Une légende de plus dans l’Ardenne: un trail de 250 km en autonomie

Ce week-end, loin des projecteurs, au fin fond de l’Ardenne belge, se tenait une course discrète pour coureurs initiés au départ de Mormont. Une longue expédition de 250 kilomètres sur les chemins de la région la plus sauvage de Belgique.

Renaud GODEFROID
Une légende de plus dans l’Ardenne: un trail de 250 km en autonomie
Yvo Steyaert, vainqueur du Legends Trail 2018. ©par Christophe Libin

L’Ardenne est une terre forestière envoûtante, regorgeant de mythes et légendes. Ses bois ont donné lieu à des récits de fées, de nutons ou de sorcières. Le week-end dernier, un groupe d’aventurier s’est lancé dans une expédition de 250 kilomètres en autonomie dans les profondeurs de ce territoire sauvage, sur les traces de tout ce qui fait le mythe de ce paysage particulier.

 Teun Geurts, instant de réconfort
Teun Geurts, instant de réconfort ©- par Christophe Libin

Des 76 volontaires présents au départ, 29 ont bravé le vent cinglant, la neige humide et la rudesse du parcours de 250 kilomètresjusqu'à l'arrivée. Ces 29 coureurs ont écrit de par leur exploit, loin des désirs de reconnaissance, une légende de plus dans la région sylvestre, celle du Legends Trail 2018.

Un accueil glacial

L’Ardenne, bien que magnifique, n’est pas l’endroit le plus hospitalier. Comme en témoigne cette vidéo du départ, les conditions de cette édition étaient hivernales. Les coureurs en plus d’affronter la distance, ont dû s’équiper en s’adaptant au terrain et à la température. La moindre erreur de jugement sur une telle distance (une veste trop perméable, un manque de calorie, un équipement inconvenant,…) devient une cause potentielle de gros problèmes. Mais les volontaires sont pour la plupart des vétérans, ces hommes d’expérience savent minimiser les risques car ils connaissent leur discipline.

Le parcours est jonché de quatre bases de vies (km 63,117,150 et 202) où les coureurs ont pu s’offrir un instant de grâce avec un repas chaud, et de quoi se reposer. Ils se sont orientés à la carte et la totalité du tracé doit être parcourue à une vitesse moyenne minimale de 4 km/h.

 Pierre Boucher au 170ème kilomètre
Pierre Boucher au 170ème kilomètre ©par André Lindekens

L'appel de cette aventure a franchi nos frontières, c'est ainsi que Pierre Boucher, jeune Français de Rhône-Alpes a signé pour l'exploit. «Habitué au terrain montagneux, je voulais sortir de ma zone de confort. Avec ces successions de collines dans les grandes forêts sur une si longue distance, j'ai été servi. Je suis habitué au froid, mais l'humidité m'a surpris.»

Ce que recherche aussi Pierre, ce sont ces courses marginales dans lesquelles émerge une atmosphère particulière. «On ne savait pas à quelle sauce on allait être mangé, mais les organisateurs ont su nous mettre en confiance, comme si on partait pour trente kilomètres. C'était assez intime comme ambiance, j'ai rarement vu des bénévoles aussi dévoués, aux petits soins. C'est unique à ce niveau-là.»

 Pierre à 50 minutes du départ
Pierre à 50 minutes du départ ©par André Lindekens

Ce qui l'attire est au-delà de la compétition. Si bien qu'il ne se prend pas trop la tête. «Je me suis préparé, mais avec le boulot je n'ai que peu couru depuis décembre, donc j'y suis allé aux sensations… J'ai pensé à l'abandon dès la première nuit qui s'est mal passée, mais j'ai réfléchi pour ne pas regretter ma décision, ce qui m'a amené à surmonter ce moment de doute. Ici, la compétition est gommée par la difficulté pour laisser place à l'entraide et à la solidarité. Pour l'anecdote, moment extraordinaire, on s'est retrouvé un moment à 23 h, à quatre coureurs en train de manger un énorme kebab dans une des villes du parcours pendant la course!»

Après 3 jours et demi de course, Pierre franchi la ligne avec trois compagnons sous les regards remplis d’estime de la petite troupe de coureurs et de bénévoles. Ils arrivent en dernier, ce qui n’entache en rien l’exploit accompli, la course dans ce cas ne se fait pas contre les autres. Il dit déjà être tenté par une autre folie en 2020 qui se profile, orchestrée par la même organisation, mais celle-ci de… 500 kilomètres .

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