Le Tournai d’avant: l’hôtel des anciens prêtres devenu (presque) particulier
Au milieu du XVIIIe siècle s’amorcent de grandes résolutions pour le Chapitre cathédral. Les locaux vétustes du Four Chapitre en bénéficient.
Publié le 28-09-2022 à 11h08 - Mis à jour le 28-09-2022 à 11h12
La décision du gouvernement autrichien refusant aux ayant droit, telles les congrégations et fondations, d’acheter de nouvelles terres bénéficiant ipso facto des droits de main-morte pousse nombre de gens d’église à utiliser leurs revenus à la construction/restauration d’édifices liés au culte.

Ainsi, le Chapitre demande au célèbre architecte milanais Pisani de procéder à un examen complet des structures de la cathédrale. Pisani présente divers projets le 26 juin 1752, dont la suppression du plafond de bois de la nef romane au profit d’une voûte d’arêtes en brique. Ce qui fut fait par l’architecte Michel Playez.

La fondation des Anciens Prêtres au Four Chapitre bénéficie de ces revenus neufs. Peu suivie, obsolète, il est d’autant plus nécessaire de la déménager que le collège Saint-Paul, voisin, lorgne le site pour s’agrandir.
Mais où ? ? Pour l’évêque Mgr De Salm-Reifferscheid, la solution est de loger les prêtres âgés au séminaire de Choiseul et de consacrer le surplus de la dotation à une aide en faveur des séminaristes peu fortunés.

Ce projet de 1753 soulève d’énormes controverses: éloignement de la cathédrale privant ces vieux prêtres des ressources de leurs messes et, tout aussi virulent, le refus de les placer sous l’autorité des quatre Jésuites régissant Choiseul,
L’impasse est levée par le doyen du Chapitre, Joseph-A Le Vaillant de la Bassarderie qui préconise "q ue la fondation des Anciens prêtres cède au collège sa maison avec pour compensation les fonds de terrain de la grange capitulaire, dont la face devant l’évêché servirait à faire une superbe bibliothèque sous laquelle seraient bâtis les logements nécessaires".
Après bien des tractations, les superficies sont mesurées. L’architecte Playez dresse en 1754 les plans des bâtiments existants et établit un devis dont il charge son confrère François-E Van Dael (reçu parmi les Prêtres émérites en 1799 à l’âge de 84 ans).
Ce document décrit dans un bâtiment en U, pavements, puits, écurie, salles de travail, 12 chambres des prêtres pourvus, dix cheminées, 51 portes et 89 fenêtres. Coût: 54.729 florins.

Les travaux débutent le 23 avril 1755. Et, heureuse surprise, les ouvriers occupés à creuser les fondations rencontrent un bloc de marbre grisâtre qu’exploite le tailleur de pierres Jérôme Denaux qui reçoit 32 florins pour la façon de la cheminée de marbre du réfectoire en 1760.

La translation des 20.000 livres de la bibliothèque capitulaire est l’objet de nouvelles discussions en 1757 ; pour s’y rendre, les chanoines et les invités passeront une petite porte, traverseront le bâtiment du quadrilatère puis l’escalier vers le collatéral nord.
La fin de l’an 1757 est consacrée à l’ornementation de la façade avec en 1760, la sculpture par Jérôme Denaux de l’allégorie des sciences et des arts sur une maquette de Nicolas Lecreux.

Le 8 avril 1760 entrent deux prêtres émérites dans un édifice coûtant tellement cher que le Chapitre vendra une partie notable de ses estampes de maîtres.

Mentir et disparaître
L’occupation française est source, dès 1792, de graves ennuis car la loi veut que l’édifice soit vendu comme bien national. Une astuce évite ce drame: on y admet des laïques et, devenu hospice, il est versé dans le giron des Hospices Civils (CPAS à ce jour).
Non, l’Histoire des Anciens prêtres ne sera jamais un long fleuve tranquille. Le 16 mai 1940, Tournai brûle sous les bombes. Gravement touché, l’immeuble des Anciens Prêtres est reconstruit et rouvert le 17 novembre 1969.

Fin 2006, les sept prêtres résidents et les Filles de la Divine Providence s’en vont. Le dernier acte.