Ere : l’école spécialisée Les Colibris se bat pour la sauvegarde de l’ancienne église, son joyau oublié (vidéo)
Désacralisée il y a une trentaine d’années, l’église est un joyau oublié et renferme de superbes trésors. D’autres objets remarquables sont heureusement encore visibles et ont été remis en valeur.
Publié le 24-01-2023 à 12h17
Vendredi 3 décembre 1993, le dernier Père passioniste du couvent à Ere quitte définitivement les lieux.
Une décennie marquée par la désacralisation de la remarquable église et l’installation définitive de l’école spécialisée l’Etincelle, qui accueille 80 enfants en situation de handicap. Le patrimoine lui, est resté malgré l’exil des religieux couramment appelés les "pieds nus". Depuis quelques mois, plusieurs éléments remarquables désormais propriété de l’école ont connu une cure de jouvence.

Mais le plus important d’entre eux, l’ancienne église, attend désespérément une rénovation qui doit lui permettre de retrouver son lustre d’antan. "Avec les moyens mis à disposition par l’enseignement catholique, on ne peut pas concrétiser ce qu’on envisage depuis un moment pour l’ancienne église, à savoir des travaux qui permettraient de la rendre de nouveau accessible au public ponctuellement, pour des réceptions ou des événements culturels", déplore Sylvie Labarre.

La chef d’atelier nous accompagne pour une petite visite guidée. L’accès à l’ancien lieu de culte se fait par un dédale de pièces et de couloirs fréquentés par les jeunes. Puis, en poussant une porte, l’émerveillement. L’église se dévoile, ses fresques, son choeur, ses statues et cette impressionnante relique d’un enfant martyr (la statuette de cire renferme les ossements d’un véritable enfant). C’est un joyau oublié, heureusement pas encore en ruines. "Il y a plusieurs années, la Ville de Tournai a délimité un périmètre de sécurité, jugeant que l’édifice pouvait partiellement s’effondrer." Par chance, rien n’a bougé au sens propre. Mais rien n’a bougé non plus au sens figuré, puisque l’ancienne église attend toujours une intervention. "Il faut agir pour préserver ce lieu. En interne, on a même évoqué une autre piste que des fonds publics: peut-être devrait-on chercher un mécène, un généreux donateur", poursuit Sylvie Labarre.

Car à l’intérieur, les murs se décomposent, le temps et le manque d’entretien attaquent les fresques et menacent l’intégrité des statues. L’école ne veut pas se résoudre à voir disparaître une telle richesse insoupçonnée (y compris par les gens d’Ere). "Peut-être que le Diocèse s’emparera de la relique pour la sauvegarder. Ce serait un bon début, ça permettrait de remettre un coup de projecteur sur l’édifice et ses trésors ", conclut Sylvie Labarre.
Des restaurations pour « conserver le caractère sacré » du lieu
En face de l’école spécialisée se trouve le bosquet qui sert de parking pour le personnel. Et dans ce bosquet, d’autres objets remarquables sont, eux, à la vue de tous. Il suffit d’y prêter attention pour distinguer une statue de la Vierge Marie surplombant l’inscription "AVE MARIA" et une deuxième statue, de taille plus modeste, représentant Bernadette Soubirou. "Pourquoi nous avons procédé à leur restauration ? Avant de l’expliquer, il faut revenir sur la raison de leur présence", entame Sylvie Labarre. "Lorsque les Pères passionistes occupaient le Couvent, une jeune anglaise en pèlerinage aurait été témoin d’une apparition de la Vierge Marie, dans ce qui est aujourd’hui la cour de l’école." Une chapelle a d’abord été érigée à l’endroit de l’apparition divine, avant qu’elle ne disparaisse pour une grosse dalle de béton. Mais l’AVE MARIA et deux statues rappelle cet épisode en face de l’établissement.
Au départ des religieux, l’endroit a été de moins en moins entretenu. Les végétaux ont progressivement camouflé ce patrimoine, jusqu’à l’intervention de la professeur de dessin de l’Etincelle. "On veut conserver une trace de ce qui s’est passé de sacré ici. Il y a environ un an, la tête de Bernadette Soubirou ne tenait plus. Notre collègue a pris sur son temps libre pour repeindre et rénover les deux statues et l’inscription, après l’intervention d’un autre membre du personnel venu défriché. Le résultat ? Je crois qu’on arrive à mettre en évidence ce patrimoine. Ça avait du sens de le préserver."
Une cure de jouvence nécessaire et bientôt terminée, qui redonne ses lettres de noblesse à un endroit historique du village d’Ere.