Tribunal de Tournai: le costume lui allait trop bien donc il l’a gardé !
Le prévenu avait découvert dans un centre commercial un sac contenant des vêtements. Il aurait dû aller aux objets trouvés...
Publié le 22-02-2023 à 17h00
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Trouver des objets n’équivaut pas à les posséder. Mathieu (prénom d’emprunt), 34 ans, ne le savait visiblement pas quand il a embarqué un sac contenant un costume, une chemise et deux gilets. C’était l’an dernier au centre commercial des Bastions (Tournai), près d’un carrousel.
Une dame qui faisait ses achats avait oublié son précieux paquet, d’une valeur totale de 443 €. Le prévenu aurait bien consenti à le lui rendre… moyennant un dédommagement de 100 € !
La présidente lui a dit que les choses ne fonctionnaient pas de cette manière, lui rappelant les préceptes du Code pénal. "Quand je trouve quelque chose, c’est à moi, soutient le prévenu. En plus, la dame voulait me mettre au tribunal alors que je n’ai rien fait. Plus jeune, j’ai été placé deux fois en IPPJ. J’ai 34 ans aujourd’hui. Je suis au CPAS et je suis un toxicomane. J’ai un traitement à la méthadone depuis 15 ans. Si je n’avais pas mes parents, je serais perdu.
Pourquoi m’amener devant le tribunal ? Je n’ai pas d’argent. Je suis insolvable. Je ne pense qu’à fumer, de l’héroïne et des joints. Je me rends à Lille tous les deux ou trois jours pour m’acheter pour 10 euros de produits. Les policiers me connaissent bien là-bas. Ils m’interpellent toujours.”
En réalité, le prévenu a déjà fait l’objet de nombreuses condamnations en France. Une seule en Belgique.
La présidente a donné la parole à la dame, en pleurs. En une phrase, elle a retourné toute la salle : "Monsieur sait peut-être nous rembourser notre costume s’il sait payer 10 euros tous les deux jours pour sa drogue".
Tout est dit! Elle a précisé que ces achats avaient été effectués pour un mariage. Elle avait dû refaire des frais vestimentaires pour pouvoir y aller.
"Le sac, vous l’auriez rendu, il ne se passait rien, a lancé le ministère public à Mathieu. Le but de monsieur était de revendre le tout un peu plus cher afin de réaliser un bénéfice. Il n’y a pas de remise en question dans son chef. Je requiers 18 mois".
Rendre le costume ?
Le ministère public s’est énervé après avoir été interrompu au moins quatre fois par le prévenu. Lorsque ce dernier a eu la parole, il n’avait soi-disant plus rien à dire: "Je suis correct. 18 mois, c’est énorme. J’ai encore le costume. Si je le rends, ça changera quelque chose ? J’aurais dû aller aux objets trouvés, mais les vêtements étaient à peu près à ma taille. Je préfère une peine de travail plutôt que d’aller en prison".
La présidente lui a conseillé de restituer le costume, même si cet élément n’influence en rien le verdict. Jugement le 28 mars.