Wapi : les concessionnaires accusent le coup avec des ventes qui s'écroulent
Pouvoir d’achat en berne, conflit en Ukraine, pénurie de semi-conducteurs qui allonge les délais de livraisons…, le secteur automobile souffre de la conjoncture actuelle. Chez les concessionnaires, on enregistre un recul significatif des ventes.
Publié le 12-04-2022 à 06h00
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Le premier trimestre de l’année est généralement une période faste pour le marché automobile. Le secteur, qui espérait se redresser après avoir accumulé les coups durs depuis le début de la crise Covid, reste toutefois plongé dans la morosité.
Alors que l’année 2021 fut marquée par un recul de 11% des immatriculations de véhicules neufs, les chiffres ne sont guère plus glorieux pour les trois premiers mois de 2022 (-14,5% par rapport à la même période, l’an dernier). Les voyants sont donc au rouge, y compris chez les concessionnaires qui doivent composer avec un ralentissement de leur activité.
" Nous accusons une baisse de 26% du nombre de véhicules neufs vendus durant ce premier trimestre 2022. C’est assez significatif, mais notre marque Premium (les modèles DS) a dans le même temps progressé d’un quart. Du côté des livraisons, on est sur une diminution de 16%. On essaie d’être dynamique dans divers domaines en humanisant le plus possible notre approche vis-à-vis de nos clients.Notre équipe s’attache à maintenir le contact humain ", affirme François Bocquet, administrateur des concessions Citroën et DS, implantées à Tournai et Ath.
Dans les showrooms de Tornacum Motors et du Garage du Hainaut, les visiteurs se font très rares… " Mais les gens qui poussent nos portes ne sont pas des badauds , nuance le directeur. Beaucoup ont déjà pris leurs renseignements et la plupart du temps, cela débouche au bout d’un seul entretien à la signature d’un contrat de vente ."
Des reports d’achat par mesure de prudence
Si pas mal de particuliers freinent des quatre fers en postposant, voire en annulant, l’achat d’un nouveau véhicule, cela s’explique par un contexte actuel extrêmement difficile et parsemé d’incertitudes.
Une crise aussi de confiance
L’inflation, exacerbée par l’invasion russe en Ukraine, pèse lourdement sur le portefeuille des ménages. " On vit dans un environnement compliqué où l’on ressent un manque de confiance sur le marché économique. Il y a d’abord eu la crise sanitaire et maintenant la guerre en Ukraine qui a conduit à une explosion des prix des carburants, de l’énergie… Cela mine le moral des particuliers. Tous ces éléments font que les gens pensent davantage à thésauriser, en repoussant l’achat d’une voiture, afin de faire face à une éventuelle tuile ."
Le secteur automobile pâtit en outre d’une rupture dans la chaîne d’approvisionnement des semi-conducteurs. Cette pénurie mondiale de composants électroniques impacte aussi bien la production que la livraison des véhicules. Avec de sérieux retards à la clé.
" La pandémie a ralenti l’activité des constructeurs et la crise des semi-conducteurs ne sera sans doute pas résolue avant la fin de cette année. Le conflit armé en Ukraine a aussi eu des répercussions sur les prises de commandes car les citoyens sont inquiets face à la baisse de leur pouvoir d’achat " nous dit François Bocquet, le patron des garages Citroën de Tournai et d’Ath.
Des stocks réduits à peau de chagrin
En fonction de la marque ou du modèle, les délais peuvent varier de 3 ou 4mois à… 2 ans! De quoi refroidir ceux qui rêvent de s’installer rapidement derrière un nouveau volant.
" Assez étonnamment, l’attente est tout à fait raisonnable dans nos concessions. En moyenne, les clients doivent patienter entre 3 et 5 mois ", nous dit M. Bocquet.
Ceci dit, les stocks de véhicules neufs dans les garages ont fondu comme neige au soleil. Et le marché de l’occasion n’est pas en meilleure santé…
" Avant ces crises à répétition, nous disposions d’environ 300 voitures de stock, ce qui nous permettait de pallier les problèmes de mobilité des citoyens, suite à un accident par exemple. On était aussi en mesure de répondre aux personnes qui décidaient de remplacer leur véhicule, en raison de frais trop lourds à consentir. Avec la conjoncture actuelle, nous ne comptons plus que 15 à 20 voitures de stock. I l est désormais très rare de vendre un véhicule dans un délai de trois mois. "
Hybride, électrique ou thermique: «Les interrogations sont légion»
L’industrie automobile est à un tournant de son histoire. Le changement de mobilité enclenché par l’électrification accrue des véhicules suscite pas mal de questionnement au sein de la population. Faut-il mettre au rancart les moteurs essence ou diesel et privilégier les voitures dites "plus vertes"? " Face à cette transition qui s’amorce, les gens s’interrogent beaucoup, ce qui les pousse à attendre ", confirme notre interlocuteur.
Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir avant que le marché ne soit mature (temps de charge, nombre de bornes et leurs emplacements…).
" La part de ventes de voitures hybrides ou électriques frôle les 10% dans nos deux concessions Citroën (plus de 50% pour les DS) , précise François Bocquet. Dans les années à venir, un véhicule sur deux roulera avec ce type de motorisation. L’Europe et l’État belge poussent les sociétés à aller vers ce schéma d’électrification des parcs automobiles, en diminuant les avantages fiscaux pour les voitures thermiques. Ce qui est très clair depuis trois ou quatre ans, c’est que le diesel est de plus en plus boudé par les acheteurs. "