Jeanne Delmotte, le nouveau visage du Musée de Folklore et des Imaginaires de Tournai (vidéo)
Rencontre avec Jeanne Delmotte, la nouvelle conservatrice du MuFIm, le Musée de Folklore et des Imaginaires de Tournai.
- Publié le 04-06-2023 à 17h00
- Mis à jour le 04-06-2023 à 18h33
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Si on s’en réfère aux premiers souvenirs évoqués par ses proches, rien ne prédestinait la Tournaisienne Jeanne Delmotte à prendre la tête du Musée de Folklore et des Imaginaires.
Une première visite terrifiante
"On m’a raconté que pour ma première visite dans ce musée, vers l’âge de 3 ans, je n’ai pas voulu y rentrer, sourit-elle. Derrière la porte, il y avait un hurlu en pierre du beffroi qui était exposé, et j’étais terrifiée ! On a fait demi-tour. Mon histoire avec le musée n’a donc pas commencé de la meilleure manière…"
Par la suite, la Tournaisienne, baignée dans les traditions tournaisiennes grâce à son papa Bruno Delmotte, s’est y est plu et a pris plaisir à découvrir les collections. "J’y ai effectué un stage lors de mes études à la Helha ; au début, il était prévu pour une durée de trois mois et il s’est finalement prolongé durant six mois… J’ai eu l’occasion d’y revenir durant mon master pour effectuer, avec Jacky Legge, un travail autour des collections, des différents espaces et des vitrines, Entre deux, je me suis aussi investie dans différents projets culturels, en lien avec le MuFIm, comme la Triennale d’art contemporain Border, organisée par Intersection."
Un musée cher au cœur des Tournaisiens
À l’annonce du départ de Jacky Legge, Jeanne Delmotte, 27 ans, tente sa chance en postulant comme conservatrice. "Sans trop y croire vu mon âge et le peu d’expérience (NDLR : elle travaillait comme animatrice à l’Arrêt 59 à Péruwelz), et finalement une belle surprise pour moi… C’est à la fois impressionnant et passionnant de se dire qu’on est à la tête d’un musée cher au cœur des Tournaisiens et que l’on doit gérer cette grande collection dans laquelle chaque pièce a appartenu à quelqu’un, raconte une histoire, nous questionne également sur le présent et sur l’avenir."
Créer des ponts
Si un élan positif et dynamique a déjà insufflé par Jacky Legge, la nouvelle conservatrice souhaite poursuivre cette démarche. "Notamment le fait de mettre en critique et questionner des pièces de la collection par la création artistique contemporaine. Comme, dans la vitrine consacrée à la porcelaine de Tournai, où l’on retrouve trois assiettes réalisées par un artiste contemporain qui a voulu représenter la ville de Tournai, en traçant ses rues, et sur base des appellations des rues liées à des hommes ou à des femmes. Avec celle qui reprend uniquement les noms féminins, on ne parvient pas à reconnaître le plan de la ville ; cela pose la question de la place de la femme dans notre société…"
Jeanne Delmotte entend également continuer à faire évoluer le musée avec les Tournaisiens. "J’ai envie de créer des ponts entre les collections et la culture locale et le folklore, mais aussi développer des liens avec les personnes qui les font encore vivre, ajoute-t-elle. Nous allons par exemple travailler sur le dossier pour la reconnaissance du jeu de fer comme patrimoine immatériel de la Fédération Wallonie-Bruxelles."
Une visite plus claire, interactive et didactique
Des changements dans la scénographie du musée sont aussi en réflexion. "Le premier étage va être remanié pour créer des espaces bien distincts autour des thématiques du commerce et des étapes de la vie, précise Jeanne Delmotte. Il y a une volonté de rendre la visite plus claire, plus interactive et didactique. Il faut, par exemple, réfléchir à la pertinence des objets exposés et à la mise en place des vitrines pour qu’elles soient un peu plus aérées, avec davantage d’explications, pour inciter les visiteurs à prendre le temps de regarder les objets. L’apport de l’audio ou de la vidéo pourrait aussi être intéressant à développer afin de servir les objets ou les histoires qu’ils racontent."
Autre volonté de la nouvelle conservatrice: rendre les visiteurs plus actifs. "Nous allons aménager un espace avec des jeux anciens qui seront à disposition des visiteurs. On envisage aussi un espace pour se poser, discuter avec d’autres gens, ou même lire un Martine ou une BD en picard."
Avec la plus ancienne baraque à frites de Belgique
La prochaine exposition du MuFIm aura «la frite», avec pour pièce centrale, la plus ancienne baraque à frites.
ambulante Le MuFIm dispose de la plus ancienne baraque à frites ambulante conservée en Belgique et qui date de fin 19e/début XXe siècle. «C’est le point de départ de notre prochaine exposition qui se tiendra de septembre à décembre 2023, annonce Jeanne Delmotte. En plus de nos pièces de collection, pour cette exposition “Culture Frite”, on pourra bénéficier d’objets du musée Home Frit’Home de Bruxelles qui nous permettront d’explorer la frite et sa tradition sous toutes ses facettes, et de différentes manières, par des conférences, des ateliers, des visites…»
Des témoignages «vivants»
Comme elle le défend dans son projet pour le musée, Jeanne Delmotte veut rendre «vivante» cette exposition. «Nous comptons aller à la rencontre des gens qu’ils soient frituristes, amateurs de frites ou autres, afin de récolter leurs témoignages.»
Le passé comme inspiration pour le présent et l’avenir
Cette thématique autour du «commerce», le MuFIm la poursuivra en 2024 et travaillera sur le thème des enseignes anciennes ainsi que des colporteurs. «Des expositions essentiellement construites à partir de nos collections, précise la conservatrice. Dans cette confrontation “passé-présent-futur”, il est ainsi intéressant de voir que les colporteurs de l’époque peuvent nourrir la réflexion face aux défis actuels de mobilité et devenir une source d’inspiration pour réinventer les modes de déplacement. Notre musée n’est pas un livre d’histoire, il peut donner des ressources et solutions face aux nombreux enjeux de notre génération. Il est aussi important de sortir le musée de ces murs, et c’est dans cet esprit que pour les enseignes, on envisage l’organisation de visites guidées en ville.»de Belgique.