Tribunal de Tournai: "Quand on l’écoute, elle ne fait rien de mal"
La prévenue commet une succession d’infractions. Elle est en aveux, mais minimise les faits de coups, menaces et harcèlement.
Publié le 21-03-2023 à 07h00
Depuis 2020, le climat est nébuleux entre cette dame appelée à la barre du tribunal et sa voisine. "Je ne suis pas juge de paix et ne règle pas ici un conflit de voisinage, mais des faits de harcèlement", précise la présidente. En effet, la voisine, constituée partie civile et présente à l’audience, explique: "Je suis toujours embêtée par du tapage nocturne. Dans le meilleur des cas, jusque 3h du matin, dans le pire, jusque 5 h. Cela date depuis novembre 2020. À cela s’ajoutent des insultes régulières. La relation s’apaise quand il y a une intervention policière, et puis ça recommence. Demandez-lui où elle a passé la nuit ! Elle était encore au cachot pour tapage. Je veux juste retrouver le calme". La prévenue, interrogée par la juge, reconnaît l’avoir traitée de tous les noms. "On va dire que je regrette" bredouille-t-elle. "Sans grande conviction", rétorque la présidente.
Le contexte familial n’est guère meilleur
Le tribunal revient également sur les deux autres préventions impliquant l’ex-mari de cette femme quarantenaire. En juin 2021, Madame se rend dans un bar avec son fils âgé de huit ans. Elle en sort vers 23 h 30, complètement imbibée. À son domicile, elle prend une batte de baseball et menace son ex-mari. La police est appelée sur place. "Même si, comme vous le dites, vous ne l’avez pas brandie, rien que le geste de prendre la batte pour inciter la peur suffit à ce que l’infraction soit commise", lui explique le ministère public.
Autre scène en mai 2022. Cela se passe sur la terrasse du bar Le Régina. "Je discutais avec mon ex-mari à propos de nos enfants. La serveuse s’est mêlée de nos histoires. Elle m’a poussée et je lui ai porté des coups". Pour la procureure du roi, les explications de la Tournaisienne minimisent une nouvelle fois les faits. "Finalement, elle donne l’impression qu’elle n’a rien fait de mal. Mais ce n’est pas la version du dossier. Ce qu’elle ne dit pas et qui est confirmé par des témoins, c’est qu’elle était ivre ce jour-là. Non pas en train de discuter, mais d’insulter son ex-mari, un habitué du café. Celui-ci a demandé à la serveuse de la faire partir. Elle l’a donc simplement invitée à quitter la terrasse en lui tenant l’épaule. Cela lui a valu une entorse du pouce". La magistrate requiert une peine d’un an de prison, ce n’est qui n’est pas approprié pour la défense. "Il y a un problème d’environnement. Je sollicite une peine de prison ou un sursis simple". Le jugement sera rendu le 6 avril.