La Wallonie picarde, un terreau toujours plus fertile en brasseries
Lors de notre dernier relevé, qui datait d’avant le Covid, notre région comptait trente-trois " brasseries ". Elles sont désormais 38, dont 26 (et bientôt 28) produisant leurs bières sur site, tandis que deux ou trois autres projets semblent déjà bien avancés.
Publié le 08-12-2022 à 11h25 - Mis à jour le 08-12-2022 à 12h24
:focal(544.5x305.5:554.5x295.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/E4WX3XKNEJAWPG5PD6LPMBDM2I.jpg)
La Wallonie picarde reste plus que jamais le paradis de la bière et des brasseries. En octobre 2019, nous présumions que ce chiffre de "33" allait vite déborder. C’est fait: de Comines à Enghien, nous avons comptabilisé trente-huit brasseries ou "marques" faisant brasser leurs bières, selon leurs propres recettes, dans des installations de "confrères" (parfois en attendant de mettre en place leur chaîne de fabrication). Et cela, sans prendre en compte les nombreuses "bières à façon", de l’Anvinoise à la Whope, en passant par la Cellestine, la Chougle, la Lily triple d’Au Vieux Tournay, la Montrœuloise et bien d’autres encore. Le nombre de bières "made in Wapi" dépasserait ainsi les 250 !
Elles produisent 250 000 hectolitres à elles six !
On démarre ce tour d’horizon brassicole parla Brasserie Dubuisson (Pipaix), la plus ancienne de Wallonie, qui a sorti cette année une nouvelle bière fruitée – la deuxième après la Pêche Mel’Bush – à forte teneur d’alcool (8,5%): la Fram’Bush.
Surfant sur le succès de sa Paix-Dieu (mais elle sort aussi sept Bon-Secours et un stout), la B rasserie Caulier (Péruwelz), qui a agrandi ses installations, a annoncé sa volonté de plus que doubler sa capacité de production d’ici 2025 et donc de tendre vers les 100 000 hectolitres.
Sa Moinette et sa Saison restent des musts pour de nombreux zythophiles ou simples amateurs de bonnes bières: la Brasserie Dupont (Tourpes) propose aujourd’hui quinze marques, dont plusieurs bio, une pils, un stout, une blanche, une légère…
Mais en matière de gamme étendue, difficile de faire mieux que la Brasserie des Lé gendes– vingt références, même si une seule des trois Quintine Vintage mûrit à ce jour en barrique, réparties sur les deux sites de production, les Géants (Irchonwelz) et Quintine (Ellezelles) – et la Brasserie de Silly, avec ses dix-neuf références, qui produit aussi sans doute la seule bière en cannette (33 cl) vendue en Wallonie picarde avec sa pils Silly Bio. La brasserie syllienne continue à investir: de 25 000 hectolitres, elle compte passer à soixante mille d’ici 2028.
Des entreprises fières de brasser sur place
La Brasserie De Ranke (Dottignies) se situe juste derrière ces deux-là, avec seize bières différentes, dont certaines assez particulières comme la Mirakel (un mélange de différents lambics), une Kriek ou la Back to Black, une bière marron foncée, presque noire, de 9,5%, avec un taux d’amertume de 100 EBU (!). Imaginée pour les dix ans du Moeder Lambic, à Saint-Gilles, elle porte le nom d’un célèbre album d’Amy Winehouse.
La Brasserie de Brunehaut, à Rongy, la première brasserie 100% biologique de Wallonie picarde produit dix bières artisanales (dont plusieurs sans gluten) de haute fermentation. Cette brasserie, qui utilise de l’orge bio local, a été la première en Belgique à obtenir la certification B Corp, un label international indépendant attestant de leurs efforts en matière de durabilité. 70% de l’électricité est produite par les panneaux solaires installés sur les bâtiments.
À Templeuve, la Brasserie de Cazeau a installé sa nouvelle salle de brassage (trois cuves) qui permettra de produire 3 000 litres par jour. Un des prochains objectifs de Laurent Agache: une production énergétique propre à partir de panneaux solaires ou thermiques.
À côté de ses Diôle et de la Basèque, la Brasserie des Carrières (Basècles), qui fête ce mois-ci ses dix ans, a sorti deux nouvelles bières légères, la Hoppy, du genre saison un peu amère, et une autre vendue uniquement au fût, la 103, qui fait référence, à nouveau, à la fameuse mobylette avec laquelle les jeunes Julien Slabbinck et François Amorison avaient entrepris leur tour de Wallonie des brasseries… il y a vingt-deux ans !
À la Brasserie Kluiz, (Anseroeul), où l’on prévoit toujours de déménager dans l’ancienne brasserie d’Orroir, à côté des classiques que sont la Liedericq, la Triple, la Kluis des bois, la Gorille, la Sais o n (ou la Winter) et une IPA, on produit aussi la Kluizet (4,5%) et des "bières du moment" pour le Kluizbar, le restaurant-taverne situé à l’Enclus du Haut.
En plus d’accueillir d’autres brasseries et des associations, Frederick Baert, de l’ Authentique Brasserie à Blaton (qui a déménagé à quelques centaines de mètres de son site de production d’origine) continue à développer ses six bières phare et une "Noël".
À la Brasserie à Vapeur (Pipaix), classée Monument par la Région wallonne en 2020, Jean-Louis Dits continue à accueillir des visiteurs du monde entier, désireux de découvrir cette façon de brasser ancestrale, dans ce lieu témoin de la révolution industrielle de la fin du XIXe siècle. Sa gamme n’a pas changé: Saison de Pipaix, Vapeur en Folie et Vapeur cochonne.
Du côté de la Brasserie du Val de Dendre (Ollignies), on manque rarement une occasion de faire la fête avec les amis. Après avoir lancé la Brute, François Couvreur a poursuivi avec sa Pure, la Pure Triple ou une Puregnac. Il a aussi créé une Puerto et la Pure Malt, élevées respectivement dans des barriques de porto et de whisky.
La bouteille de la Bière d’amour, de la Brasserie La Frasnoise (Frasnes-lez-Buissenal), a fait, comme bien d’autres, son entrée dans l’estaminet du Musée du folklore et des imaginaires de Tournai. Et on continue à trouver la Givrée, la Rétro, la Crasse Pinte et la Tijézu dans les rayons des commerces de la région.
Des noms qui font « rockent » ou qui font rêver
Dans l’enceinte de Pairi Daiza, la Brasserie de Cambron (Brugelette) a commencé par des produits classiques: une blonde, une brune et une ambrée. Après une bière à la cerise, elle a lancé la XMAS, une Kolibri (5%, avec une épice peu commune, la graine de paradis) et l’Elixir, une ambrée titrant 7%.
Chez Nectar Bohème (Pottes), on est toujours très actif: après La Rose des Vents, la Mémoire des Clans, la Douceur paysanne…, Stéphane Renard a concocté À la Belle Saison, plusieurs "maturées" (barriques de rhum jamaïcain, cognac ou chardonnay), mais aussi une série Petite Balade: d’Elisa (saison aux fleurs de sureau), en Arménie (sour abricot), d’Alex, des eaux de Cologne…
Elle a vu le jour avec une série baptisée "La Poste" et une autre "W" conditionnées en bouteilles de 75 cl: à Warneton, la microbrasserie La Poste vend ses bières aux noms sympas (Dans les yeux d’Émilie, Riff Raff, Highway Star…) dans le bar "La Malle Poste", qui est aussi un musée, et produit par ailleurs sur mesure en adaptant le brassin aux petites structures.
Les éphémères ont la cote
Pour la Mosquito Brasserie à Vezon, cela part aussi dans tous les sens: Rasta Moine Minty fresh mood, Ice Bear, Amber Chili Pepper, La Grande blonde avec une capsule noire, Bouffée verte, Ride my beer… des bières présentes comme "uniques et authentiques"
Ce n’est pas si courant: à la Brass erie Deforest (Tournai), le brasseur est une jeune femme, Alyssandre – elles restent, hélas, peu nombreuses – qui a créé la Préface, bière de caractère se déclinant en plusieurs variétés..
À Lesdain, la Brasserie du Grand Mir (le surnom du papa de la propriétaire des lieux, Pascale, qu’il tirait de son père à lui, Casimir) de Philippe Vandamme a acquis en quelques mois une fameuse réputation, ses sept bières bio (blonde, brune, ambrée, rubis, noire, festive et saison) se distinguant régulièrement dans des concours internationaux.
À Mouscron, Vivement Dimanche multiplie les projets: après la Passerelle (le nom de la rue où ils sont installés) sont ainsi venus leBrassin zéro, une Triple Hurlu, des Impro (pils, black IPA, Saison Mosaic…), etc.
Après avoir fait produire ses bières à l’Authentique Brasserie et chez De Ranke, Sébastien De Roeck, de Spits Beer, brasse à Péronnes une Spits blonde, une Spits brune, une Spits blanche et une triple Spits.
Les Brasseries de Flobecq, du John Christian Kavakure, le Black Brasseur Belge, sont toujours situées à… Péruwelz. trois bières forment la gamme "FLO": la 58, la Yellow et la Red.
Cela "mousse" aussi pas mal du côté d’Enghien avec la Bière à la Ferme (Triple Fourche et Saison de Ferme) que notre journal vous a présentée récemment, et la Brasserie Van Caillie (journal du jour), qui a lancé quatre bières: une Plutôt Blonde, une Plutôt Brune, une Plutôt Rouge et une Plutôt IPA.
Les vingt-six brasseries évoquées ci-dessus produisent toutes sur leur site. Elles seront bientôt rejointes par Pom d’Happy (Ellezelles), qui fait brasser actuellement sa GUS et sa Saison (en 75 cl) chez Kluiz, mais poursuit l’aménagement de ses propres cuves aux Quatre Vents. À Tournai, dans la rue de Monnel, la Brasserie des Ambrumes devrait également voir le jour. Le premier brassin aura normalement lieu en janvier et on devrait donc pouvoir déguster la première bière en mars.
Des bières brassées ailleurs
Certaines "brasseries" ont mis au point des recettes, mais font produire leurs bières ailleurs.
La plus importante est sans doute la Brasserie Vanuxeem (Ploegsteert), qui commercialise six Queue de charrue brassées en Flandre (Verhaeghe à Vichte et Van Steenberge à Ertvelde) et à la Brasserie du Bocq, à Purnode.
La Brasserie de Blicquy a élargi sa gamme avec la Bière de Blicquy, Super Export et Sweet Sixteen qui sont faites à la Brasserie des Légendes et chez Authentique Brasserie.
À côté de sa gamme annuelle (Lalaing blonde florale et Lalaing Triple), Max Craft Beer – Bières de Lalaing en développe d’autres: Dry Hop, Dragon, Stalin Line… à l’Authentique Brasserie. C’est le cas également de La Bigote (Tournai): Thomas Monserez utilise les installations de Frederick Baert à Blaton pour brasser la Bigote blonde, la Dry stout, la Puerh Tea, la Noble village et la Saison des poètes bio. Pour La Goutte (Ligne), qui se décline en blonde, en triple, et en Noël, Nicolas Baert, le neveu de Frederick, fait confiance à son oncle brasseur.
De Ranke accueille la Brasserie Jean Tout Seul (Bois-de-Lessines) pour La Trompeuse et La Fidèle, et la Brasserie Béquin (Mouscron) avec ses Mouscronnoise, La Petite Mousse ou 77 0 0. Les huit bières de la Brasserie 28 (Marcq) sont fabriquées à Lochristi. La Baptiste et la Mountche de la Brasserie Bataille-Dumortier (Comines) sont faites par Strubbe à Ichtegem et Van Eecke (Watou). Pour sa Marmouset et sa Charmante, David Laby (Comines) a choisi de confier leur "confection" à la Brasserie Eutropius à Menin.
La Brasserie Purleuse (Ath) fait brasser ses Lucius, Hopaline et La Guyse chez Deseveaux à Boussu. Enfin, l’été prochain, The Hopster (Tournai) devrait commencer à brasser ses propres bières chez Nectar Bohème, à Pottes.