Reconnaissance sur les pavés du Tour: «il y aura de la casse», assure Mathieu Criquielion (vidéo)
Mercredi, la cinquième étape du Tour de France reliera Lille à Arenberg et empruntera 19,7 kilomètres de pavés. Nous avons reconnu le final de l’étape avec Mathieu Criquielion, professionnel de 2004 à 2009 et fils de Claude Criquielion, champion du monde en 1984.
Publié le 05-07-2022 à 05h00
Jeudi 30 juin, 8 heures.Le rendez-vous est fixé au siège de l’équipe Intermarché Wanty-Gobert, où travaille Mathieu Criquielion.Le Lessinois n’est plus coureur professionnel depuis 2009, mais reste très attaché au monde du vélo.
De Tournai, nous rejoignons Eswars, un petit village de 350 âmes d’où part le deuxième des onze secteurs pavés de la cinquième étape. Le premier tronçon est situé à 77 kilomètres de l’arrivée, à 20 kilomètres de l’endroit que nous avons choisi pour débuter notre reconnaissance.

" À partir d’ici, les pavés s’enchaînent jusqu’à l’arrivée. " précise-t-on à Mathieu Criquielion. Dix secteurs en 56 bornes, c’est un menu copieux.Certains frôleront même l’indigestion sur un tel parcours.
Des secteurs «exigeants»
C’est l’heure d’enfourcher nos vélos pour un peu plus de deux heures de selle, sous un ciel chargé.La pluie ne nous abandonne que par intermittence." L’approche d’un secteur pavé est totalement différente selon la météo.Sur un pavé mouillé, les coureurs savent pertinemment qu’ils doivent être plus vigilants.Par temps sec, ils prennent plus de risques ", analyse Mathieu Criquielion." C’est ce qui m’interpelle car le deuxième secteur de la journée (le point de départ de notre reconnaissance) est en faux plat descendant. Le peloton l’abordera à plus de 60 km/h.Conjuguée à une bataille de plusieurs kilomètres pour se placer avant les premiers mètres de pavés, la course entre dans une phase dangereuse, voire critique. "

Les pavés s’enchaînent les uns après les autres et nous laissent peu de répit.L’état général des secteurs? " Ce ne sont pas les plus difficiles mais ils sont exigeants et nécessitent de bien rouler en haut du pavé, pour éviter les crevaisons. "

Les liaisons entre les secteurs sont piégeuses.Entre les portions exposées au vent et les traversées de village, les temps morts ne seront probablement pas nombreux. Sur les pavés (et peut-être même en dehors), tout peut arriver." Ce sont les coureurs qui font la course. Selon la formule consacrée, on ne gagnera pas le Tour sur cette étape, mais on peut le perdre ", reprend Mathieu Criquielion." Si un leader est piégé, on ne lui fera pas de cadeau.Surtout dans le final de l’étape. "
«Pour gagner, il faut être complet»
Les quatre derniers secteurs sont concentrés dans les 22 derniers kilomètres. La promesse d’un spectacle de tous les instants?Pas certain.Les deux dernières fois que le cortège du Tour de France a emprunté les pavés du Nord (2015 et 2018), le feu d’artifice s’était transformé en pétard mouillé.

Une dernière drache pour la route et nous arrivons sur la ligne droite finale, à Arenberg. Comment ne pas pousser une pointe jusqu’à la Trouée, lieu mythique de Paris-Roubaix? Mathieu n’est pas encore rassasié, contrairement à nous... Le coup de pédale de notre coéquipier du jour est encore très assuré et son expertise de spécialiste aura été précieuse pour vaincre cette reconnaissance.
" Certains estiment que les pavés n’ont rien à faire sur le Tour de France.Pour gagner, il faut être complet. Programmer une étape comme celle-ci ne me dérange pas.À condition que ce ne soit pas tous les ans. Mais disons le clairement, il y aura de la casse. "