Wallonie picarde : "Ne pas stigmatiser les ambulances privées"
Moins bien remboursé, le transport non urgent génère parfois des factures salées. Selon Tanguy Fontaine, en bradant les prix, c’est la faillite!
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Publié le 26-01-2022 à 12h27
Tanguy Fontaine est le directeur d’Assistance Prévention Secours, une société d’ambulances privées basée à Tournai. Il a souhaité réagir à l’article paru dans notre édition du mardi 25 janvier sur le transport non urgent de malades, qui donne parfois lieu à de grosses factures.
"Il est vrai que lorsque j’établis des factures, très régulièrement, je m’étonne moi-même de la somme! Mais ce n’est pas pour cela que l’on profite de la situation, qu’il faut stigmatiser les ambulances privées. Contrairement au service 112, nous ne recevons aucun subside, c’est-à-dire que tous les frais sont à notre charge: l’amortissement de l’ambulance, le personnel, le carburant, etc.
D'accord, on coûte cher, mais on ne fait que s'aligner sur les tarifs définis par l'AViQ. Et, chez nous, nous ne facturons que 85% du barème maximal établi par l'AViQ! Si on commence à brader les prix, c'est la faillite assurée. Sans compter qu'avec la crise sanitaire, les frais ont augmenté: produits désinfectants, salopettes, masques, gants, etc. On en surconsomme!"
Téléphoner à sa mutuelle
Selon lui, là où le bât blesse, c'est au niveau des remboursements des mutuelles: "Depuis des années, on est en contact avec les ministères pour que la situation soit plus claire, mais rien ne bouge. La discussion est sans cesse remise. Certaines mutuelles remboursent mieux que d'autres et l'on ne sait jamais trop combien le patient reçoit de retour. Elles font aussi la séparation entre transport urgent et non urgent, remboursant moins ce dernier. Rien n'est clair!
Si j’ai un conseil à donner, c’est de téléphoner à sa mutuelle avant le transport pour se renseigner sur le coût et sur le remboursement. Et ne pas hésiter à demander un devis à plusieurs sociétés d’ambulance."
Les factures impayées: un fléau
Quant à Mutas, ce projet intermutualiste, il fonctionne très bien en Flandre, mais pas trop en Wallonie picarde: "Les services tardent vraiment à répondre. Pour l'instant, le système n'est pas efficace."
Pour ce qui est du copinage, il n'y croit pas: "Il y a 20 ans, j'aurais dit que cela pouvait exister. Aujourd'hui, ce n'est plus possible de tricher car nous sommes contrôlés en permanence. Par contre, on n'empêchera jamais quelqu'un de favoriser une connaissance, surtout si le patient est seul, que personne ne se soucie de lui. Parfois, la personne en charge de contacter la société d'ambulances prend tout simplement le premier numéro d'une liste".
Il n'empêche que les temps sont durs pour les ambulances privées: "Notre société possède trois ambulances et deux véhicules d'assistance sanitaire. Chaque année, nous faisons entre 1500 et 1700 transports. Les factures impayées, c'est un vrai fléau! En 18 mois, j'en ai pour une somme de 110 000€ alors que j'accepte systématiquement l'étalement du paiement. Elles sont dans les mains d'un huissier et j'ai également pris un avocat."