INTERVIEW | Daniel Boccar revient sur l’été chahuté de l’ACFF: «On n’a jamais eu peur»

Daniel Boccar, les affaires Namur et La Louvière semblent désormais derrière pour l’ACFF. Soulagé?

Nous n’avons jamais vraiment stressé. Beaucoup pensent que les assemblées de l’ACFF sont celles de pharaons qui décident dans leur tour d’ivoire, mais je rappelle à tous que ce sont les clubs qui les représentent et y siègent. Et quand des clubs attaquent l’ACFF, c’est avant tout d’autres clubs qu’ils attaquent. Depuis le 12 mars, on a agi avec démocratie. Et les clubs nous l’ont bien rendu puisque plus de 500 d’entre eux étaient derrière nous. Les règlements que l’ACFF applique, il ne faut jamais oublier que ce sont des règles que les clubs eux-mêmes ont pondues. Alors, oui, il y a des mécontents. Mais combien sont-ils? Puis, ce sont toujours les mêmes C.Q. qui râlent. À ceux-là, et pas aux autres, j’ai envie de dire une chose: arrêtez de mettre en avant votre bénévolat et quittez ce foot amateur auquel vous faites si mal…

L’ACFF n’a donc jamais tremblé?

Mais non, du tout. Et regardez le résultat: on a gagné dans toutes les affaires où on était attaqué. Namur, La Louvière, Kosova, Wavre, que ce soit en 1re, 2e ou 3e instance. Mais avec nous, c’est cette grande majorité silencieuse de clubs qui l’a emporté. Et pas ceux, les mêmes là aussi, qui hurlent leur colère sur les réseaux sociaux… Mais on ne va pas se laisser faire…

Ah bon, c’est-à-dire? Des sanctions sont-elles à prévoir?

Philippe Godin, un de nos vice-présidents, l’a précisé publiquement dernièrement: oui, on compte prendre des sanctions à l’égard de ces clubs qui tentent de nous déstabiliser quoi qu’on fasse et nous discréditent sur les réseaux. Ne cherchez pas longtemps: il n’y en a essentiellement qu’un, Namur. Qu’on se comprenne bien: on ne conteste pas le fait que les clubs ne soient pas d’accord avec nos décisions. C’est normal, c’est la démocratie comme l’ont fait ces gentlemen de La Louvière. Mais on pourrait, par exemple, imposer la radiation à ces clubs nauséabonds. Oui, comme jadis on le faisait quand on estait en justice. Il faut que certains chiens avec des chapeaux arrêtent de croire qu’on peut tout régler avec du fric (sic). On ne peut pas prendre tout le football en otage ainsi. Le foot, c’est aussi un vecteur social. Et, ça, c’est important.

Et le dossier Virton, qui a étrangement rebondi mecredi, il vous fait encore peur?

Je ne sais pas et sincèrement, je m’en fiche. Il relève davantage du foot professionnel qu’autre chose. Nous, on a paré à la chose en dessinant les séries avec Virton compris. On a aussi été très humain, je trouve, en permettant à des clubs de se sauver, comme Solières par exemple alors qu’on aurait pu opter pour des descendants supplémentaires. Pour le reste, si jamais Virton doit retourner en D1B, il n’est pas impossible qu’on demande aux clubs s’ils veulent qu’on adapte le calendrier. Mais on exigera l’accord de tous pour cela.

Beaucoup de clubs pestent car leurs matchs sont reportés à cause du Covid. Mais quand on regarde les chiffres, on se dit finalement que ça va encore, non?

Évidemment! Le week-end passé, seuls 4% des matchs chez les amateurs francophones étaient remis à cause du Covid-19. Vous trouvez que c’est beaucoup? Pas moi, désolé. Et quand je vois comment les clubs s’y prennent, je suis content. Il y a une vraie solidarité. Certains demandent même à leur voisin de leur prêter les installations munies d’éclairage. On a aussi fait preuve de sagesse en l’espèce. Et jusqu’ici, il y a une vraie belle dynamique.

Pourquoi l’ACFF n’a-t-elle pas suivi son homologue flamande quant au nombre de cas de Covid nécessaires pour reporter un match, à savoir 1 chez nous, 5 chez les Flamands?

Là aussi, on raconte n'importe quoi. Il est vrai qu'au début, on pensait agir autrement. Didier Petitjean, le sécrétaire du CP Liège, avait d'ailleurs évoqué la possibilité d'écarter simplement les joueurs testés positifs. Mais par la suite, on a dû se rebiffer et suivre ce que la Ministre de la Fédération Wallonie-Bruxelles nous imposait. Avec un protocole strict comme le hockey le fait aussi. Si la fédé nous dit que c'est un cas, c'est comme ça. C'était la norme pour éviter que le virus ne circule trop. Et je suis totalement d'accord avec celle-ci. L'ACFF n'en peut rien si les Flamands n'ont pas le même ministre. Le changement opéré par le CNS mercredi avec une mise en quarantaine de 7 jours devrait permettre de reporter un match et non plus deux.

Que dites-vous à ceux qui assurent qu’à cette allure-là, on file vers une saison blanche?

Permettez-moi d’être optimiste. La situation qu’on vit me fait un peu penser à celle de l’Espagne il y a quelques semaines. Il y a eu une recrudescence de cas aussi, mais ça s’est calmé. Ici, on va vers quelque chose de comparable vers la Toussaint. Si, d’ici là, on n’est pas au-dessus de 10% de matchs remis, alors, on est bien. Mais si c’est le cas, c’est que la situation sanitaire n’est pas bonne chez nous. Et dans ce cas-là, le foot passera, je crois, au second plan.

Que faire si, en Coupe de Belgique, dans les prochaines semaines, un cas de Covid est confirmé dans le chef d’une équipe amateurs qui doit affronter une équipe professionnelle alors qu’on est déjà au 5e tour avec de vrais enjeux financiers?

On est proche d’une solution. On ne partira plus sur des forfaits. On se débrouillera pour caser le match. Ce serait la règle qui prévaut chez les professionnels qui serait d’application, à savoir les 7 cas de Covid, avant de remettre le match. Les amateurs devront se faire tester avant de jouer contre les pros mais les tests seront pris en charge par les professionnels.