Les hôpitaux continuent de souffrir de la triple épidémie qui sévit depuis un mois: exemples en Wallonie picarde
Depuis le mois de décembre, les hôpitaux sont sous pression en raison des multiples virus qui circulent parmi la population. La grippe, plus précoce cette année, et la bronchiolite sont venues s’ajouter au Covid. État des lieux dans les hôpitaux de Tournai, Mouscron et d’Ath.
Publié le 06-01-2023 à 09h04 - Mis à jour le 06-01-2023 à 09h52
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C’est une sacrée vague qui s’abat sur les soignants depuis plusieurs semaines. Et cette fois-ci, le coronavirus n’est plus l’unique responsable. La triple épidémie de grippe, bronchiolite à VRS (virus respiratoire syncytial) et de Covid met une forte pression sur les services hospitaliers belges. L’afflux important de malades laisse peu de répit à un personnel médical éreinté qui a énormément donné ces trois dernières années.
"L’activité est intense sans pour autant être submergé. On a vraisemblablement dépassé le pic mais on n’est jamais à l’abri d’un sursaut", nous dit Sophie Schraen, la responsable communication du Centre hospitalier de Mouscron (CHM).
La grippe fait des ravages: 47 fois plus de cas au CHM
"Si l’on compare les mois de décembre 2021 et 2022, nous avons 47 fois plus de cas de grippe et 8 fois plus d’hospitalisations. Les patients peuvent généralement rentrer chez eux sauf ceux ayant besoin d’oxygène. Le taux de vaccination est moins élevé mais on peut surtout expliquer cette hausse par le fait que les gens font moins attention aux gestes barrières et ne portent plus le masque. Il était encore obligatoire fin 2021, ce qui a permis de limiter la propagation des maladies virales." Le même raisonnement vaut pour les admissions liées au Covid et à la bronchiolite, qui s’attaque surtout aux bambins de 0 à 2 ans mais n’épargne plus les adultes.
Au CHM, si le nombre de personnes diagnostiquées positives au Covid est en net recul (NDLR: 11 fois moins de cas qu’en décembre 2021), il convient de relativiser les choses.
"Les citoyens réalisent aussi moins de tests PCR que durant la grosse période de crise, en se tournant plutôt vers les autotests disponibles en pharmacies. Pour la bronchiolite, la charge de travail est plus lourde que l’an passé, notamment en unité pédiatrique où les hospitalisations ont doublé. "
La situation reste tendue aux urgences
Le bout du tunnel semble aussi loin au CHwapi, où la situation reste tendue au sein des urgences, indique l’infectiologue Xavier Lemaire.
Les infections grippales, particulièrement précoces cet hiver, sévissent depuis le mois de décembre ; elles se déclarent habituellement vers la fin janvier.
"Le flux des maladies infectieuses est fatalement plus important qu’en été, car les citoyens sont davantage enfermés chez eux, dans des espaces moins ventilés. Ici, tout est un peu mélangé entre les 3 pathologies (grippe, bronchiolite et Covid), les symptômes étant assez similaires (toux, maux de gorge, fièvre… et dans certains cas des difficultés respiratoires). Les équipes médicales sont soumises à rude épreuve dans un contexte déjà difficile, tant physique que psychologique, depuis 3 ans. "
Une trentaine de lits sont actuellement occupés au centre hospitalier tournaisien par des personnes souffrant du Covid. Des chiffres supérieurs à ceux du 3 janvier 2021 (19 patients), mais les malades sont moins sujets à développer des formes graves grâce à la vaccination et à l’immunité collective acquise depuis le début de la pandémie.
"Aucun patient atteint du Covid ne se trouvait en soins intensifs ce mardi, alors qu’il y en avait 10 à la même date, l’an dernier", dit-on au CHwapi.
Les fêtes de fin d’année, traditionnels moments de retrouvailles en famille et entre amis, laissent craindre une explosion des cas de Covid. "La prudence doit être de mise car les prévisions sont souvent déjouées", tempère l’infectiologue Xavier Lemaire.
Même son de cloche du côté du CHM: "Il faut généralement attendre 2 à 3 semaines pour mesurer l’éventuel impact des fêtes. Pour l’instant, on ne constate pas de recrudescence des cas de Covid", ponctue Sophie Schraen.