Place de stationnement à durée limitée à Templeuve : un débat tiré par les cheveux
Vous avez une permanente à faire dans le salon de coiffure ? Allez vous garer sur la place. Vous pensez que la coupe durera moins de 30 minutes ? Tentez la rue de Néchin, face au commerce, où une place de stationnement sera réglementée… Au conseil communal de Tournai, le débat était parfois tiré par les cheveux. Et les explications de la majorité ont fait dresser les cheveux sur la tête de certains conseillers d’opposition.
Publié le 05-12-2022 à 18h00 - Mis à jour le 05-12-2022 à 18h37
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Un règlement complémentaire inscrit à l’ordre du jour du dernier conseil communal de Tournai, relatif à la très classique police de roulage, a suscité quelques débats. De quoi s’agit-il ? De créer à Templeuve, rue de Néchin, un emplacement de stationnement à durée limitée (30 minutes) face à un salon de coiffure.
On apprend que la demande émane du gérant dudit salon ; celui-ci déplore les difficultés rencontrées par la clientèle pour accéder à son commerce à cause de voitures ventouses. Pour améliorer cette situation, les services de police préconisent la création d’un emplacement de stationnement à durée limitée (30 minutes) face au commerce. Le collège communal a proposé au conseil communal de voter ce règlement qui ne fait pas du tout l’unanimité. "On vise une meilleure rotation", indique l’échevin Philippe Robert, qui préside le conseil communal en l’absence du bourgmestre.
Emmanuel Vandecaveye (MR) se pose des questions quant à la durée fixée. "Une demi-heure pour aller chez le coiffeur, ça me paraît peu. Je vois mal une cliente sortir pour bouger son disque quand on est en train de lui faire une coloration ou une coupe". Léa Brulé (Ensemble) est du même avis. Elle se demande s’il ne serait pas plus judicieux et pertinent de fixer une durée plus longue, un vrai emplacement de type disque bleu. "Qui va se garer et risquer de se prendre un pv ? Au final, cette mesure ne sert à rien".
S’il n’y aura pas de contrôles, à quoi ça sert ?
Jean-François Letulle, échevin de la mobilité, resitue les choses: " On ne peut pas faire tout et n’importe quoi avec la mobilité. On fait avec ce qui existe légalement. Et aujourd’hui, ce qui existe légalement, c’est de prévoir des places d’arrêt rapide 30 minutes.
Certes ce n’est pas ce qui pourrait a priori convenir le mieux pour un salon de coiffure. Mais la réflexion ici n’a pas été de créer une place spécifique pour un salon de coiffure en particulier mais de le faire dans un secteur où il y a différents commerces. "
On apprend qu’il n’y aura pas de contrôle du respect de la durée de stationnement par City Parking. "Pour ce genre de places là, c’est avant tout la bonne volonté des automobilistes et le contrôle social qui fonctionnent. Si on veut mettre des places 30 minutes avec un véritable contrôle, on ne peut le faire que dans le cadre d’une réfection de voirie qui permettra de mettre en place des dispositifs permettant d’opérer des contrôles".
Deux conseillers templeuvois y vont de leur commentaire. Laurent Agache (écolo) estime qu’un client qui a besoin de plus d’une demi-heure peut se garer sur la place. "On n’est même pas à une minute de cet endroit. Il faut relativiser ce dont on discute". Louis Cousaert (PS) signale que le commerçant est un coiffeur pour hommes, sous-entendant qu’une demi-heure est suffisante.
Pas de quoi convaincre Léa Brulé. "Sur la vitrine, il est marqué femmes et hommes. Si on accède à la demande de cette commerçante, autant le faire de façon utile. Car si on ne prévoit pas de contrôles, à quoi bon ?"
Dominique Martin (PTB) pointe ce qu’elle appelle une "privatisation de l’espace public". "C’est cet aspect qui me pose un problème. Qu’allez-vous faire quand d’autres commerçants formuleront la même demande ? Comment allez-vous décider si ça peut se faire ou pas ? Je ne comprends pas comment vous amenez ça au vote sans aborder cette question."
S’il ne nie pas que la demande émane d’un particulier (c’est d’ailleurs stipulé dans le rapport de police), Jean-François Letulle n’admet pas pour autant que la ville privatiserait une place de stationnement. " La manière d’analyser et de répondre à la demande s’est faite après une réflexion à l’échelle d’un quartier. C’est surtout ça qu’il faut avoir à l’esprit. Il n’y a de toute façon aucune base légale qui permettrait à une personne de dire que cette place serait la sienne et celle de ses client(e)s".