"Avez-vous un plan si cela se reproduit ? " interroge Caroline Leruth, une rescapée de l’attentat de l’aéroport de Zaventem
"Pourquoi les secours ont-ils mis autant de temps à arriver ?", a lancé Caroline Leruth, témoin des attentats à Zaventem le 22 mars 2016, à la barre de la cour d’assises de Bruxelles. La Tournaisienne a dévoilé des photos prises quelques instants après les explosions qui démontrent l’absence de services de secours durant plus d’une demi-heure.
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Publié le 09-03-2023 à 09h41 - Mis à jour le 09-03-2023 à 09h42
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Caroline Leruth, rescapée de l’attentat de l’aéroport de Zaventem, ne comptait pas venir témoigner à la barre de la cour d’assises de Bruxelles. À l’entame du procès, elle déplorait un manque de reconnaissance pour les victimes et craignait des débats qui laissent ses questions sans réponses.
Elle est néanmoins heureuse d’avoir pu se libérer en expliquant son 22 mars 2016 et en faisant face aux accusés. "Je suis face à vous aujourd’hui grâce à votre lâcheté, je ne vous en veux pas, les interpelle-t-elle, et particulièrement à Mohammed Abrini. Je ne comprends pas votre désir de semer la haine, mais ce que je comprends, c’est que des milliers de bombes ne changeront jamais rien au désir de la majorité de s’aider, de s’entraider et de s’aimer. Autrement dit, you loose (NDLR: vous avez perdu) !"
C’est par l’avocat général que la Tournaisienne, expatriée aux États-Unis, avait été invitée à témoigner. Pour sa déclaration, mais surtout pour les photos qu’elle a prises au cœur du chaos, quelques minutes après les explosions. "Des photos intéressantes pour les jurés parce qu’elles montrent le hall de l’aéroport, et les victimes juste après les attentats, et avant que les secours arrivent…", fait remarquer la présidente de la cour d’assises.
Caroline Leruth a néanmoins préféré que certains clichés ne soient pas projetés dans la salle. "Par respect des victimes", explique-t-elle. Comme celle d’un couple, d’une femme grièvement blessée au chevet de son mari qui décédera quelques instants plus tard.
"Comme l’écriture d’un livre, ces photos ont été importantes pour moi, relate-t-elle. Elles m’ont permis de mettre des images et des mots sur ce que j’ai vécu… sur l’horreur ! Ce n’était pas un cauchemar, c’était la réalité… Ces images sont aussi une preuve temporelle de la séquence des événements, et elles permettent de montrer que les premiers secours apparaissent plus de trente minutes après l’explosion, au niveau de la rangée 6."
Une lenteur de réaction qu’elle ne comprend toujours pas près de sept ans plus tard. "Pourquoi les secours ont-ils mis autant de temps à arriver ? Où était le plan d’urgence ? Qui devait l’exécuter ? Comment des divergences linguistiques ont-elles pu empêcher de sauver des vies ?, interroge-t-elle. Et surtout, maintenant avez-vous un plan si cela se reproduit ?"
Dans l’attente de l’arrivée des premiers secours, la Tournaisienne est allée auprès des victimes. "Après les explosions, on se met en état d’alerte. On ne pense qu’à se protéger et à se mettre à l’abri… Je suis ainsi sortie de l’aéroport et cachée derrière un banc. Et puis on reprend ses esprits, et on se rend compte de la réalité et ce qui se passe autour de nous, on voit des gens en sang et des débris, et on se rappelle qu’il y a des gens à l’intérieur de l’aéroport ! Il fallait que j’y retourne pour aider les personnes blessées, en essayant de les extraire des amas de débris ou en faisant un garrot. Mais face à un tel chaos et de telles blessures, on se sent seuls et impuissants…."
Ce vécu, elle a pu le partager, à la sortie de l’audience, avec Pierre-Yves Desaive, qui a également porté secours aux victimes et qui témoignera la semaine prochaine.