Luc Ernes quittera Faimes et le coaching
On ne reverra plus "Pigeon" au bord d’un terrain de foot. Après 22 ans de coaching, le Villersois arrêtera en fin de saison. C’est une légende régionale qui s’en va… Entre tristesse et fierté, le cœur balance.
Publié le 17-02-2022 à 20h37
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On ne va pas se mentir: il va nous manquer. Terriblement. Il faudra cependant faire sans Luc Ernes dès la saison prochaine. Grosse surprise en effet ce jeudi avec une double annonce: " Je quitte Faimes et le football. Je n'ai tout simplement plus envie…" résume "Pigeon" qui s'envolera donc définitivement fin de la campagne 2021-2022. Retour sur un arrêt surprise qui, soyons honnêtes, nous a donné les larmes aux yeux.
Luc Ernes, vous quitterez donc Faimes en fin de saison et… le football?
(silence ému) Oui, c’est exact. Ma décision est ferme et irréversible. Je sais que ça surprend, mais ça fait trois semaines que j’y pense. Et, là, c’est acté dans ma tête pour de bon. Quand je suis rentré du foot dimanche, je n’étais pas bien physiquement tellement que je m’étais énervé. Et, ça, ça ne va pas. Je pense qu’après 18 ans comme joueur et 22 ans comme entraîneur, il est temps de passer à autre chose. Quarante ans de foot, ça suffit.
On vous comprend, mais c’est d’autant plus étonnant, que le 28 novembre dernier, vous prolongiez à Faimes pour une 7e saison en 2022-2023…
Oui, je sais, mais depuis, j’ai bien réfléchi. Et je ne veux pas faire la saison de trop. Je ne prends plus de plaisir. Cela devient une corvée d’aller à l’entraînement les mardi, jeudi et même le match le dimanche. Puis, je ne m’y retrouve plus vraiment dans la mentalité des jeunes d’aujourd’hui. Chaque semaine, ce sont des problèmes quand vous mettez X sur le banc ou Y à une autre place que la sienne. Désolé, mais à 57 ans, j’en ai marre de tout ça.
Vous quittez le club fin de saison mais cela risque de provoquer un électrochoc…
Je sais, mais je promets à Faimes qu’on va finir la saison de la plus belle des façons. On va se sauver et faire la fête comme on l’a toujours fait. Ce ne sera qu’un au revoir au club, pas un adieu car je vais y revenir comme supporter.
Pourquoi arrêter le coaching alors que le foot, c’est toute votre vie?
Parce que je pense avoir fait mon temps. Oui, je le dis moi-même, je suis dépassé (sic). Je n’arrive plus, comme avant, à tirer le meilleur des joueurs. Je le vois bien avec le groupe cette année même si ce groupe est spécial. Je n’ai jamais été un grand tacticien, mais je pense par contre avoir toujours tiré mon épingle du jeu comme coach, surtout sur le plan mental. Mais, là, je n’arrive plus à jouer les gourous ou les psychologues. Et je ne pense pas pouvoir amener Faimes plus haut après l’avoir tiré de la P3. Là, c’est fini. D’ailleurs, après mon dernier entraînement, je lave mes affaires de foot, je les mets dans une armoire et je n’y touche plus.
Mais vous allez devenir fou, sans foot le dimanche, non?
(silence) Ça, on verra. Mais je ne pense pas. Je vais enfin pouvoir profiter un peu. Vous savez, être pris tous les dimanches comme ça, c’est une contrainte. Là, je compte aller voir des copains à gauche ou à droite. La vraie vie va commencer (rires).
Votre décision a-t-elle un rapport à la difficulté de Faimes de construire un noyau de qualité en vue de la saison prochaine?
Franchement, non même si, forcément, la décision et le comportement de certains joueurs m’ont déçu. Si j’étais resté, on aurait construit un beau noyau de nouveau. J’en suis certain. Mais c’est peut-être justement une bonne chose qu’un autre coach arrive avec son réseau et son carnet de joueurs.
Il est donc temps de regarder dans le rétroviseur. Avec le recul, en 22 ans de carrière, quel est votre meilleur souvenir?
Ce titre en P3 avec Faimes devant 1200 personnes face à Huccorgne. Quel souvenir! Et dire qu’on avait sept points de retard à un moment sur les Wanzois. Mais on avait un groupe! Certains avaient les pieds carrés mais quelle mentalité! Je me souviens encore de ce joueur qui m’a dit: ‘On s’amuse bien hein coach, on est bon.’ Et moi de lui répondre: ‘Oui, dommage pour toi qu’il y a le ballon quoi…’ (rires)
Et le pire souvenir de votre carrière de coach?
Peut-être bien cette saison qui fut compliquée dans l’ensemble, mais avant tout cette décision de tout arrêter . Croyez-moi: elle n’est pas facile. Je sais que lors du dernier match, je ne vais pas verser une larme, mais au moins deux… Faimes restera le meilleur club où je suis passé. J’y ai rencontré des amis pour la vie… Comme à Oreye avec Guy Bröne qui fut mon plus grand président en 6 ans et dont j’ai réalisé le rêve: gagner la coupe de la province. Le Faimois Nico Rombouts restera aussi dans mon cœur.
Votre meilleur joueur en 22 ans?
Sans hésiter, Fabrice Pieroni. Il avait la classe et tout pour faire une grande carrière en nationale. Mais il n’avait pas ma mentalité de guerrier.
Pas de regret de ne jamais avoir coaché en nationale?
Franchement, non. Aucun, je vous le promets. Le football a été mon job comme joueur, mais comme coach, il a toujours été mon hobby. Il y a eu des touches à un moment, oui, mais je suis heureux de mon parcours.
Vous avez été une vraie star du foot belge mais êtes toujours resté d’une simplicité folle. Quelle image vous aimeriez qu’on garde de vous?
Celle-là, justement. Je suis comme ça, sans fioriture. Et je ne changerai plus… Avec ou sans foot…