Lukaku, friand d’analyses vidéo
Quentin Govaert (Anderlecht) était analyste vidéo lors de la campagne russe avec les Diables Rouges
Publié le 09-10-2021 à 06h00
Professeur de gym, le Bruxellois Quentin Govaert a plusieurs casquettes, dont celle d’analyste vidéo. Diplômé UEFA A, il est formateur pour l’ACFF, dans le cadre de l’«Education School» de la Fédération, où il dispense ses connaissances aux futurs entraîneurs UEFA A. Comme joueur, il a évolué jusqu’en équipe réserve du RWDM.
Actuellement, il est également responsable de toute l’analyse vidéo du Sporting d’Anderlecht, chez les jeunes, des U8 à l’équipe réserve.
Quentin, parlez-nous de votre travail à Anderlecht.
Depuis 2014, je suis analyste vidéo, pour encadrer les joueurs, au même titre que le préparateur des gardiens, préparateur physique, le T2 ou le T3. Les joueurs sont filmés sous «wide angle» (NDLT: grand-angle) pour avoir la vision générale tactique. Un classique par exemple, quand le ballon se trouve sur le flanc gauche, comment se comporte l’arrière droit. Il faut considérer les positions, les espaces qui se créent.
Est-ce que ce travail d’analyse oriente vraiment le résultat du match?
Il faut savoir manier l’outil informatique. Mais on peut connaître tous les logiciels que l’on veut, si l’on n’a pas l’esprit football derrière, cela devient très difficile. Tu peux découper les séquences de jeu, mais si tu n’es pas connaisseur du football, tu ne sais pas exploiter les données. L’astuce est d’exploiter les détails observés pour les rendre pratiquement en temps réel, lors des matches. J’étais analyste vidéo chez les espoirs de l’équipe nationale et, en 2018, avec les A en Russie car l’analyste vidéo en place à l’époque ne pouvait y aller. Roberto Martinez est le véritable précurseur en Belgique.
Un exemple de logiciel?
Ce sont des programmes de visualisation et de montage vidéo mais on ne montre jamais plus de 15 ou 20 minutes car certains joueurs s’endorment vite (rires). Romelu Lukaku, par exemple, est demandeur d’analyses. Avant l’échauffement déjà, il demande les séquences individuelles des adversaires. Il va s’informer sur le gabarit des défenseurs centraux, leurs caractéristiques. Si Romelu sait que le défenseur se retourne difficilement d’un côté, il va exploiter la faille. Après ce n’est pas forcément pour cela qu’il va passer!
On sent plus réceptifs les joueurs qui ont joué en Angleterre?
Pas spécialement l’Angleterre, mais dans les grands clubs, oui. J’ai eu la chance de visiter le centre de l’Inter de Milan, où il y a une salle qui fait le quart d’un terrain de foot, remplie d’ordinateurs, avec huit analystes full-time! C’est une philosophie du jeu qui doit s’accompagner de moyens financiers conséquents. Prenons Louvain par exemple, club satellite de Leicester. Ils bénéficient des programmes au top. Plus on a des infos, plus on sera préparé. On connaît tous les scénarios possibles. On va même jusqu’à analyser le profil psychologique de l’entraîneur adverse. Contre le Brésil, en quart de finale, nous savions que l’arrière Marcello revenait de blessure. Face à un Lukaku à droite, cela a fonctionné. Il n’y a pas que cela mais, à ce niveau-là, c’est un détail qui peut faire la différence.
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