Le dernier héros du Racing s’en est allé

C'est dire si c'est une page de notre sport régional qui se tourne avec le décès d'un homme qui avait le foot dans le sang. Et pourtant, chacun se plaisait à rappeler que Jules n'avait fait son arrivée sur les terrains que relativement tardivement. À 14 ans – enfin officiellement car le principal intéressé rappelait, lui, ses premiers pas sur un terrain de foot "dès mes 10 ans, en 1939" – et déjà chez les "Rats", club avec lequel il allait donc connaître l'apogée il y a 66 ans quand, avec ses équipiers, il était rentré de Bruxelles avec la Coupe de Belgique sous le bras, battant 2-1 le CS Verviers en finale. Un fait d'arme qui avait profondément marqué le joueur qu'était Jules Devos. Les souvenirs de cette finale disputée au Heysel étaient intacts. "Il y avait énormément de monde. Un stade plein à craquer, nous avait-il rappelé en 2016 dans un article qu'on avait consacré aux 60 ans d'une victoire historique. De nombreux supporters tournaisiens avaient fait le déplacement jusqu'à la capitale. C'était un match crispant, Pol Deneubourg avait fait 1-0 mais Verviers avait égalisé. C'est Roger Lambrecht qui avait mis le but de notre victoire."

Comme Pol et Roger, Jules Devos faisait partie des onze joueurs qui ont eu l’honneur de fouler la pelouse bruxelloise le 10 juin 1956 en tant que titulaires. Il est devenu à jamais l’un des onze héros du football tournaisien au même titre que Michel Liénard, Roger Van Tyghem, Théo Gaillet, René Timmermans, René Chantry, Jean Leroy, Jean Dedonder et André Mangain.

C'est également sous le maillot du Racing que Jules a connu une saison au plus haut niveau national, en championnat de première division. C'était en 1958-59! "C'était aussi de fameux souvenirs, nous confiait-il. On est ainsi allé dans les plus beaux stades du pays. Pour un passionné de football comme je le suis, se produire à Sclessin, à Rocourt, au Bosuil, au Kiel ou au stade Marien était juste fantastique."

Originaire d'Avelgem et parfait bilingue, Jules Devos a également défendu les couleurs de Lessines, club où il a exercé par ailleurs comme joueur-entraîneur. C'est par la suite la casquette unique de coach qu'il porta, notamment à Audenarde, chez les Francs Borains et bien sûr au Racing, "son" club. "Le terrain de la Drève de Maire, c'était comme ma maison", disait-il.

Un attachement féroce aux couleurs noir et jaune qui ne l’avait pas empêché de soutenir le projet de fusion entre Unionistes et Racingmen en 2002 pour donner naissance au FC Tournai. Il en était devenu membre du comité, étant considéré tout un moment comme le bras droit de son ami Jean-Claude Stocman, se chargeant de missions de scouting et de recrutement de joueurs. Choses qu’il assurait à merveille, étant autant apprécié des deux côtés de la frontière linguistique.

À sa famille et à ses proches, la rédaction du Courrier présente ses plus sincères condoléances.