Zone de secours de Wallonie picarde : le front commun syndical éclate
16 pompiers professionnels vont être recrutés. Suite à cette annonce par le conseil de zone, la CGSP a décidé de quitter le front commun.
- Publié le 09-09-2023 à 08h00
- Mis à jour le 09-09-2023 à 19h42
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Une casserole à pression prête à exploser à tout moment. C’est l’image que donne la zone de secours de Wallonie picarde depuis plus d’un an. En cause, pour faire en très résumé, des revendications sociales qui remontent parfois à plusieurs années, doublées de questions de personnes, le tout envenimé par des messages dénigrants sur les réseaux sociaux.
Le dernier épisode de ce mauvais feuilleton à la caserne s’est produit récemment et découle de la réunion du conseil de zone. Pascal Douliez, secrétaire régional de la CGSP Wapi nous le dévoile: "Nous avons décidé de quitter le front commun syndical. En son temps, un préavis de grève a été déposé qui reposait sur un certain nombre de revendications. Dès lors que l’essentiel de ces demandes, selon nous, a été rencontré, nous considérons qu’il est plus que temps d’atterrir et de sortir des clivages qui ne mènent nulle part".
Sortir du discours "Tous pourris"
Et notre interlocuteur de préciser les tenants et aboutissants de la décision prise par l’organisation syndicale socialiste : "Un comité de négociation a d’abord été mis en place. Puis un médiateur fédéral a été nommé et est toujours à disposition afin de maintenir le dialogue. N’oubliez pas non plus que le commandant de la zone a fait un pas de côté. Ensuite, un audit externe de fonctionnement (qui coûte cher, mais on l’a voulu) est en cours de réalisation. Et enfin, le dernier conseil de zone a décidé de constituer une réserve de recrutement de 16 pompiers professionnels. Tout ceci dans un contexte budgétaire des communes de plus en plus tendu. Croyez-moi, si l’on atteignait une telle promesse d’engagement à la Ville de Tournai, il y aurait de quoi tirer un feu d’artifice!
À un moment donné, il faut savoir oser dire ‘oui’. Cela relève aussi de notre responsabilité syndicale".
"Il n’y a pas que les pompiers professionnels"
Est-ce à dire que tout est réglé pour autant ?
"Certainement pas, il faut continuer à négocier, à avancer, mais dans un climat social différent, plus en rapport, selon moi, avec les attentes du personnel. J’en veux d’ailleurs pour preuve les nombreux messages d’encouragement reçus à la suite de notre décision de lever notre préavis". Et Pascal Douliez d’évoquer ce qui constitue selon son organisation, les points d’attente des prochaines semaines : "Il faut d’abord se rendre compte qu’il n’y a pas que les pompiers professionnels dans une zone de secours. Le personnel administratif, ouvrier, s’avère tout aussi important au bon fonctionnement du corps et donc nous devons aussi veiller à son bien-être au travail, comme pour l’ensemble des travailleurs. De même, il n’y a pas que Tournai, les autres postes méritent tout autant d’attention. Nous devons y veiller, mais en créant des ponts, pas en agressant les gens".
CSC : "Des avancées, mais insuffisantes"
«Pour notre part, nous restons au sein du front syndical car nous considérons qu’il y a certes eu des avancées mais qu’elles sont insuffisantes au regard de notre cahier de revendications». Julie Happaerts, permanente CSC, ne craint-elle pas, après plus d’un an de conflit, une situation d’enlisement? «Non, les négociations progressent. Nous avons connu une période très dure au départ mais depuis lors les choses se sont améliorées. Le recrutement de 16 pompiers est évidemment une excellente nouvelle mais depuis combien de temps n’y avait-il plus eu d’engagements? Des postes continuent à faire de la corde raide, dont celui de Tournai. Ce que nous attendons à ce niveau, c’est un véritable plan pluriannuel qui permettra de faire face à l’évolution de la pyramide des âges et pas des mesures prises en urgence une fois que les carences sont devenues intenables.
Notre préavis repose sur trois points essentiels: la prise de sanctions disciplinaires, la résorption du manque de personnel et l’amélioration du climat social. Ces demandes ne sont pas suffisamment rencontrées pour qu’aujourd’hui nous levions notre préavis de grève».
SLFP : "On n'a pas compris"
«On ne comprend pas cette décision de la CGSP et je n’ai pas de commentaire à faire à ce sujet ». Un ‘no comment’ de Thomas Courtens (SLFP), qui rejoint d’ailleurs celui de sa consœur de la CSC et qui, à leur manière, en disent long… Ceci étant, même s’il maintient le préavis au nom du syndicat d’obédience libérale, M Courtens met d’emblée l’accent sur un élément: «Cette promesse de recrutement de 16 pompiers professionnels est à saluer car elle représente un véritable effort de la part des communes, des bourgmestres avec lesquels nous avons d’ailleurs un véritable dialogue. Mais ces engagements ne permettront pas de répondre au manque de personnel de la zone. Hier, j’ai reçu 7 SMS des postes, me signalant ‘Manque de personnel’, aujourd’hui déjà 2: je n’invente rien. Au fil des années, deux évolutions se sont conjuguées: l’augmentation du nombre des interventions et la diminution du nombre de pompiers volontaires. Le manque de personnel reste criant, d’où les questions que cela pose pour la sécurité de la population et pour notre propre sécurité. Vous ne nous entendrez pas nous plaindre de nos salaires, mais en revanche nos conditions de travail ne sont pas acceptables».
Selon le permanent SLFP, les racines du mal sont profondes et remontent clairement à la création des zones de secours, «Cette réforme reste inachevée. Certes, des avancées ont été opérées, mais pas pour tout le monde. Et l’élément central qui fait défaut tient à l’autorité fédérale, qui ne respecte pas ses engagements».
Quid de l’évolution des choses au niveau de la Wapi? «Notre cahier de revendications reste identique. Un prochain rendez-vous de médiation sociale est programmé. Nous y assisterons évidemment, comme à toutes les autres réunions, mais donc à 3 au lieu d’être à 4... Des groupes de travail vont se poursuivre, une enquête psychosociale est également en cours et nous attendons les résultats de l’audit externe. Bref, nous saluons le geste qui est fait, mais nous maintenons notre préavis de grève et notre volonté de dialogue».