Restaurateur à Tournai, Naeem a perdu 19 proches dans le tremblement de terre en Syrie
Patron du restaurant Bel’Sy (Tournai), Naeem est anéanti face à la catastrophe qui secoue le nord de la Syrie. Une grande partie de sa famille est décédée suite à l’effondrement d’un immeuble.
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/AXHTPXKNJBFJTLV4OFL5H3B2HI.jpg)
Publié le 08-02-2023 à 17h00
:focal(545x417.5:555x407.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/IL54R5NANVBH7BFUSJCFCAJ6ZQ.jpg)
Deux jours que Naaem voit défiler sur son téléphone et sur les réseaux sociaux les images d’immeubles effondrés, de blessés sortis des décombres, de corps sans vie ainsi que les noms et photos des très nombreuses victimes. Et, s’il y a une publication qu’il peine particulièrement à regarder, c’est celle d’une liste de 19 noms, tous des membres de sa famille.
"Mes deux oncles sont décédés, ainsi que leurs enfants, mes cousins, et leurs petits enfants, explique, ému, le patron du restaurant Bel’Sy. Tous habitaient dans le même immeuble de 5 étages qui s’est totalement effondré suite au tremblement de terre. Leurs corps sans vie ont été retrouvés enfouis sous les décombres. Personne n’a survécu… Comme tant d’autres, notre famille a été complètement décimée. C’est un véritable drame !"
Seule petite lueur d’espoir ; ses parents, et sa sœur, sont sains et saufs. Ils vivaient également dans la zone touchée par le séisme, au nord de la Syrie, à la frontière avec la Turquie.
"Ils avaient quitté l’immeuble dans lequel vivait le reste de la famille parce que ma mère n’arrivait plus à monter les escaliers, ajoute le Tournaisien d’adoption. Ils habitaient donc dans une petite maison, en rez-de-chaussée, qui ne s’est pas effondré. Je suis quelque peu rassuré de les savoir en sécurité, et j’ai pu les joindre par téléphone. Si nous sommes quelque peu habitués aux secousses, ils me disaient qu’ils n’avaient jamais connu un tremblement de terre d’une telle intensité, et ils ont encore été confrontés à des secousses ces dernières heures."
Alors que Naaem est arrivé en tant que demandeur d’asile à Tournai il y a 7 ans, sa famille s’était réfugiée au nord de la Syrie, dans une zone "protégée" pour fuir le régime de Bachar el-Assad et la guerre menée par les troupes russes.
"Ce qui est encore plus dramatique, c’est que cela touche une population exilée et fragilisée, qui a été obligée de se loger dans des bâtiments en mauvais état, et donc plus fragiles en cas de tremblement de terre. De l’autre côté de la frontière, en Turquie, il y a eu aussi beaucoup de victimes syriennes, dont des connaissances…"
À près de 4 000 kilomètres de ses proches, Naeem se sent impuissant.
"Si je retourne en Syrie, je me fais arrêter et tuer… Je ne sais rien faire, et c’est d’autant plus difficile à vivre que l’aide internationale n’est toujours pas arrivée en Syrie ! Les Syriens doivent se débrouiller mais ils n’ont pas le matériel et les moyens nécessaires pour sauver les personnes sous les décombres et fournir de l’aide aux personnes sinistrées…"