Tournai: une exploration inédite du futur parc urbain de la Plaine des Manœuvres
Une centaine de personnes ont eu l’opportunité d’arpenter le périmètre du parc urbain, qui s’étendra sur 6 ha. Une façon de rappeler aux citoyens qu’ils seront des acteurs clés de la construction de ce chouette projet.
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- Publié le 31-08-2023 à 09h59
- Mis à jour le 31-08-2023 à 10h03
Des citoyens semant des graines et des d’idées lors d’une déambulation joyeusement gesticulée sur la Plaine des Manœuvres, ce rendez-vous du festival Les Inattendues avait une forte valeur symbolique.
Cette promenade, proposée samedi dernier, illustrait à merveille la volonté de la Commune de Tournai et des bureaux d’architectes Pigeon Ochej Paysage-VVV de poursuivre la coconstruction du projet de parc urbain avec les habitants.
Ce futur parc doit prendre racine sur une partie (6 ha) des 17,5 hectares de la Plaine des Manœuvres, véritable poumon vert en bordure du centre-ville.
Clubs de golf, tiges de bambou…, une balade décalée
En guise de clin d’œil ironique, certains participants, bérets verts visés sur la tête et tiges de bambou entre les mains, s’étaient munis de clubs de golf gonflables. Une référence explicite au projet de practice (Top Golf) précédemment envisagé par la Ville, mais rejeté par une partie de la population. On a alors vu germer, en octobre 2020, une concertation citoyenne à travers la mise en place d’ateliers participatifs et d’une enquête en ligne. Un processus qui a nourri la réflexion et débouché sur la présentation d’une pré-esquisse en mai 2023.

Depuis le parvis de la Maison de la culture, une centaine de personnes ont eu l’opportunité de parcourir, samedi dernier, les différents écrins de verdure intégrés au périmètre d’intervention. L’occasion notamment de découvrir une magnifique zone boisée, laquelle occupera une position centrale au sein du parc urbain de la Plaine des Manœuvres.
"Cette petite forêt, encore peu connue des Tournaisiens, sera laissée en l’état, indique l’architecte Virginie Pigeon. Les travaux d’aménagements seront plutôt axés autour de cet espace, où l’idée est de créer des cheminements et des lisières d’associations écologiques qui attireront, en fonction des essences plantées (arbustes à petits fruits, alignement d’arbres comme le chêne ou le tilleul côté boulevard…), une faune spécifique. La finalité étant de constituer une mosaïque de milieux riches et variées propice au développement de la biodiversité. "
Une mini-forêt qui n’a eu besoin de personne pour pousser

L’exploration se voulait décalée avec la participation d’Éric Lenoir, paysagiste français reconnu pour sa vision "punk". Et comme lors d’une procession, la maquette et les plans du futur parc urbain ont été portés sur les épaules de plusieurs acteurs de l’événement, imaginé en partenariat avec la Maison de la culture, la Pépinière et la Ceinture alimentaire du Tournaisis.
Lors de cette balade animée par Chantal Notté, journaliste à Notélé, Éric Lenoir, l’auteur iconoclaste du Petit traité du jardin punk (NDLR: cela ne s’invente pas) a salué la décision des porteurs de projet de préserver la zone forestière, principalement peuplée de saules, au centre de la Plaine des Manœuvres.
"On se trouve ici sur des terres de remblais, un sol plutôt inerte. Et pourtant, il y a toute une flore qui s’est implantée extrêmement vite et qui s’avère bien plus variée que du gazon. Cette forêt s’est créée en seulement 15 ans, sans la moindre intervention humaine. Sa richesse repose notamment sur les saules marsault, qui permettent aux apiculteurs de gagner 15 jours pour la production de miel. Les abeilles peuvent disposer de pollen très tôt et en grande quantité. Ces arbres sont importants, car ils contribuent à rendre le sol qualitatif pour tous les végétaux forestiers qui suivront", souligne le paysagiste français.

Au cours du périple ayant conduit l’assistance à traverser des clairières et des terrains censés abriter des pépinières ou vergers, on ne pouvait pas passer à côté des chardons et orties qui pullulent à certains endroits.
"Le chardon, une plante qu’il faut… préserver"
Sous des dehors de plantes indésirables, ces végétaux ne méritent pas leur mauvaise réputation, jouant au contraire un rôle prépondérant.
"Si on élimine les chardons, on fait disparaître énormément d’espèces qui en sont dépendantes pour vivre, en se nourrissant des graines, du pollen, de l’eau sur les feuilles… C’est le cas des oiseaux comme l’emblématique chardonnet. Ces plantes servent aussi de refuge intéressant pour se protéger des prédateurs ", précise Éric Lenoir.
Les contours du parc urbain de la Plaine des Manœuvres peuvent encore évoluer selon les aspirations citoyennes, insiste l’architecte Virginie Pigeon. C’est en ce sens que les marcheurs participant à l’activité ont été invités à exprimer, sur des post-it, leurs suggestions ou leurs envies de s’investir dans la mise en œuvre du projet.