Coups de cœur des guides de Tournai (10/50): trois œuvres de Grard en l’église Saint-Brice

Beaucoup l’ignorent et en seront sans doute surpris, mais l’un des lieux qui abritent le plus d’œuvres de George Grard, père de la Naïade, c’est une église. L’église Saint-Brice à Tournai.

Francis Vandeputte

Éloigné de sa ville natale pour raisons de santé avant la Seconde Guerre mondiale, le sculpteur George Grard (Tournai 1901 – Saint-Idesbald 1984) était resté attaché à ses origines. Les Tournaisiens connaissent la beauté de ses formes féminines au musée des Beaux-Arts et surtout sa Naïade sur le Pont à Ponts, récemment restaurée.

Son œuvre artistique se fonde sur son admiration des formes sublimes de la nature dans le monde qu’il exprimait en ses évocations du corps féminin.

On ne reviendra pas aujourd’hui sur les tribulations de la Naïade en 1950… Quelques années plus tard, la restauration de l’église Saint-Brice, juste de l’autre côté du pont, s’effectue sous la conduite de l’architecte Simon Brigode, par ailleurs membre de la commission diocésaine d’art sacré. C’est lui qui invitera la fabrique d’église Saint-Brice (qui a des dommages de guerre à faire valoir), à commander une série de pièces auprès de Grard, et d’autres auprès de Nelly Mercier.

Bouleversé par la dévastation de l’église de son enfance bombardée en 1940, le sculpteur crée de 1966 à 1971 trois œuvres de bronze, religieuses, bien sûr, mais surtout dans la droite ligne de son univers créateur.

Une superbe cuve baptismale montrant les mains du créateur de l’univers, avec ses astres, ses beautés naturelles et son chef-d’œuvre, l’être humain, avec Adam et Eve.

Au centre de la "nouvelle" Saint-Brice, l’autel représente l’humanité sauvée par le Christ sacrifié: les poissons, symboles des premiers chrétiens, encadrent son visage imprimé sur le voile de Véronique et ses mains crucifiées.

Plus discrètement chargé de sens, le tabernacle est orné des formes concentriques d’une fleur de vie entourant l’hostie consacrée, symbole du Dieu créateur.

Le public connaît surtout Grard pour ses sculptures en ronde-bosse. Ici, il pratique le bas-relief à la cire perdue. La gravure des chevelures, des visages, des mains et des pieds et le trait des figures sont exceptionnelles. L’artiste y exprime l’harmonie qu’il reconnaît dans le monde créé par les mains de Dieu.

Voilà trois œuvres d’un artiste inspiré que les visiteurs de Tournai devraient admirer plus souvent dans cette église trop peu visitée.

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