Coups de cœur des guides de Tournai (19/50): pour moi, ce sera un Rodenbach…

Avec un ami, je me trouvais au Père-Lachaise à Paris devant une sépulture magnifique, mais intrigante…

John Naessens
 Le portrait de Rodenbach, par Lucien Lévy-Dhurmer (1895)
Le portrait de Rodenbach, par Lucien Lévy-Dhurmer (1895)

Un homme, sortant du tombeau, une rose à la main et dans la partie inférieure, une croix templière: Georges Rodenbach (1855-1898).

À Roulers, je connais la brasserie et la statue d’Albrecht Rodenbach, écrivain, poète et dramaturge flamand, décédé à 23 ans seulement, mais Georges ?

Après des recherches, je découvre que Georges est un cousin d’Albrecht, né à Tournai le 16 juillet 1855 à la rue des Augustins et que depuis 2020, on peut y découvrir une plaque commémorative sur l’emplacement de sa maison natale. (actuellement les Archives de l’État)

Ses parents déménagent à Gand et voilà notre Georges au collège des Jésuites de Sainte-Barbe où il a pour condisciple Émile Verhaeren (1855-1916) avec qui il lie une amitié profonde, qui dure toute sa vie. Il étudie ensuite le droit à l’Université de Gand où l’enseignement était dispensé en français au XIXe  siècle.

Une fois avocat, son père l’envoie à Paris, mais après deux ans, il quitte le barreau pour se consacrer à l’écriture.

Il devient un grand poète, dramaturge et écrivain symboliste, dont une bonne part de son l’œuvre est imprégnée par la pensée pessimiste de Schopenhauer. Aussi comme poète et écrivain, il parvient à rendre ce que beaucoup ressentent, mais n’expriment point: "L’âme des choses"

Ainsi lit-on dans son œuvre Bruges-la-Morte: "Mélancolie de ce gris de Bruges où tous les jours ont l’air de la Toussaint ! Ce gris comme fait avec le blanc des coiffes de religieuses et le noir des soutanes de prêtres, d’un passage incessant ici et contagieux. Mystère de ce gris d’un demi-deuil éternel."

Quand on relit le "Carillonneur" ou "Bruges-la-Morte", son chef-d’œuvre, on découvre surtout la nostalgie et son malaise face à l’industrialisation au XIXe  siècle, les idéologies matérialistes, l’argent, la misère prolétarienne et le cynisme des riches…

Rodenbach a été le premier écrivain belge à réussir à Paris, le premier aussi à être joué sur la scène de la Comédie française avec la pièce "Le Voile".

Il a une place prépondérante dans l’histoire du symbolisme international et a été décoré de la légion d’honneur au titre étranger en 1894. Il était même pressenti pour faire partie des membres fondateurs de l’Académie Goncourt s’il avait acquis la nationalité française qu’on lui proposa et qu’il refusa !

Georges Rodenbach vient de déménager du Mufim vers le musée des Beaux-Arts à Tournai où il a enfin retrouvé quelques-uns de ses contemporains et amis comme Rops, Monet, Minne, Khnopff, Verhaeren, etc.

Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...