Tournai: vous reprendrez bien un peu de venin ?
Les langues de vipère, groupe extrêmement local de terro-rimes, ont à nouveau frappé Tournai dans la nuit de mercredi à jeudi. Un délice…
Publié le 16-03-2023 à 17h12 - Mis à jour le 16-03-2023 à 17h16
Cela fait 25 ans qu’elles défient leur monde. Aussi incroyable que cela paraisse, leur anonymat n’a jamais été levé en un quart de siècle. Certains pensent que… d’autres sont sûrs que… La vérité, c’est que plus de 99% des Tournaisiens ignorent qui sont ces fameuses langues de vipère qui laissent leurs affichettes caustiques aux quatre coins de la ville.
Très urbainement, les LDV nous ont fait savoir que la parenthèse Covid a mis à mal la dynamique de l’équipe: "Le temps a fait son œuvre et la belle mécanique s’est parfois enrayée" (NDLR: les LDV n’oublient pas le thème de l’année). Elles s’excuseraient presque d’avoir dû épargner certains par manque de têtes en fusion pour les brocarder, ou de bras pour la fameuse expédition nocturne.

Qu’à cela ne tienne, une bonne soixantaine de sentences ornaient ce jeudi matin plus de trente sites, avec une forte concentration à l’hôtel de ville, suivi de la maison de la culture…
En toute innocence
Comme toujours, il y a les jeux de mots liés à une activité, à une situation, et ceux qui intègrent un nom de personnalité.
Ça peut être très innocent comme à la devanture de ce magasin: "un fromager sur lequel on peut Comté" ou "munster et boule de tomme", d’une concession automobile "Game Rover" d’une officine "la caverne d’Ali bobos"… Ou "Chope and go" pour divers bistrots.
Les restaurants ont inspiré les LDV: "Je suis riz Thaï et je le reste", "Faudra l’saké déhors", "Wok on the wild side", et en plus épicé: "Est-ce qu’un pizzaïolo se fait des Pouilles en or ?"
Consensuel, acéré, philosophe
Culture, ça doit être un legs, "On passe Deman à Woman" et on hérite de: "Kins directrice ? Ça n’a Penay personne". Plus prosaïque "Finances à CEC"
Justice: "une batonnière Rogghe ‘n rôle"
Religion: "les affaires de l’évêché traitées par-dessus la Jambe" (NDLR. pour initiés)
Patrimoine contemporain: l’abeille de Saint-Brice ne leur a pas échappé: "on ne prête qu’aux ruches" et "on l’abeille avec un monument pareil".
Les LDV ne se privent pas non plus de pétroler. Aux abords de la gare: "Y a d l’a-bus". Rue Saint-Martin: "J’avoue j’en ai pavé. Pas vous ?" Chez les Amis de Tournai: "Selen mi public no 1" (NDLR. ici aussi pour initiés)
Parfois cela confine à la philosophie: "Postier: un vrai mal lettre" ou "Pompiers, c’est la zone"
Politique: décapant

Pas de langues de vipère sans volet politique bien sûr. Toutefois, y en a pas pour tout le monde, comme elles le signalent elles-mêmes. Paul-Olivier Delannois "Moi, moi, mon moi. Moi, moi, mon tout mon moi (air connu)" Vincent Braeckelaere, "échevin des fêtes de fin damnée" ne sont pas oubliés, eux. De même que Caroline "CalaMitrigêne"…
On aurait aimé les faire…
Enfin, deux affichettes magnifiques qui auraient pu/dû constituer des titres de journaux.
"Crucke: un avenir Bouchez" (simple et efficace)

"Pont des Trous: l’histoire en Bern" (juste parfait).