RALLYE-RAID| Le Kainois Pascal Mercier devient une référence sur le Dakar (photos)
Pour la troisième fois de suite, le Kainois a amené la plupart de ses véhicules à l’arrivée. C’est même la première fois qu’il connaissait un abandon. Un exploit quand on sait que 60% des participants vont au bout.
Publié le 19-01-2022 à 09h20
Si elle est certainement la course la plus connue dans le monde du rallye-raid, le Dakar est aussi l'une des plus difficiles et des plus exigeantes pour les pilotes et leurs équipes. Pour preuve, à peine 60% des participants parviennent à franchir la ligne d'arrivée. Cette statistique démontre donc à merveille l'exploit réalisé par le team Mercier Racing. Après deux années à 100% de réussite, elle a permis à quatre équipages sur cinq de terminer la course. Seul Axel Alletru a dû quitter l'épreuve après quelques jours. "C'est la seule déception de la quinzaine, reconnaît le garagiste kainois. Vu son handicap, le Français a un système particulier dans sa voiture. Un genre de cruise control qui lui permet de respecter la vitesse maximale dans certaines parties du parcours. C'est malheureusement le seul aspect que l'on ne contrôle pas. C'est pris en charge par une société externe. Ce système a connu des soucis et cela a entraîné des problèmes dans le moteur. Axel aurait pu finir la course mais pas jouer pour les premières places. Cela ne l'intéressait pas".
Un Top 20 pour sa première participation
Le Dakar s'est beaucoup mieux passé pour les quatre autres pilotes chouchoutés par Pascal Mercier. "Trois connaissaient leur première expérience. L'un termine même dans le Top 20 alors qu'il n'a que 22 ans. C'est prometteur. Pour nous, c'est gratifiant! On est très heureux de les avoir amenés sur le podium final où chaque arrivant reçoit une médaille. C'est toujours un moment très émouvant".
Une telle réussite ne tombe pas du ciel. Dans les sports moteurs depuis de nombreuses années, notre régional a acquis une expérience sans égal. "On se base dessus pour faire au mieux. Il y a déjà un gros travail en amont. On prévoit le maximum afin de savoir faire face en cas de pépins. Il faut, par exemple, avoir les pièces nécessaires sur place afin de pouvoir les changer si besoin. Cela devient alors une routine une fois sur place. On peut dire au final que tout s'est déroulé comme prévu. De toute façon, il y a une solution à chaque problème.
Cette année, on avait également mis l'accent sur le confort de nos pilotes. On avait investi dans un camion avec un côté mobile-home avec de vrais lits, du chauffage… Cela a permis à chacun de bien récupérer. Car dormir une nuit ou deux dehors avec des températures très basses, cela passe une fois ou deux. Mais sur le long terme, c'est tuant. Le repos est un aspect primordial de la course. On l'a appris lors de nos deux dernières participations".
De retour en 2023?
Grâce à ses succès sur les trois dernières années, celui qui a obtenu le surnom de "Sorcier" jouit d'une notoriété grandissante sur le bivouac. Mais il tient à en faire profiter l'ensemble de ses équipes. "Il n'est pas rare que des équipes viennent chercher une pièce chez nous car elles savent qu'on prévoit tout en suffisance. On est de bons conseils. C'est vrai que je commence à être assez connu. Mais je ne serai rien sans mon équipe. Moi, je suis juste le chef d'orchestre. Mais sans de bons musiciens, je ne créerai aucun tube. On avait même agrandi l'équipe cette année avec l'arrivée de Xavier Dupont pour l'administratif. Cela permet à chacun de se concentrer sur sa tâche".
En 2023, le Kainois pourrait bien reprendre la route de l'Arabie Saoudite. Mais il ne ferme pas la porte à d'autres courses. "Car il y a de belles choses qui se font ailleurs aussi. Tout dépendra des demandes".
En attendant le travail est loin d'être fini même si les moteurs ont été coupés. "D'ici un mois, on va récupérer les véhicules. Il faudra réaliser les entretiens, les petites réparations… Il y a encore des choses administratives à régler… Quand on aura fait tout cela, ce sera déjà presque le moment de se concentrer sur l'édition 2023", sourit notre interlocuteur.

Fan de sports moteurs, Xavier Dupont a rejoint l'équipe de Pascal Mercier. Il a donc participé à son premier Dakar. Et on peut dire qu'il n'a pas été déçu de l'expérience. " Cela a correspondu à mes attentes. Pour un fan d'automobilisme, c'est énorme d'y être. C'est le Graal. Tout est gigantesque. Le bivouac, c'est près de 3 500 personnes. Mais tout est parfaitement organisé par FIA. Par exemple, on avait toujours la même place pour placer notre matériel. On pouvait faire 800 kilomètres de liaison. Quand on arrivait le soir, on était à côté de la même tente, face aux mêmes douches… Ce qui est impressionnant aussi, c'est le réfectoire. Peu importe l'heure, il y a toujours à manger pour tous les participants. Cela demande aussi une fameuse organisation".
Un soir, le Tournaisien a eu l'occasion de grimper pour voir le "village" d'en haut. "C'est là qu'on se rend vraiment compte de la beauté du truc! Car une fois dans l'événement, on ne le remarque pas spécialement. On est focus sur le boulot à effectuer pour le bien de l'équipe. On n'a pas spécialement le temps de regarder la course car il faut effectuer les liaisons entre les différents points de départ… Il faut aussi régler tout l'administratif: les demandes, les amendes… Mais les jours où on ne roulait pas, on avait quand même la possibilité de regarder des images sur un écran géant placé dans le bivouac".
Pris dans la folie de l'événement, Xavier n'a pas spécialement ressenti la fatigue. Mais elle est pourtant bien présente. "Je dirai même qu'elle est profonde. Elle ne se réglera pas en une bonne nuit de sommeil, sourit notre interlocuteur. Il faut dire qu'avec le Covid, cela a été une édition assez stressante. On est très heureux d'être tous revenu avec un test négatif. Depuis le départ, on était très vigilant pour ne pas l'attraper. On a vu d'autres équipages contraints à l'abandon à cause de cela. Dans l'avion nous amenant ici, on a à peine parlé avec notre voisin. Sur place, on devait aussi limiter nos déplacements vers l'extérieur. Il y a aussi eu les attentats durant la course (NDLR: l'explosion d'une voiture). Cela a ajouté du stress. Mais au final, je suis très heureux de ma participation. C'est un rêve qui s'est réalisé".
Dès lors, le représentant de la cité des Cinq Clochers est-il partant pour une deuxième participation en 2023? "Pourquoi pas? Tout dépendra des demandes. Et comme l'a dit Pascal, il y a aussi d'autres rallyes-raids qui doivent être très agréables à découvrir".