Olivier Vandecasteele libéré: portrait de ce travailleur humanitaire belge devenu otage du régime iranien
La vie d’Olivier Vandecasteele a basculé dans la soirée du 24 février 2022. Ce soir-là, le Tournaisien se rendait chez des amis, à Téhéran, où il avait travaillé durant plusieurs années. Mais ce qui devait être une fête se transforma en cauchemar.
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Publié le 26-05-2023 à 12h00 - Mis à jour le 26-05-2023 à 12h07
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Depuis plus de dix ans, Olivier Vandecasteele, dont la libération a été annoncée ce vendredi 26 mai 2023, multiplie les missions humanitaires aux quatre coins du monde. En Irak tout d’abord. Au Mali ensuite. Avant de rentrer à Bruxelles. Mais en 2015, à l’appel du Norwegian Refugee Council, le Tournaisien de naissance décide de repartir à l’aventure, direction l’Iran. C’est le coup de foudre. Sur place, il prend la direction d’un projet d’accueil des réfugiés afghans et se passionne pour la culture locale, la culture perse.
Il enchaîne ensuite avec une mission pour Relief International. Mais en raison de divergences de vue, celle-ci est interrompue en mai 2021.
Soirée d’adieu
Olivier Vandecasteele revient alors en Belgique. Les jours passent. Puis les semaines. Celles-ci deviennent ensuite des mois.
En février 2022, finalement, il décide de retourner en Iran, une dernière fois, histoire de clôturer le bail de son appartement et d’y récupérer les affaires laissées quelques mois plus tôt. L’occasion, aussi, de saluer une dernière fois ses amis de Téhéran.
Mais ce qui devait être le point d’orgue de ce court séjour vire au cauchemar.
Ce soir-là, le 24 février donc, l’ambiance est plutôt agréable dans le petit appartement des amis d’Olivier. Le lendemain, le Belge reprendra l’avion, en direction de Bruxelles.
On bavarde, on rit, on commande même des pizzas. Mais alors que les convives attendent le livreur, ce sont des hommes armés qui se présentent à la porte.
Jamais le Belge n’arrivera le lendemain à l’aéroport. Et pour cause: "Olivier est agenouillé et menotté. Il ne s’oppose pas. Il demande de pouvoir contacter l’ambassade, ce qui lui est refusé", raconte Olivier Van Steirtegem, son grand ami devenu porte-parole de la famille.
Isolement
Emmené sans autre forme de procès, placé directement à l’isolement le plus complet, le tout dans un lieu tenu secret, une chape de plomb se referme sur le travailleur humanitaire alors âgé de 41 ans.
"On savait pourtant que la situation était tendue là-bas. Et on lui avait déconseillé d’y retourner", nous confiait récemment une source proche du gouvernement fédéral.
Et de fait: depuis un moment déjà, les relations entre les deux pays s’étaient considérablement envenimées à la suite de la condamnation, en Belgique, d’un ressortissant iranien, Assadollah Assani, reconnu coupable d’avoir fomenté un projet d’attentat contre l’opposition iranienne en exil.
Monnaie d’échange
À quelques maigres reprises, le prisonnier rencontre l’ambassadeur de Belgique. Et par trois fois, il reçoit l’autorisation, assortie de strictes conditions, de dialoguer un bref instant sur WhatsApp avec sa famille.
"Olivier a été pris en otage parce qu’ils (NDLR: les Iraniens) n’obtenaient pas ce qu’ils voulaient de la Belgique, nous confiait en décembre Nathalie, la sœur d’Olivier Vandecasteele. On en est maintenant 100% convaincus: Olivier est une monnaie d’échange. Aussi longtemps que l’Iran ne récupérera pas ce qu’il veut de la Belgique, nous ne récupérerons malheureusement pas notre frère."
Quelques semaines plus tard, près d’un an après son arrestation, le verdict tombe: Olivier Vandecasteele écope d’une peine de 40 ans de prison et de 74 coups de fouet. Les motifs ? Espionnage, trafic de devises et blanchiment.
Une façon, surtout, d’accroître un peu plus encore pour Téhéran la pression sur la Belgique. Au détriment d’Olivier.