Luc Ernes, c’est 20 saisons de coaching et de succès
Vingt ans de coaching, ça se fête. De La Villersoise à Faimes, on est revenu sur la belle carrière de «Pigeon». Succulent.
Publié le 29-01-2021 à 06h00
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«Dju, vous ne feriez pas un bon pigeon pour un de mes concours, vous, à passer et repasser comme ça devant ma maison en cherchant le bon numéro… » Quand on rend visite à Luc Ernes, la bonne humeur est toujours au rendez-vous. Large sourire, anecdotes savoureuses, francs éclats de rire. Vingt ans après, cela reste toujours un énorme bonheur de tailler une bavette avec celui qui est un vrai personnage atypique de notre foot. Un vrai bon gars terriblement attachant aussi, qu'on peine d'ailleurs à quitter près de 3 heures après notre arrivée dans la maison familiale de Villers-l'Evêque.
On connaît évidemment l'homme. Mais c'est oublier qu'il est aussi un coach terriblement compétitif, dans son style évidemment. Cette saison 2020-2021, qui laissera un goût amer à tout le monde, marque d'ailleurs un passage dans sa carrière puisqu'il vient de fêter 20 ans de coaching tout pile. «J'ai bien failli arrêter ces dernières semaines, sourit le T1 faimois, à demi convaincu, à demi convaincant. Et je ne blague pas. Je me suis dit qu'à bientôt 56 ans, il était peut-être temps. Mais Faimes m'a convaincu. Puis, le foot, c'est toute ma vie. Que ferais-je sans ça, sans le coaching? » Retour ainsi sur les grands moments de la carrière d'un «Pigeon» pas si voyageur que ça.
La Villersoise
À 37 ans, Luc Ernes doit se résoudre à arrêter après une dernière pige à Amay et des soucis à la thyroïde. «Ici, dans le village où il y avait encore un club, La Villersoise, je tombe alors sur un membre du comité qui me propose de coacher la première, se souvient l'homme aux 420 matchs en D1. Je pensais que ce n'était vraiment pas fait pour moi à la base. Le club descendait en P2 et devait tout reprendre. Ce fut d'ailleurs sa dernière saison avant de disparaître. J'ai voulu rendre mon tablier après avoir commencé avec… 10 défaites de rang. Mais j'ai eu une bonne discussion avec le groupe. Et on a presque… tout gagné par la suite. Avec un épisode marrant: le débarquement d'un fermier qui voulait récupérer le terrain de foot, son terrain, pendant un match. Une autre époque… (rires) »
Oreye
L'arrêt de La Villersoise aurait pu rimer avec l'arrêt de la carrière comme coach d'Ernes. «Mais à ma grande surprise, je reçois alors un appel de Joseph Tibo, un des membres du comité d'Oreye, rembobine Luc qui coachera les Sucriers six belles saisons. Je m'en souviens fort bien car j'étais aux toilettes (rires). Le projet était beau et ambitieux. » Les moyens du regretté président Guy Brone sont pharaoniques. Oreye met sur pied une vraie armada et quitte vite la P2. «Guy, qui parlait une langue bien à lui, mélange de français et de flamand, adorait les avants, sourit Luc. On a donc vu défier les Mardaga, Hella, Pieroni, Derwael, etc. Et quand il voulait un joueur, il savait être convaincant. Ainsi, lors d'un Warnant-Oreye, il m'a dit: "Lui, pour Mardaga, je le veux. Va lui dire." J'ai alors attendu que Mardaga rentre aux toilettes pour y aller en même temps que lui, l'enfermer et négocier. En 4 minutes, il a dit oui pour la moitié de la somme que le président m'avait donnée et que j'avais en poche (rires). Le reste de l'argent? Je l'ai rendu à Guy alors que j'aurais pu ne rien dire et le garder. Mais je suis comme ça: je suis bien élevé et j'ai des valeurs.»
Une montée en P1, une Coupe de Province plus tard gagnée face à Elsaute aux penaltys, «elle était le rêve du président» et un accès presque assuré à la feue promotion, « on était super bien au tour final, mais Zarnowski s'était déchiré les ligaments et cela nous a coûté la montée », le grand Luc quitte Oreye qu'il a bien fait grandir.
Beaufays
Le Villersois reprend les mêmes recettes à Beaufays où il séjournera 9 saisons, menant, là aussi, le club de P2 à la P1, concourant à en faire un cercle respecté et respectable de l'élite provinciale . « Je sais ce qu'on dit de moi, sourit «Pigeon». On dit que je ne suis pas un grand tacticien et que ma force, c'est dans la gestion des hommes. Et… c'est vrai. Je ne dis pas que je n'aime pas la tactique. Il en faut, hein. Mais je suis bien meilleur pour tirer le maximum de mes gars sur le plan mental et les motiver comme personne. Quand je vois le foot d'aujourd'hui, où tout est calculé, j'avoue que ça m'ennuie un peu. Moi, j'aime la passion dans les duels. C'est ça, le foot, pour moi. Je suis un entraîneur à l'ancienne, je l'avoue. » Mais sa recette fait toujours merveille, où qu'il aille.
Faimes
Histoire, justement, de ne pas faire la saison de trop, l'ex-chouchou du RFC Liège quitte ainsi Beaufays. «Et alors que je bois un verre tranquillement au Vieux Haneffe, je tombe sur des supporters de Liège qui tiennent aussi pour Faimes. Ils me parlent du club et me disent qu'ils vont souffler ma candidature au comité. Je reçois alors très vite un appel du président Rombouts. Mais je lui dis directement: "Moi, président, je vous préviens, je ne bois pas beaucoup de café." (rires)»
L'ex-quart de finaliste de la Coupe de l'UEFA avec Liège effectue alors son retour en Hesbaye pour un mandat de quatre ans, toujours en cours. « J'étais venu à la base pour sortir le club de P3, sourit-il. On l'a fait mais la P1, c'était une belle surprise qu'on doit au Covid mais surtout à un travail dingue réalisé au club. La D3 ACFF? Je ne pense pas qu'on soit prêt. Puis, quoi? On est bien en provinciales, non? » Sans doute. Ah, on allait oublier, à propos, bon anniversaire coach!