Des décès suspects à Gaurain, quels décès suspects ? Leur home a été fermé il y a 7 ans déjà…
Les anciens propriétaires du home le Jardin d’Astrid à Gaurain ont-ils été victimes d’une mesure excessive, voire téléguidée comme ils le pensent ? Si oui, pourront-ils un jour bénéficier de dédommagements ?
- Publié le 10-06-2023 à 07h00
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Il y a un peu plus de 7 ans, le home le Jardin d’Astrid, à Gaurain, propriété de Mme Foucart-Pinchemail, était fermé en urgence sur décision du ministre Prévot, après deux rapports négatifs de l’Aviq.
Beaucoup d’étonnement
Bien sûr, comme dans toute maison de repos, certains résidents, certains membres du personnel pouvaient avoir des griefs à formuler. Mais sur place, nous avions surtout rencontré des résidents se demandant bien quels reproches graves pouvaient être retenus à l’encontre de leur établissement. Même surprise dans de nombreuses familles et chez les médecins amenés à voir leurs patients dans ce home.
Les résidents avaient alors été relogés dans différentes maisons de repos du Tournaisis… dont une allait devoir fermer à son tour (mais cette fois sans que ça n’étonne les médecins). La quarantaine d’agréments du Jardin d’Astrid fut dispatchée, mais pas du tout en Wallonie picarde: les lits furent réattribués en Luxembourg. Le personnel du Jardin d’Astrid perdit son travail, les propriétaires finirent par vendre les installations dont la valeur avait fondu, faute d’agréments.
Trois décès suspects… ou pas du tout suspects ?
Par-delà les manquements relevés (mais contestés), il était question de trois décès suspects. Le genre d’argument qui, porté à l’oreille d’un ministre, pèse lourd au moment où celui-ci doit trancher.
Or sept ans plus tard, alors même que pour cette question de décès suspects, les désormais anciens propriétaires-gestionnaires n’ont jamais été inculpés (!), le dossier n’est toujours pas refermé. Et de ce fait, ces personnes, convaincues à tort ou à raison de leur bon droit, n’ont pas l’occasion de demander/obtenir des réparations.
"La réalité, c’est qu’il n’y a pas eu de décès suspects, assène Jean-Paul Foucart. Nous avons été victimes de dénonciations calomnieuses. Mais si nous avons une idée de la source de ces calomnies, nous ne savons pas qui a bien pu"confirmer"l’existence de décès suspects inexistants, auprès du ministre. Le Parquet lui-même semble ne pas savoir ni qui, ni comment, ni sur quelles bases le ministre a agi. Nous avons été auditionnés, nous, plus de vingt fois, mais à cette question que nous posions, nous n’avons jamais obtenu de réponse."
Rien sur les attestations de décès
Sur une attestation de décès, le médecin coche des cases liées aux circonstances de la mort. S’il a un doute quelconque, il le note. L’officier de l’état civil qui reçoit une telle attestation la transmet au Parquet. Qu’il autorise ou interdise l’inhumation (voire décide une autopsie), le Parquet produit un avis qui le stipule.
"Pour ces trois"décès suspects", on ne trouve aucune trace de ces procédures. Il n’y a pas eu non plus d’autopsies. Les causes des décès ne sont donc pas scientifiquement établies. Mais il y a quand même enquête… La logique voudrait, dans le cadre de cette enquête, que les trois médecins qui n’ont rien noté soient au moins auditionnés. Pas de trace d’auditions…"
Pour l’Ordre des médecins: aucune faute
Les propriétaires du Jardin d’Astrid ont même décidé d’avancer par l’absurde. Puisqu’il était question de maltraitances et de décès suspects dans leur home, ils ont signalé eux-mêmes les faits auprès de l’Ordre des médecins contre les treize médecins qui venaient au home et n’auraient rien dit ! L’Ordre a conduit son enquête et conclu que les médecins n’avaient commis aucune faute: il n’y avait rien à dénoncer.
Pour le légiste: rien à signaler
"Pour sa part, la juge d’instruction chargée de l’affaire a désigné un légiste. Celui-ci a repris le dossier de A à Z. Il n’a rien trouvé rien non plus, il l’a écrit et signé… Mais malgré cela, le Parquet n’a pas clos l’affaire. Nous le voyons comme une manière pour lui d’éviter le non-lieu qui est la seule issue de tout ce gâchis. Or, nous, on doit attendre la clôture de l’enquête (NDLR. une autre juge d’instruction a été désignée entre-temps) pour que notre plainte au civil – fermeture abusive voire illégale du home – contre la Région wallonne puisse avancer. On est bloqués…"
Précisons que le Parquet confirme que le dossier est toujours en cours d’instruction et que selon l’adage "le criminel tient le civil en état", il y a effectivement lieu d’attendre l’issue de ce dossier avant d’entamer toute réclamation.
On en est à un peu plus de 7 ans après "les faits".
Le malheur des uns fait…
Quelque temps après la fermeture du Jardin d’Astrid en 2016, un lecteur avait évoqué une conjonction d’intérêts sur le dos du Jardin d’Astrid. Sans aller jusque-là, on peut relever que cette fermeture aura fait des heureux.
1. Les personnes en conflit avec le Jardin d’Astrid ont été servies au-delà de leurs espérances.
2. L’acquéreur des bâtiments les a obtenus à un prix avantageux, les agréments ayant été retirés.
3. Une maison de repos à l’autre bout du pays a vu des agréments lui tomber du ciel.
4. Diverses maisons de repos du Tournaisis ont vu des résidents, obligés de quitter le Jardin d’Astrid, remplir leurs chambres vides.
Par ailleurs (5) tant que l’enquête sera réputée ouverte, les anciens propriétaires-gestionnaires ne pourront rien contre la Région wallonne.