Tebahide s’envoie en l’art au musée conçu par Victor Horta à Tournai (vidéo)
Après avoir joué, seul, dans un endroit incroyable (la " canopée " du musée des Beaux-Arts conçu par Victor Horta), le compositeur tournaisien de musique électronique Jean-François Herstens, alias Tebahide, s’apprête à sortir un deuxième single au printemps.
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Publié le 02-02-2023 à 15h25 - Mis à jour le 04-02-2023 à 10h41

"C ’est un projet assez introspectif, qui me correspond bien en tant que personne, dans les ambiances et les contrastes que je voulais y mettre. Une sorte de démarche thérapeutique aussi, dans la mesure où il était important d’aboutir, après avoir fait toute la chaîne le mieux possible, à quelque chose de concret et cohérent": Tebahide – c’est le nom d’artiste choisi par Jean-François Hertsens – évoque Placid, son premier album de musique électronique, "à l’atmosphère brumeuse, sombre et mélancolique", sorti l’an dernier. Sept instrumentaux, définis comme "des mélodies aériennes se mêlant à des sonorités organiques et profondes", qu’il a tous composés, à la maison.
Une famille de musiciens
Jean-François Hertsens a grandi dans une famille bien connue de musiciens: son papa Christian a notamment dirigé le groupe Agapé tandis que, du côté d’Ath, on retrouve son oncle Raphaël à l’Académie, dans des fanfares, un moment au sein de Lariguette, et à l’origine du groupe de reprises Zénith.
Le jeune Tournaisien a, derrière lui, plusieurs années de conservatoire (solfège et piano), des cours d’harmonie plus jazz avec Martial Host, des expériences "live" avec Zénit h, dans lequel il a rejoint, en tant que claviériste, son cousin David ou, pour quelques concerts, avec la formation pop-rock Behind the pines. Ingénieur son diplômé de l’IAD, il travaille dans un studio de production musicale à Lille et développe d’autres projets, comme musicien ou technicien, à partir de son propre studio, aménagé chez lui: ce fut le cas pour Solei l, le nouvel album d’Alexandre Deschamps qu’il a mixé et sur lequel il joue aussi: "un gros chantier".

Le Covid « positif » pour lui
Pour le musicien, le Covid ne s’est pas avéré une si mauvaise chose. Plus question de se produire ensemble en concert: "Alors, j’en ai profité pour passer du temps en studio, tester des petits trucs avec mes machines, triper sur des couleurs, sur des rythmes, des mélodies, apporter des modifications après les premières réactions. Les choses se sont passées de manière assez naturelle. Tout s’est construit petit à petit. Un premier morceau est arrivé et ça a été le déclenchement. les titres se sont enchaînés et pour une fois, j’étais content de mon travail. Pour un premier bébé, c’est un projet assez abouti. " Le single Wavering est sorti sur les plateformes en septembre 2021, l’album de Tebahide quelques semaines plus tard.
Une thébaïde, précise Jean-François, "c’est un endroit isolé, un peu reculé, recroquevillé dans la nature, propice à la réflexion… Ça correspondait pas mal au projet. J’ai juste enlevé les accents pour le simplifier et l’internationaliser." On retrouve dans Placid des sons électro bien sûr, rythmes asymétriques, boucles punchy… mais aussi des touches de batterie de David Herstens sur une plage, ou Ressouvenance, un titre majoritairement joué au piano, juste avec quelque tapis derrière.: "Je voulais regrouper des influences – cela va de l’Allemand Nils Frahm au collectif Massive Attack, en passant par le Français Rone, les Anglais Jon Hopkins et Rival Consoles ou les jazzmen Erik Truffaz et Avishai Cohen – que j’aime bien dans ce qui m’attire, la musique électronique mais d’un point de vue organique, avec du vivant, quelque chose qui se passe, et un aspect minimaliste, en intégrant par exemple le piano de manière assez feutrée. Il y a beaucoup de machines analogiques, et très peu de plug-ins numériques dans le processus. Ce côté ambient, atmosphérique, me parlait beaucoup. pour contraster avec le côté un peu rugueux, droit et sec, de l’électronique. Comme la petite touche, sans prétention, de jazz derrière certaines progressions d’accords ou de mélodies. J’aime bien jouer avec ces décalages. Des cycles rythmiques pas toujours cohérents mais qui, au final, forment un ensemble. C’est le challenge que je m’étais fixé".

« Un lieu aéré, qui respire… »
Dans la musique de Tebahide, le "climat" installé est important. L’endroit pouvant accueillir ses premiers clips devait l’être tout autant. Il l’a trouvé au sommet du musée des Beaux-Arts de Tournai, dans la toiture, entre le plafond et la verrière, un espace aux lumières changeantes qui n’est habituellement pas accessible, où il a pu se produire exceptionnellement alors que la température dépassait les 40 degrés: "Je ne remercierai jamais assez l’équipe du musée ; je voulais un lieu aéré, qui respire… Qu’il y ait un côté graphique, avec les lignes imaginées par Horta, autour de mes machines disposées en “U”, mais aussi que ce ne soit pas complètement clean. J’ai essayé de jouer un maximum ce que je pouvais faire, looper des riffs et des patterns en temps réels."
Le résultat de cette session live, qu’on doit aussi au talent du vidéaste tournaisien installé à Thieulain Anthony Henry, est superbe.
On vous invite à découvrir Take a Trip Down et Brume, en attendant la sortie d’un nouveau single au printemps et d’un EP à la fin de l’année.
Jean-François se sent également prêt à jouer dans de petits festivals, "sans doute en 2024, et accompagné d’un ou deux musiciens, un batteur et/ou un guitariste probablement ". Les retours sont positifs, les contacts avec divers réseaux également: "Ilreste juste maintenant à avoir l’étincelle pour que ça parte…"
Pascal LEPOUTTE