Le Fou du Roi est un peu Tournaisien et il est à Binche
Pour son exposition temporaire « Bouffons ! Éloge de la Fou’losophie », le musée international du Carnaval et du Masque de Binche a pu compter sur de précieux prêts tournaisiens.
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- Publié le 09-05-2022 à 07h30
- Mis à jour le 06-09-2023 à 11h47
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Inaugurée il y a plusieurs semaines, la nouvelle exposition du musée binchois démasque la véritable nature des Bouffons, ces "amuseurs professionnels" ambigus. Fous du roi, valets,… ils prennent de nombreuses formes et sont souvent sujets à des représentations masquées.
Retraçant les trajectoires rocambolesques de ces avatars de la Folie qui ont envahi le monde carnavalesque, le parcours découverte est le fruit d’une collaboration entre plusieurs institutions muséales. Sur les 124 pièces exposées, 69 sont des prêts provenant de Liège, du nord de la France et de Tournai. Un espace entier est consacré aux marionnettes du musée des arts de la Marionnette, notamment les Poriginelles, mises en dépôt précédemment par le musée de Folklore et des Imaginaires. "On a toujours considéré la marionnette comme une cousine du masque" , confie Lucie Smolderen, commissaire de l’exposition et responsable scientifique. "Elle a toujours voyagé. Chaque région va créer son héros populaire, son bouffon qui parle le langage du peuple. À Tournai, on pense au Jacques, le valet du roi" , souligne Robin Legge, responsable des collections du musée de la marionnette. L’attachement et la fierté de ces deux villes pour leur patrimoine respectif sont manifestes.
Mille ans d’histoire à travers une série d’univers
La visite démarre par les accessoires du Fou: la marotte, la vessie de porc, la queue de renard, la saucisse, le coqueluchon. "En fait, on s’est aperçu que beaucoup d’objets carnavalesques contemporains font référence à un répertoire ancien lié à la folie. Le grelot par exemple, symbolise la tête vide du bouffon dans laquelle roule la pierre de la folie et c’est cela qu’on entend tinter." L’identité du personnage se dessine peu à peu. Diabolisé par l’église depuis le Moyen Âge, il se professionnalise progressivement et devient un plaisant du Roi "à titre d’office" . Il provoque rires et indignations. Les iconographies, l’essor de la gravure et plus tard, l’envolée des journaux participent au succès du bouffon. "Les valets s’affirment aussi sur les planches. Dans une pièce de l’expo, des personnages grandeur nature de la Commedia dell’arte. Arlequin et Polichinelle sont sûrement les plus connus. Affublée de sa combinaison à losanges, la figure satirique incarne la résistance face aux dominants. Elle se décline en marionnette."
Clou du spectacle, les visiteurs peuvent assister à un banquet où treize personnages venus des quatre coins de l’Europe ripaillent en tout excès. Le Gille de Binche est au centre. "Il porte à la fois son masque et son chapeau. C’est quelque chose qui ne se fait plus aujourd’hui. Le Gille fait partie de ces figures héritées de la Commedia dell’arte." Lucie Smolderen poursuit: "L’exposition est originale, car elle est transversale. On est sorti de notre zone de confort. On a tenté d’appréhender mille ans d’histoire à travers une série d’univers." Une place importante est également donnée à la médiation. "Il y a plusieurs niveaux de lecture en fonction du public."
Au vu de ces liens florissants, il n’est pas improbable que de prochaines collaborations entre les trois musées soient imaginées.
Jusqu’au 11 septembre. 064/33.57.41. Fermé le lundi.