Coups de cœur des guides de Tournai (21/50): le message de l’Archange voyageur
Le groupe de l’Annonciation attire le regard de ceux qui entrent dans l’église Saint-Quentin de Tournai.
- Publié le 07-06-2023 à 06h30
- Mis à jour le 07-06-2023 à 09h54
:fill(000000)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/6FKPTJNRMZAJ7O2PDC56D63SFU.jpg)
L’ange qui s’adresse à la Vierge, nous fait vivre en direct le moment où il se trouve face à elle. Son pied gauche amorce le mouvement de la marche, sa main droite est levée avec l’index pointé pour marquer l’importance de son message. C’est un geste déjà utilisé par les orateurs romains à l’entame de leur discours.
Il existe des milliers d’anges mais ici c’est l’Archange Gabriel, interprète privilégié des messages divins. On le trouve déjà dans l’ancien testament quand il explique au prophète Daniel sa vision, et dans le nouveau, quand il annonce à Zacharie la naissance d’un fils.
Sa taille d’environ 1,80 m le rend proche de nous. Il est vêtu d’une aube blanche à bord doré, retenue à la taille par une ceinture. Un ornement brodé rectangulaire souligne une partie du bas du vêtement. Une étole dorée, posée en bandoulière, traverse la poitrine. Deux ailes dorées, très grandes, un peu raides confirment son état d’ange. Les draperies de l’aube, parfois souples, parfois plus anguleuses, jouent avec la lumière.
Un groupe voyageur
L’archange repose sur une console ornée d’un angelot portant les armoiries d’Agnès Piétarde, veuve de Jehan du Bus. Son testament date de 1426 et stipule que le groupe de l’Annonciation doit figurer devant sa sépulture à l’église Saint-Pierre. Les œuvres, en pierre d’Avesnes, sont commandées au sculpteur Jehan Delemer et au peintre Robert Campin. On est donc en présence de témoins remarquables de l’école tournaisienne du XVe siècle, à laquelle est associé Roger de le Pasture, alors apprenti chez Robert Campin (de 1427 à 1431)
En 1566, les iconoclastes brisent les têtes de Marie et de Gabriel qui seront refaites au XVIIe siècle dans le style classique. Une nouvelle polychromie remplace celle de Campin.
Le groupe est transféré à l’église Sainte-Marie-Madeleine en 1586 et y reste jusqu'en 1990 (l'église ayant été fermée en 1968). Quant à l’église Saint-Pierre, elle avait a été démolie en 1821. On en a gardé la mémoire par l’inscription de son plan par un pavage différent de la place du même nom.
L’Annonciation est installée en 1990 à la cathédrale à l’entrée du déambulatoire sud. L’IRPA est sollicité pour études et restauration. En 2010, les travaux entrepris à la cathédrale obligent son installation définitive à l’église Saint-Quentin. Elle occupe les deux piliers à la croisée du transept. Le groupe retrouve alors et pour longtemps, espérons-le, un écrin contemporain à sa conception..