Tournai : Tamat se donne des airs de zoo
Les animaux se répondent dans des espaces ouverts, à l’étage du Musée de la Tapisserie et des Arts textiles. D’un siècle à l’autre.
Publié le 28-03-2023 à 07h00
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La place de l’animal dans l’art, c’est le thème de l’exposition qui vient d’ouvrir ses portes, place Astrid. En écho aux tapisseries médiévales, des œuvres des XXe et XXIe siècles conversent allègrement entre elles.
C’est tout le charme d’un projet né des arts textiles: les représentations d’animaux s’inscrivent dans un dialogue entre les matières, les volumes, les pigments. Mythes et légendes se glissent intelligemment entre les pages d’un album grand ouvert. Venues du Musée des Beaux-Arts, de la Maison de la Marionnette, de l’Institut des Sciences naturelles (Bruxelles) et du BPS22 (Charleroi), des œuvres sont associées à celles d’artistes qui ont bénéficié d’une résidence au TAMAT, à travers des correspondances futées.
"Notre but était d’aller plus loin qu’un accrochage, précise Aurélie Champion, directrice du TAMAT et commissaire de l’exposition. Nous souhaitions créer des univers un peu curieux, voire poétiques, qui étonnent et intriguent. Les tapisseries patrimoniales révèlent la présence d’animaux (dragons, chiens, chevaux…), les œuvres modernes et contemporaines leur offrent de surprenants échos. C’est comme dans un cabinet de curiosités, avec des confrontations, des croisements nés d’une rencontre avec des pièces classiques. Le textile, la vidéo, le dessin, la sculpture, la photographie aimantent le regard."
C’est ainsi que, côté marin, un montage de peaux de crevettes trempées dans la porcelaine (Julie Krakowski) répond à une broderie colorée évoquant le mouvement des méduses, à un étrange assemblage de coraux en voie de disparition, dans une bulle où règne une tapisserie de bord de mer. Ailleurs, c’est un être fantastique, L’Hybride, qui s’approche des dessins doubles (lièvre et chouette ; loup et chevreuil), tandis que la blanche louve aux peaux de chèvres et mamelles en porcelaine rejoint, comme la licorne, la mythologie. Un pas plus loin, une tapisserie avec céramiques intégrées (Christine Diez) renvoie aux trophées sculptés et à la corne de centaure. Le regard n’oublie pas Le Jardin enchanté, un grand format de Jean Ransy, issu des collections du TAMAT, ni Le coqueleur, de Louis Deltour, prêt de la Fédération Wallonie-Bruxelles. À ce coq de combat, fait face une peinture: la nouvelle race de volaille, croisement de Bresse et de Malines. Mais aussi un précieux cul de poule en dentelle sertie, une coiffe de plumes de faisan doré, une photographie inondée de poulets, un crâne d’oiseau finement ciselé…
Aux visiteurs de tisser des liens, un fil rouge, entre fragilité et audace. En ce mois de Ville en Poésie, des textes de José-Maria de Heredia (1905) balisent le parcours. Cet extrait accompagne une création allègre d’Edmond Dubrunfaut: " Alors mes doigts tremblants saisissent chaque fil,/Et dans les mailles d’or de ce filet subtil,/Chasseur harmonieux, j’emprisonne mes rêves."
"Animal Textile", Tamat, 9 place Astrid, sauf dimanche matin et lundi, jusqu’au 10 septembre. 069 234 285