Fillette « ligotée » à une chaise: comment réagir face à un enfant turbulent à l’école ?
Les enseignants se sentent parfois démunis face à des enfants qui présentent des problèmes de comportement. La mésaventure subie par une fillette de 4 ans scolarisée à Tournai, punie par ses institutrices en étant « ligotée » à une chaise, en est une illustration.
Publié le 22-06-2022 à 09h48 - Mis à jour le 22-06-2022 à 11h34
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L’histoire de cette jeune écolière tournaisienne attachée avec du scotch à une chaise a défrayé la chronique, mardi . Quelles sont les règles en matière de discipline et surtout quelles sont les limites à ne pas franchir lorsqu’il s’agit de punir un élève?
Marianne Leterme, directrice du centre PMS libre des écoles fondamentales et secondaires de Comines-Warneton nous apporte un éclairage intéressant sur ces questions: " La difficulté pour les établissements scolaires, c’est qu’ils doivent se baser sur leur règlement d’ordre intérieur, que les parents sont amenés à signer. Chaque école a la liberté d’imposer son propre code de (bonne) conduite . Tout dépend du projet pédagogique mis en œuvre par l’équipe d’enseignants et la direction ", affirme Mme Leterme.
Les centres psycho-médico-sociaux ne peuvent donc pas interférer dans ce cadre-là et encore moins dans les mesures qui pourraient être prises à l’égard des enseignant(e)s.
" Notre rôle, c’est surtout de soutenir et d’aider les écoles où sont scolarisés des enfants ayant des difficultés comportementales. On intervient comme personnes-ressources. Derrière des problèmes de comportement se cache toujours une réalité: l’enfant peut présenter des troubles de l’attention, être en grande souffrance sur le plan familial, vivre dans la précarité… Les facteurs sont multiples. "
Un effet contre-productif
La responsable du centre PMS insiste sur les conseils de participation qui existent dans les écoles et qui permettent, bien souvent, de désamorcer des "conflits". " Ces conseils donnent l’occasion aux enfants, encadrés par leur instituteur/trice, de discuter des problèmes qui ont pu survenir durant la semaine ."
Lorsque nous évoquons la punition infligée par les deux institutrices à la fillette de 2e maternelle, Marianne Leterme se dit " très heurtée par cette manière de faire. L’ effet est contre-productif. C’est difficile à entendre que l’on puisse être maltraitant vis-à-vis d’un enfant alors qu’on le sanctionne précisément pour des faits de violence. Il faut des sanctions pour ceux qui ont dépassé les bornes mais elles ne peuvent être disproportionnées. L’enfant a besoin d’un cadre et de règles qu’il ne peut outrepasser. La punition aura une influence beaucoup plus positive si l’on privilégie les gestes réparateurs, comme des travaux d’intérêt général (balayer la classe, aider lors des dîners…) envers les élèves qui frappent par exemple leurs camarades de classe. »