« J’ai arrêté de vivre »
Hugues Laboureur ne souhaite pas parler d’un élément personnellement marquant en 2015. «Ce serait totalement lamentable de revenir sur autre chose que les attentats du début et de fin d’année en France», souligne-t-il.
Publié le 26-12-2015 à 05h00
Il se rappelle d’ailleurs très bien de cette soirée du vendredi 13 novembre 2015. «J’étais incapable de décrocher de ma télévision. Je zappais de chaîne en chaîne en essayant de saisir toute l’information. J’étais totalement déboussolé car notre liberté propre était remise en cause. En fait, j’ai arrêté de vivre. J’étais comme à l’arrêt durant toute cette soirée.»
Aujourd'hui, le fils de Roger Laboureur y pense encore. «C'est totalement dingue. Nous avons réellement passé un cap car nos valeurs ont été touchées. Aujourd'hui, les terroristes s'attaquent à des gens comme vous et moi.» C'est d'ailleurs la grande différence par rapport aux attentats du 7 janvier 2015 visant Charlie Hebdo, le journal satirique. «En début d'année, nous étions dans une première phase d'attentats où les terroristes visaient une institution. Ils voulaient remettre en doute la liberté de la presse. Mais onze mois plus tard, on parle surtout d'une attaque contre notre liberté, notre droit fondamental. Celui de boire un verre, sortir au cinéma, voir ses amis. C'est tout à fait déconcertant! En fait, c'est l'ensemble du travail démocratique abattu par les anciennes générations qui s'est réduit en cendres.»
Hugues Laboureur ne vit pas non plus dans la peur mais il se pose chaque jour de nombreuses questions. Preuve qu'il a été très touché par les événements. «D'un coup, nous pourrions perdre nos amis et notre famille sans raison. Tout peut s'écrouler en un instant et je le vis plutôt mal. Ces attentats ont touché directement ou indirectement le monde entier. Il faudra pouvoir se relever…»
Mais comme il l'explique pour clôturer le sujet, il est essentiel de rester sur nos gardes. «Le danger existe, c'est certain. Mais ils ne vont pas tout faire sauter lorsque Bruxelles est en alerte terrorisme. Ils vont plutôt lâchement créer le chaos au moment le moins attendu par les autorités et la population.»