Une adolescence au gré du vent
Récent champion du monde de planche à voile, Cyril Evrard (14 ans) ne peut pas se passer du vent pour assouvir ses envies de vitesse et d’adrénaline.
- Publié le 10-07-2018 à 08h57
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Le détail est amusant bien que temporaire. Sur la devanture de la maison familiale, à Cognelée, un drapeau belge flotte au vent. En cet été de Coupe du monde de football, ce n'est bien sûr pas son utilité première. Il n'empêche, il indique la direction du vent, un élément naturel devenu un repère quotidien indispensable pour Cyril Evrard. «En me levant le matin, la première chose que je fais, c'est regarder les prévisions pour savoir s'il est possible de sortir m'entraîner», surprend l'Éghezéen.
À 14 ans, il a décroché il y a quelques jours le titre de champion du monde de vitesse de windsurf (planche à voile), à Fuerteventura (îles Canaries), dans la catégorie des moins de 16 ans. Une sacrée performance pour une première même si ce championnat, qui ne nécessite ni qualification ni minima, n’a rassemblé qu’une dizaine de participants en U16. Sur le podium espagnol, il a devancé le fils de Björn Dunkerbeck, véliplanchiste de légende aux 42 titres mondiaux.
Préférence pour le sprint
La passion pour le windsurf, Cyril l'a héritée de son papa, Fabian. «Il m'a mis sur une planche vers l'âge de 5 ans et j'ai tout de suite accroché», se souvient-il, assis à la table de la salle à manger, hier midi, les yeux encore un peu alourdis par la compétition et le voyage.
Depuis lors, dès que le vent le permet – «il faut généralement 6-7 nœuds minimum, soit 10-15 km/h» - il enchaîne les entraînements aux Lacs de l'Eau d'Heure, à une heure du domicile familial; ou à la côte, en Zélande. « Le windsurf comporte plusieurs disciplines, détaille Cyril. Mes préférées, ce sont le sprint (le but, sur 1h de course et dans une zone de 350 m, est de garder une vitesse moyenne maximale calculée sur 250 m, par GPS) et le slalom. Pour l'instant, le freestyle et la vague (les deux autres variantes), c'est moins mon truc.»
Ce qu'il apprécie également, outre la compétition et la convivialité – «c'est rare de côtoyer et de se faire conseiller par ses idoles» – c'est l'aspect intellectuel de son sport. «Il faut choisir les bonnes planches, les bons réglages, anticiper les rafales, opter pour les bonnes trajectoires. C'est une combinaison de facteurs.»
L’espoir sportif quitte Champion
Reconnu espoir sportif par la Fédération francophone de yachting belge (FFYB), Cyril Evrard rêve de vivre dans le milieu de la planche à voile, peut-être en œuvrant dans une école de surf, ici ou à l’étranger, en plus de s’aligner sur les compétitions majeures.
«C'est encore loin, tempère l'étudiant qui aspire au sport-étude à Calais. En septembre, je rentrerai en quatrième secondaire, je vais quitter l'Institut de Champion pour Sainte-Marie Jambes dont la filière sportive permettra plus de souplesse dans la gestion de mes horaires entre l'école et les entraînements.»
Des aménagements qui offriront encore des frissons à ce jeune homme déjà grand par la taille et le talent. «L'adrénaline est mon moteur.»
"On lui dit de foncer"
Pas avares en sacrifices pour leurs fils (Loïc, l’aîné, fait de la plongée), les parents de Cyril se réjouissent de leur épanouissement. « On dit à Cyril de foncer, de profiter. C’est ce qu’il aime faire », raconte Rita, sa maman. Fabian, son papa, sait qu’en moyenne, par an, 35 000 kilomètres de la camionnette sont dédiés à la planche à voile. Mais cela n’a pas de prix de partager cette passion. « On en fait encore parfois ensemble. Enfin, on démarre ensemble mais il me sème rapidement (sourire). »
De quoi couler les finances
Une planche en carbone à 2 700 €, une voile à 300 €, un mât à 600 €, sans compter wishbone, les ailerons (environ 200 €)… Les chiffres ont de quoi couler les finances familiales. La discipline est onéreuse mais Cyril peut compter sur le soutien de plusieurs sponsors de marque et l'aide de Benoit Rovoletto, son coach, grâce au magasin Espace Fun surfshop by wind'n'surf.
« Il y a quelques prize money pour les vainqueurs mais il faut être au top niveau et se diversifier (école de surf…) pour pouvoir en vivre. »
Sur l'eau même en hiver
Le soleil, le sable, la plage, la mer… Tout ça, c’est bien beau et bien agréable en été. Mais en hiver aussi, Cyril passe des heures à s’entraîner, notamment aux Lacs de l’Eau d’Heure. « Il m’arrive d’être sur l’eau quand il fait 3° ou qu’il neige, confie l’Éghezéen. Je m’entraîne aussi à la maison avec du gainage, de la musculation, de vélo… Parfois du squash pour le cardio ou du skateboard. »
Parfois coupé, rarement blessé
La première compétition nationale de Cyril restera forcément gravée… mais pas pour les raisons qu’on imagine. « Lors de mon premier championnat de Belgique, en mai 2017, je me suis blessé sérieusement en tombant sur mon mât, se remémore le véliplanchiste, sourire aux lèvres. Malgré ça, j’ai tenu à terminer. Sinon, de manière générale, on ne se blesse pas souvent. Les bobos les plus récurrents, ce sont les coupures avec le matériel. »