Séisme en Turquie: deux pompiers de Wallonie picarde ont porté secours aux blessés
Intégrés à l’équipe B-FAST, Michel Hennaut et Xavier Volcher sont revenus de l’une des zones les plus dévastées par le séisme, au sud de la Turquie. Ces pompiers ont prêté main-forte aux secouristes de l’hôpital de campagne.
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Publié le 01-03-2023 à 21h56 - Mis à jour le 01-03-2023 à 21h59
Le terrible séisme qui a frappé, le 6 février dernier, le sud-est de la Turquie et le nord de la Syrie a laissé derrière lui des dizaines de milliers de familles endeuillées. Les images des zones touchées suffisent à mesurer l’ampleur du désastre, avec un bilan humain qui fait froid dans le dos : plus de 50 000 morts.
Sur place, l’aide internationale continue de s’organiser, notamment pour prendre en charge les nombreux blessés.
Dimanche soir, la première équipe de secouristes de B-FAST était de retour en Belgique, après avoir rempli une mission d’une quinzaine de jours au sein de l’hôpital de campagne installé à Kirikhan (sud de la Turquie).

Parmi les 76 volontaires présents, Michel Hennaut et Xavier Volcher, pompiers à la zone de secours de Wallonie picarde (postes de Blaton et Rebaix), ont vécu une expérience très intense sur le plan émotionnel. Dès leur sortie de l’avion militaire qui avait décollé de la base de Melsbroek, le 14 février, ces infirmiers de formation ont été plongés dans la dure réalité de terrain. Entre les maisons éventrées, les immeubles réduits à l’état de ruines et les camps de fortune aménagés par les sinistrés, ce sont des paysages de désolation qui ont défilé sous leurs yeux.
"Je n’ai pas hésité un instant à m’engager quand B-FAST a lancé un appel à volontaires. Porter secours aux gens fait partie de notre métier et j’ai toujours eu ça dans le sang", nous dit Michel Hennaut, citoyen chiévrois.

Une fois arrivés à Kirikhan, près de la frontière syrienne, Michel et Xavier ont participé à la mise en place de l’hôpital de campagne et de ses 50 tentes, dressés en un temps record.
L’hôpital de campagne, une prouesse
"C’est une prouesse d’avoir réussi à monter en une semaine une telle structure, en la dotant d’une salle d’opération, d’un bloc accouchements, d’un service d’urgences, de salles de pédiatrie et de radiologie… Cet hôpital presque classique en termes d’équipements respecte les standards de qualité d’accueil des patients, sans lésiner sur les mesures d’hygiène. Je tire aussi mon chapeau aux logisticiens qui ont permis au site d’être chauffé et raccordé à l’eau, l’électricité… ", souligne M. Hennaut, pompier professionnel à la zone de secours Wapi.

Tandis que son collègue athois Xavier était mobilisé aux soins intensifs, Michel est venu prêter main-forte aux urgences. "On a vu défiler énormément d’habitants blessés directement ou indirectement par le séisme. La plupart sont contraints de vivre dans des conditions difficiles, sous tentes. Il y avait beaucoup de pathologies à traiter: des traumatismes crâniens, des fractures, des troubles cardio-pulmonaires de personnes privées d’accès à leur traitement médicamenteux… On a aussi été confrontés à des enfants brûlés suite à des accidents domestiques sur les camps montés à la hâte par la population."

En incluant l’équipe logistique, une centaine de praticiens bénévoles (médecins, chirurgiens, infirmiers, gynécologues…) travaillent dans ce centre hospitalier temporaire, 24 h sur 24.
Disposant de 20 lits d’hospitalisation, l’infrastructure de B-FAST a déjà pris en charge plus de 1500 citoyens turcs meurtris dans leur chair. Sans ce site, les habitants seraient dans le dénuement le plus complet, les deux hôpitaux de la région ayant été fortement endommagés par le séisme.
Une population meurtrie très reconnaissante

Malgré les dégâts immenses et la détresse humaine, Michel Hennaut retient de bons souvenirs de sa mission dans cette zone ravagée, à près de 4 000 km de la Belgique.
Le Wallon picard confesse avoir été impressionné par la dignité et l’extrême générosité de la population locale. "J’ai été marqué par la reconnaissance des blessés et de leurs familles à l’égard des secouristes. C’est touchant. Ces familles ont tout perdu mais certaines tiennent absolument à nous remercier par des cadeaux, comme des bouquets de fleurs ou des dessins d’enfants. Je tiens par ailleurs à souligner la très bonne collaboration avec les services de secours locaux, les autres volontaires des équipes médicales sans oublier les interprètes. Face à pareil événement, ils jouent un rôle crucial en nous aidant à comprendre les pathologies des malades et les facteurs de gravité."
Aussi aux côtés des victimes du séisme à Haïti en 2010
À l’instar de son collègue pompier Xavier Volcher, Michel Hennaut n’en était pas à sa première mission avec le groupe d’intervention humanitaire d’urgence B-FAST.
"En 2010, je suis parti à Haïti qui avait aussi été secoué par un violent tremblement de terre, assez comparable (dommages matériels et types de blessures) à celui survenu en Turquie et en Syrie. L’offre de soins n’était cependant pas aussi développée car le dispositif se limitait à 4 tentes ", ponctue le secouriste attaché au poste de Blaton.