Yahya et Sofiane Boumediene, frères de sang et de foot

On a profité du passage en Belgique de Yahya pour discuter foot avec le frère. Succulent.

Anthony Rizzi
Yahya et Sofiane Boumediene, frères de sang et de foot
Le foot coule dans les veines des deux frangins. Et s’ils n’ont pas eu le même parcours, sûr que Khalid et leur père, récemment disparus, sont fiers. ©Heymans

Dans la vie, ils ont le même sourire, la même convivialité et la même gentilesse naturelle. Sur le terrain, ils sont tous les deux des ailiers droitiers rapides capables de briser les reins de n'importe quel adversaire. Pour le même prix, on les prendrait pour des parfaits jumeaux. Yahya et Sofiane Boumediene ne sont pas frères pour rien. «Des fois, j'avoue que moi-même, je m'y perds, rigole Marion Bartoli, l'ex-star du tennis mondial mariée à Yahya. Même notre fille est déboussolée quand, au téléphone, Sofiane se fait passer pour Yahya. Il n'y a que quand ils jouent au foot l'un contre l'autre à l'agora qu'ils sont rivaux. Là, c'est pas de cadeau (rires).»

Vendredi passé, fin de journée, dans un restaurant de Seraing. Moment un peu exceptionnel: on a réuni les deux frères pour tailler la bavette. Et parler foot, famille et ambitions de chacun. De la vie aussi. En compagnie, fait encore plus rare, de Marion Bartoli, excusez du peu. Pas facile de réunir tout ce beau monde car si Sofiane évoluera la saison prochaine à Fize et reste bel et bien ancré dans notre province, Yahya, lui, est installé à Dubaï avec sa famille après avoir fait le tour du monde. Mais les deux gamins de Sclessin n'ont rien oublié de l'agora, de leurs origines et de leur filiation. «C'est Yahya qui m'a donné envie de jouer au foot, se souvient Sofiane. J'allais le voir jouer avec les potes. Et il était mon modèle, l'exemple à suivre, mon Ronaldo quoi (rires). Mais vu la différence d'âge (NDLR: 4 ans les séparent, 31 ans pour Yahya, 27 pour Sofiane), on ne jouait pas dans la même équipe. Ce n'est que plus grand qu'on a pu partager ça. La vérité? C'est que je suis le plus fort des deux (rires). Mais dans le journal, écrivez que c'est lui. C'est mieux pour sa carrière (rires).»

La taquinerie est monnaie courante entre les deux hommes. Et si l'un n'a fait qu'effleurer le foot semi-professionnel alors que l'autre a tutoyé le sommet, il n'y a aucune rivalité ni jalousie entre l'un et l'autre. «C'est vrai qu'on n'a pas eu le même parcours, confesse Yahya, parti de Hamoir il y a près d'une décennie pour gravir les échelons les uns après les autres. Mais j'ai un profond respect pour ce que mon frère a fait depuis ses débuts. Il a mené sa barque et a bien géré ça, je trouve. Après, entre celui qui réussit bien et celui qui réussit un peu moins bien, il y a parfois des détails. Ce qui a fait la différence entre lui et moi, c'est surtout que moi, je voulais vraiment percer. Vous allez me prendre pour un fou, mais à 20 ans, à Hamoir en D3, je me voyais vraiment réussir en D1. Et j'y suis arrivé. Encore plus vite que ce que je pensais. Mon frère avait peut-être moins cette ambition. »

Et si les deux hommes se ressemblent fort, sur un terrain de foot, les nuances existent quand même. «Je pense que la synthèse des deux ferait un beau petit joueur, sourit Sofiane. On est certes tous les deux ailiers, mais on a quand même des caractéristiques différentes. Moi, je suis un joueur plus défensif qu'offensif. Je pense avant tout à défendre, comme on me l'a appris chez les Flamands (NDLR: il a notamment joué à Spouwen). Par contre, Yahya, lui, est plus dans la provocation, aller chercher des fautes et des penaltys. Si je pouvais lui piquer une qualité, ce serait sa capacité à centrer. Mais bon, quand on joue au soccer ensemble, il met 40 buts, mais on en prend au moins 20 de sa faute (rires).»

Le tacle a la carotide fait sourire l'aîné. «Une synthèse de nous deux donnerait un bon petit joueur du PSG, je crois, taquine Yahya devant son épouse, hilare car ambassadrice officielle de l'OM. Plus sérieusement, moi, j'aimerais avoir sa ponctualité. Je n'y arrive pas, désolé. Lors de notre premier rancard avec Marion, d'ailleurs, je suis arrivé avec 1h30 de retard. Là, j'avoue, j'avais abusé (rires). On a pourtant tous les deux joué chez les Flamands avec cette rigueur qu'on leur connaît. Mais, chez moi, niveau ponctualité, ça n'est pas vraiment resté (rires).»

Des anecdotes, on s'en doute, les deux frères en ont des tonnes sur la carrière de l'un et de l'autre, construites en parallèle. «Moi, j'ai halluciné quand je suis allé le voir à Maameschelen pour le match de la montée en D2 avec tout le quartier, se souvient Sofiane. Il y avait une ambiance de dingue et un Yahya, meilleur passeur de la série, au sommet de son art. Il a vécu des choses folles mais je ne la jalouse pas. Je suis juste très fier et je tente, à mon niveau, de porter le plus haut possible le nom de famille de notre père. Avec une pression juste positive…» «C'est un souvenir magique pour toute la famille, ça, enchaîne Yahya. J'avais donné 5 tickets à notre clan, ils étaient arrivés à 20 mais avaient su tous rentrer. Comment? Je ne l'ai jamais su (rires).»

De là où ils sont, sûr que papa Boumediene et Khalid, leur frère, décédés il y a peu, peuvent être fiers: les Boumediene n’ont pas fini de faire parler d’eux…

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