Zénon Mélon, l’agent de Castagne, un Momallois fier de l’être
Agent du Diable rouge Timothy Castagne, Zénon Mélon revient sur son incroyable parcours. Entre Madrid, Bergame et… Momalle.
- Publié le 14-06-2019 à 06h00
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Momalle et ses écuries. Le lieu est connu dans toute la Hesbaye. Avec ses 40 chevaux, l’établissement est un des plus réputés du coin dans le domaine équestre fort des 110 hectares que compte la propriété familiale. Ne vous étonnez cependant pas si, dans les prochains jours, vous croisez Timothy Castagne, le Diable rouge, dans les rues de Momalle. Quand il est en Belgique, l’arrière droit de l’Atalanta de Bergame, qui a fêté son premier but en équipe nationale face au Kazakhstan samedi dernier, vit en effet ici, avec Camille, sa compagne, mais aussi son beau-père, Zénon Mélon. Zénon qui est aussi son agent.
Une star du ballon rond en Hesbaye, non, vous ne rêvez pas. « Oh, mais vous savez, on est des gens simples, rigole Zénon. On vit normalement. Puis, il n'y a pas que le foot dans la vie. » Et il en sait quelque chose, effectivement, Zénon. Il a beau être le manager d'un des joueurs qui monte dans le foot mondial, il sait d'où il vient. Son parcours relève d'ailleurs du conte de fées. «C'est vrai qu'il y a 15 ans, je n'étais nulle part, sourit-il. J'avais 40 ans et j'avais à peu de choses près coupé tout contact avec le foot après avoir arrêté ma carrière, modeste, dès mes 19 ans… Mon boulot, c'était l'exploitation de la ferme familiale. Je suis très attaché à mes terres, comme tout fermier qui se respecte en fait. On cultive toujours des betteraves et de la chicorée ici et on en vivait sans souci… Je bosse d'ailleurs encore à la ferme une bonne partie de la semaine. J'enfile le vêtement d'agriculteur et je file au champ, comme n'importe quel fermier. »
Mais il y a une bonne dizaine d'années, le hasard s'en mêle alors que Zénon, Camille et Arthur, ses enfants, se rendent au Standard comme n'importe quels supporters ou presque. «J'étais invité dans les business seat et mes deux enfants voulaient une vareuse de joueurs, se souvient Zénon. Mon fils prit celle de Sérgio Conceição, ma fille voulait celle de Runje, mais il n'y en avait plus. Elle prit alors, un peu au hasard, celle de Mathieu Assou-Ekotto qui venait d'arriver. Quand on le croisa quelques minutes plus tard, on lui demanda de signer la vareuse de la petite, et le gaillard, très sympa, s'exécuta.» Deux mois plus tard, la chance repassa les plats. «Cette fois-là, j'étais avec mes enfants au fameux business meeting du Standard et Mathieu était là aussi, poursuit Zénon. Il reconnut la petite et s'exclama que cette vareuse, c'était la première qu'il avait signée en Belgique à son arrivée. On a alors sympathisé et je lui ai proposé de venir à l'anniversaire de ma fille qui avait lieu quelques mois plus tard… Il a pris mon numéro et… » Et le jour J, le 26 août précisément, l'ancien médian du Standard tient sa promesse en souhaitant l'anniversaire à sa petite fan. «Il a souhaité l'anniversaire à ma fille et je lui ai proposé de passer ici pour boire un verre avec sa famille, se souvient Zénon. Il est venu et on est alors devenu amis..»
Le processus était lancé. Car quand Assou-Ekotto a cherché un club, Zénon Mélon en a naturellement soufflé un mot à son pote Éric Depireux, l'agent bien connu. «En guise de boutade, Éric m'a alors dit: 'Dis, si tu en as d'autres, des comme ça, n'hésite pas à m'en faire part…' Je l'ai pris au mot, sans penser à faire une carrière à ce moment. Je faisais ça un peu comme ça. Puis, je me suis pris au jeu et désormais, je peux le dire car je n'ai rien à cacher, j'en vis sans souci. »
Commencés sous le joug d'un des managers les plus influents du milieu, les débuts de Zénon semblent loin aujourd'hui. Depuis les transactions se sont mutipliées avec le passage, par exemple, de Mbaye Leye de Gand au Standard, ou encore de Luigi Pieroni de Valenciennes à Gand et bien d'autres. «Aujourd'hui, je vole de mes propres ailes et je me suis construit progressivement un réseau, explique Zénon dont le smartphone n'arrête pas de sonner. En Belgique bien sûr mais quand tu es le manager d'un Diable rouge, tu dois surtout penser à l'étranger. Je n'hésite pas à prendre mon sac, un avion et aller sonner aux portes des clubs. Et si tu viens avec un bon joueur, on te dit rarement non. Je suis par exemple fort bien introduit dans un des clubs qui a joué la dernière finale de la Ligue des champions à Madrid. Je viens aussi de signer un partenariat avec l'agent d'Alderweireld, Mertens et Vanheusden. Mais me faire de l'argent à tout prix n'a jamais été mon leitmotiv. Sinon, Timothy Castagne ne serait déjà plus à l'Atalanta alors que Naples en avait fait une priorité. Une seule chose compte à mes yeux: l'intérêt du joueur que je représente. Point final…»