Barreau de Tournai: Me Anne-Sophie Rogghe n’est encore que la deuxième bâtonnière
À la veille des portes ouvertes au Palais de justice de Tournai, rencontre avec la Mouscronnoise Anne-Sophie Rogghe, bâtonnière depuis septembre dernier.
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/MHTJUMLJHZB4ZES5EVNSJ73RLE.jpg)
Publié le 10-03-2023 à 08h00
:focal(545x437:555x427)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/GXQO6YL5GZE6LLFEY7RJPOWHKM.jpg)
Depuis le 1er septembre, Anne-Sophie Rogghe a endossé le costume de bâtonnière du barreau de Tournai. Le mandat de la Mouscronnoise de 50 ans court sur deux années. Entretien.
Madame la bâtonnière, quel est votre parcours ?
J’ai fait mes études à Namur puis en néerlandais à Leuven avant de partir un an en Erasmus à Londres. En 1996, j’ai entamé un stage chez Édward Van Daele. J’ai déjà eu l’occasion à l’époque de développer l’aide juridique. Au bout de 5 ans, j’ai lancé mon propre cabinet. Je traitais des matières familiales et à partir de 1999-2000 du droit des étrangers avec l’arrivée des Kosovars. J’ai mon cabinet à Herseaux et depuis deux ans, un cabinet à Tournai dans lequel nous travaillons à cinq, en gardant chacun nos matières. Je m’occupe toujours du droit familial et du droit des étrangers: demandeurs d’asile, sans-papiers…
Pourquoi avoir posé votre candidature ?
Pour devenir bâtonnière, il faut au moins quatre années de présence au Conseil de l’Ordre. C’est mon cas. J’ai déjà fait partie de plusieurs instances: présidente du jeune barreau, du bureau d’aide juridique aussi. Des personnes qui m’ont précédée m’ont proposé de postuler. J’ai été élue vice-bâtonnière en 2020 et bâtonnière en 2022 et ce jusqu’au 31 août 2024. Néanmoins, après une année, il faut se représenter. J’imagine que c’est une forme de contrôle pour voir si la bâtonnière ne fait pas n’importe quoi.
Quel est votre rôle ?
Porter le bâton, donc prendre des décisions, gérer les conflits entre justiciables et avocats, entre avocats aussi parfois. Les questions de conflits d’intérêts également. Je chapeaute le Conseil de l’ordre de Tournai. On s’occupe des relations avec les magistrats. Avec mes homologues francophones et germanophones, une fois par mois, on se réunit à Bruxelles.
Qu’une femme occupe ce poste, c’est anecdotique ou au contraire fort important ?
Anecdotique, non. Je ne suis que la deuxième femme après Me Poncin à Tournai. Certains barreaux n’ont jamais eu de femmes à leur tête. C’est assez paradoxal puisque le milieu s’est féminisé. Mais en matière de représentativité dans les instances, il y a encore du chemin. Je suis peut-être plus sensible à certaines problématiques que les femmes peuvent rencontrer dans le monde du travail, à la difficulté de coupler boulot prenant et vie de famille.
Parvenez-vous encore à dégager du temps pour votre cabinet ?
Il faut continuer à le faire tourner. Bâtonnière, ça correspond à un mi-temps. J’ai la chance de pouvoir compter sur une bonne équipe au secrétariat de l’Ordre. J’ai aussi d’autres activités. Je suis investie dans Amnesty, dans l’association belgo-palestinienne aussi. J’ai fait beaucoup de théâtre mais ça, j’ai dû mettre entre parenthèses. Et puis, je suis conseillère communale dans l’opposition à Mouscron. J’ai été élue et je me dois donc de respecter cet engagement.
Quels sont les traits de caractère requis pour devenir bâtonnière ?
Il faut un peu de leadership, savoir animer et gérer des groupes. Maintenant, il ne faut pas arriver et se dire qu’on sait tout. Je me base sur le travail et les conseils de mes prédécesseurs. Ce qui n’empêche pas de développer des projets.
Quels sont les vôtres ?
Intégrer les jeunes par rapport au Conseil de l’Ordre. C’est important pour l’avenir de la profession. Nous faisons un métier passionnant mais difficile, stressant et énergivore. Il faut donc assurer l’avenir. Une formation aux premiers secours ne serait pas superflue non plus afin de pouvoir réagir dans n’importe quelle situation si un collègue a un problème. Le cas s’est déjà produit.
Au terme de votre mandat, resterez-vous dans les instances ?
Après un mandat de bâtonnière, on reste encore un an au Conseil de l’Ordre. Mais je ne serai pas la mauvaise belle-mère.