Sacoor, la nouvelle pépite d’or
Jonathan Sacoor n’a que dix-huit ans. Aujourd’hui, cet immense talent courra son premier 4x400m chez les seniors avec les frères Borlée.
- Publié le 03-03-2018 à 06h00
Que ce soit dans les travées de l'Arena de Birmingham ou dans les couloirs de l'hôtel où les Tornados séjournent depuis jeudi, beaucoup se demandent qui est ce gamin qui suit Kevin, Jonathan et Dylan en toute discrétion. Il y aurait, donc, un Borlée de plus? Il a les cheveux de jais, le teint hâlé, la silhouette frêle. Du haut de ses dix-huit ans, il ne peut cacher une certaine ressemblance avec les jumeaux. La comparaison le flatte. «Kevin et Jonathan constituent des modèles. Je suis honoré de pouvoir progresser au quotidien à leurs côtés. Mais je ne suis pas comme eux», coupe-t-il.
Lui, c'est Jonathan Sacoor, la nouvelle pépite belge du 400 m. Il s'est révélé l'an dernier en se parant du bronze aux Championnats d'Europe juniors. Dans la foulée, Jacques Borlée mit le grappin dessus. Et l'emmena dans ses bagages pour le rendez-vous planétaire du mois d'août à Londres. «Il n'était pas question que je cours mais que j'observe, que j'apprenne, se souvient le Brabançon flamand. Cette expérience m'a apporté énormément parce que j'ai pu côtoyer le gratin mondial sans la moindre pression. Quand je me suis retrouvé à quelques mètres d'Usain Bolt, j'étais comme un môme devant une star. Je me demandais ce que je faisais là.»
Depuis, le prodige continue son ascension fulgurante. Cet hiver, il s'est régalé en salle. Aux championnats de Belgique, il s'est même approché à huit centièmes du record de Belgique juniors du 400 m détenu par Kevin Borlée. «Ça m'aurait fait très plaisir de le battre même si je me doute que Kevin n'aurait, lui, pas été très content», glisse-t-il en souriant le détenteur du record national juniors sur 300 m.
«J’ai regardé tant de fois les Tornados à la télévision»
Ce samedi, il étrennera ses galons de titulaire au sein du relais. «Je suis en forme et je ne ressens pas la pression. Peut-être que ça viendra parce que je sais que je dois me montrer à la – hauteur de la confiance que l'on m'accorde. Je connais l'histoire des Tornados. Je les ai regardés tant de fois à la télévision. Je n'ai pas envie de décevoir.»«Je ne me fais pas de souci quant à sa gestion du stress, assure Jacques Borlée. Jonathan est calme et mature.»
Même s'il franchit les étapes à toute vitesse, celui qui vit à Beersel avec ses parents et sa sœur Naomi garde les pieds sur terre. «Mon objectif de l'année, ce sont les Mondiaux juniors de Tampere, en Finlande. Un Top 5 mondial serait fabuleux.»
S'il pouvait déjà apporter sa contribution à un bon résultat collectif ce week-end, il ferait encore plus la fierté de toute sa famille dont il mettrait le patronyme, rare en Belgique, en avant. «Sacoor, c'est indien. Mais, demandez à mon papa, il vous en dira plus.» Le paternel Ismaël est né au Mozambique, de parents portugais et de grands-parents indiens. Après l'indépendance de ce pays du sud de l'Afrique, il prit le chemin du Portugal où il grandit. «Ensuite, je suis venu en Belgique dans le cadre de mes études, lance Ismaël d'une voix douce C'est là qu'il rencontra Judith, sa future femme. «Elle est néerlandaise, rigole Jonathan, en parlant de sa maman. Bref, je crois que l'on peut dire que je suis un citoyen du monde, non?»
Né à Lot le 1er septembre 1999, le 4e membre des Tornados a découvert l'athlétisme parce qu'il était hyperactif. «C'était un enfant très remuant, explique son papa. Courir lui a permis de canaliser son énergie.» «Je faisais les cross interscolaires. Je finissais toujours sur le podium mais je gagnais rarement, rigole Jonathan. Je partais à fond et, après 400 mètres, j'étais cuit.» On ne lui demande pas de tenir plus longtemps aujourd'hui. La perspective de prendre part, dimanche, à une première finale internationale chez les seniors le motive plus que tout. «Je me sens comme un poisson dans l'eau avec les Borlée.» Qu'il accompagnera d'ailleurs en avril à Orlando. «Je raterai une semaine d'école. Mes professeurs sont très conciliants,. Tant que mes résultats scolaires suivent, c'est bon.»
Ce week-end, ils seront tous derrière leur petit écran pour suivre les exploits du surdoué.