Vers un rebond des ventes de voitures ? Les concessionnaires de Wallonie picarde sont plutôt optimistes
Après une année 2022 à oublier, les concessionnaires ont retrouvé le sourire en cette période cruciale du Salon de l’auto. " L’engouement semble revenu ", dit-on dans les garages Delbar (Tournai) et Gheysens (Mouscron).
Publié le 14-01-2023 à 10h12 - Mis à jour le 14-01-2023 à 10h13
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Le secteur automobile n’est pas mécontent de tirer un trait sur une année 2022 désastreuse. En cause, une cascade d’événements et de crises (Covid, guerre en Ukraine, inflation, flambée des coûts énergétiques) qui ont mis un gros coup de frein aux activités des constructeurs, fournisseurs et autres concessionnaires.
Le nombre d’immatriculations de voitures neuves en Belgique (366 000) a atteint en 2022 son niveau le plus bas depuis 1995.
"Par rapport aux particuliers, on sort d’une période catastrophique avec des ventes qui se sont écroulées (- 50%), affirme le gérant des garages Delbar (VW, Audi, Skoda, Seat et Cupra), établis à Tournai et Mouscron-Rekkem. Les multiples incertitudes, notamment sur le choix de la motorisation, ainsi que les délais d’attente ont refroidi les potentiels acheteurs. On a, fort heureusement, pu limiter la baisse à 3% grâce à l’énorme volume de véhicules de société (électriques ou hybrides) écoulés en 2022."
Les délais de livraison se réduisent
Aux commandes de la concession mouscronnoise Citroën, située à la chaussée de Dottignies, Olivier Gheysens confesse n’avoir jamais traversé une période aussi difficile depuis qu’il a repris les rênes de l’entreprise, il y a un peu plus de 30 ans.
" On affiche un recul de nos ventes d’environ 15% pour 2022. Le marché a été affecté par la pénurie d’équipements et de pièces électroniques (écrans tactiles, radars de recul…), ce qui a engendré un allongement des délais de livraison. Auparavant, nos clients obtenaient leur véhicule après 3 mois ; maintenant, on se situe autour de 6 mois d’attente, voire 9 mois pour certains modèles électriques.
Le durcissement des normes d’émissions et l’annonce de l’arrêt de la commercialisation des motorisations thermiques pour 2035 ont amené beaucoup de questionnements l’an passé. Les citoyens, qui ont moins roulé au plus fort de la pandémie, ont tendance à garder plus longtemps leur véhicule (NDLR: l’âge moyen du parc automobile belge est passé de 7 ans en 2017 à 10 ans). "Au garage Delbar, on parle de délais" normaux " sauf cas extrêmes (jusqu’à un an).
"Nous disposons d’un stock de près de 400 véhicules, disponibles tout de suite. On a pris les devants en précommandant énormément de modèles", indique Jean-François Delbar.
Des ventes conformes aux attentes
Alors que s’ouvre le Salon de l’auto ce samedi, les concessionnaires fondent beaucoup d’espoir dans cette période cruciale pour leur chiffre d’affaires. L’optimisme semble revenu avec les premiers signes d’un redémarrage. "On reçoit beaucoup de demandes depuis décembre. Il y a de l’engouement. Les gens s’informent, font des essais, comparent les prix… Le début du mois de janvier est toujours calme ; c’est à partir de maintenant que les particuliers vont commencer à prendre leur décision. Ces deux premiers mois sont très importants car on peut y réaliser 30% des contrats de vente de l’année", souligne le patron des concessions Delbar.
"Ce début d’année laisse augurer de meilleures perspectives, sachant que janvier représente normalement un quart de nos chiffres annuels. On sent un frémissement, une envie de notre clientèle de passer à autre chose. Les ventes sont pour l’instant conformes à nos attentes", abonde son homologue Olivier Gheysens.
Si la production n’est pas revenue à son rythme de croisière, on est sur le bon chemin. La rupture dans la chaîne d’approvisionnement des semi-conducteurs tend, peu à peu, à se résorber.
"On récupère des options qu’il avait fallu supprimer des catalogues mais les délais sont encore longs car le secteur doit aussi composer avec un manque de transporteurs de véhicules."
Dans un marché en pleine transition énergétique, l’acquisition de voitures électrifiées explose. Chez Delbar, cela correspond à près de la moitié des contrats conclus, principalement avec des sociétés. "Le marché est fort dépendant de la Chine, où des usines ont été fermées et des bateaux ont été bloqués durant la crise Covid. Les livraisons ont été impactées et il y a un retard à rattraper. Les fournisseurs chinois n’arrivent pas à suivre la demande, que ce soit au niveau des batteries, des moteurs…", explique de son côté le gérant du garage Gheysens.
La baisse du pouvoir d’achat et la crise énergétique ont aussi modifié les comportements. " Les prix de certaines voitures ont grimpé en flèche comme le VW Tiguan (42 000 €, contre 36 000 € précédemment). Compte tenu du contexte économique, pas mal de gens qui privilégiaient le neuf s’orientent désormais vers les véhicules d’occasion. Le budget est plus serré. Mais l’intérêt est là, d’autant que ces 3 dernières années, les particuliers ont beaucoup postposé leurs achats ", ponctue Jean-François Delbar.