Kain-Tournai : l’écrivaine Michèle Vilet s’en est allée
Poète, nouvelliste et romancière, elle disait avec force son amour pour la ville de Tournai, l’Escaut, les rives et écluses.
Publié le 05-01-2023 à 10h11 - Mis à jour le 05-01-2023 à 10h33
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C’est une grande figure tournaisienne qui vient de s’éteindre. Michèle Vilet (86 ans) faisait partie de la vie culturelle de sa ville. Autrice de nombreux ouvrages, elle enseigna la littérature à l’École normale de la rue des Carmes (aujourd’hui Haute École en Hainaut).
Une vie foisonnante

"Née à Tournai, j’ai l’Escaut pour rivière de vie. Je m’en suis éloignée, j’ai longé d’autres quais, d’autres berges. Rien n’y fait, c’est aux bords de l’Escaut que je reviens. Il y a entre lui et moi un lien indestructible. Cela remonte à l’enfance, évidemment." Cet extrait de l’album collectif "Méandres d’Escaut", publié en 2007 par le Centre Régional de la Photographie du Nord Pas-de-Calais, Michèle Vilet l’a décliné dans toutes ses langues françaises. Avec son frère, le photographe Jacques Vilet, elle est l’autrice de "Escaut Source-Océan" et de "Un lent départ". C’est en poésie qu’elle publie ses premiers écrits, notamment le militant "Guerilla" (éd. Le Temps de vivre), "Pas loin se profile l’écluse" (L’Atelier contemporain), Calcaire (La Bartavelle). Son roman "Pourquoi ai-je dit oui si vite ?" a obtenu, en 2002, le prix du Furet du Nord et de la Voix du Nord (Lille). Plus récemment, avec "80 pages" (Les Déjeuners sur l’herbe, 2019), Michèle livrait son récit de vie, avec des photographies de son frère Jacques.
Femme de théâtre, l’écrivaine créa, avec quelques passionnées, "Sortez vos plantes" et "Tous locataires", avant de rejoindre le groupe de poètes Unimuse. Elle fut également conseillère à la Maison de la culture et artisane de nombreux projets liés à l’écriture et à la lecture, de l’Ecrivanderie à Ville en Poésie. Cette vie foisonnante a entraîné, dans son sillage, des pionnières du féminisme ainsi que, jusqu’à aujourd’hui, de solides amitiés avec des artistes, musiciens et plasticiens. Tout intéressait Michèle Vilet, le cinéma d’auteurs, l’engagement social, les voyages, l’environnement. Si, retraitée, elle s’exila une dizaine d’années à Pécrot, jardinière dans le Brabant wallon, elle revint vivre à Kain, retrouvant ses "Rives reines" avec bonheur.
De très nombreux étudiants se souviennent de la pédagogue enthousiaste qui ne cessait de briser tabous et barrières, ouvrait des chemins inédits dans les domaines littéraires, sociaux, artistiques. À la famille et aux proches de Michèle Vilet, notre journal présente ses condoléances émues.