, assure-t-elle. Au contraire, cette épreuve ne fait que décupler mon envie de retrouver les tatamis et de me donner à fond dessus… dès que j’en aurai la possibilité.» En croisant les doigts pour que ce moment arrive bien vite.