Un débordement d’amour fusionnel
Le Ramdam a inauguré officiellement sa 12e édition avec "La vraie famille" en présence du réalisateur Fabien Gorgeart. Les festivaliers ont été embarqués dans un tourbillon émotionnel.
Publié le 19-01-2022 à 06h00
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Se résoudre à laisser partir celui qui l’a toujours appelée
"Maman". Comment prendre assez de distance pour différencier son propre désir et l’intérêt de l’enfant? Cela semble être une équation alambiquée. Dans un lotissement pavillonnaire, Anna (Mélanie Thierry) mène une existence heureuse en compagnie de son mari (Lyes Salem), ses deux garçons et Simon (Gabriel Pavie), un petit bonhomme placé chez eux depuis l’âge de 18 mois.
Un jour, dans un bureau de l’Aide Sociale à l’Enfance, le voile se lève sur ce paradis artificiel. Le père biologique de Simon, Eddy (Félix Moati), souhaite récupérer la garde de son fils pour ainsi recréer un lien parental. L’annonce de cette future séparation est vécue comme un tremblement de terre pour la famille d’accueil.
Fabien Gorgeart qui signe le scénario, arrive à tisser autour de ce mélodrame humaniste remarquable, une simplicité empathique pleine de délicatesse.
Poignante introspection
Après "Diane a les épaules", son premier long-métrage
"qui était déjà une manière détournée de parler de la famille", le cinéaste continue de creuser l'ambiguë question de la maternité. Cette fois, c'est son propre vécu qui a guidé l'écriture de La vraie famille.
"Ma mère était accueillante familiale. Quand on lui a confié un enfant âgé de 18 mois, on lui a dit ''Aimez-le, mais pas trop''. À 6 ans, j'ai vu partir celui qui était devenu comme un frère. Il fallait trouver un juste milieu entre l'adulte réalisateur qui a envie de raconter cette histoire et le jeune qui a vécu cette situation. Le point que j'ai trouvé, c'était de faire un film sur le débordement d'amour et non pas sur le manque".
Fabien Gorgeart s'est également aidé des témoignages d'autres familles, d'éducateurs et d'assistants sociaux. Jamais il n'a retrouvé la trace de cet enfant accueilli. "J'ai cherché à le faire, mais quand je me suis lancé dans le scénario, j'ai abandonné. Je ne voulais pas lui imposer le fait de me revoir. Maintenant que le film est fait, peut-être qu'il lui arrivera comme une bouteille à la mer".
S’appuyer sur le réel
Mélanie Thierry, l'actrice principale, incarne avec justesse le rôle d'une "maman" déchirée entre cœur et raison. "Il y a eu comme un sentiment d'évidence lors de la sélection des personnages". Pour les enfants, le seul critère était qu'ils comprennent ce qu'ils allaient interpréter. "L'idée était de trouver un trio qui fonctionne. Le regard et la manière d'écouter de Simon m'ont séduit. Les acteurs ont tous passé une semaine de vacances ensemble. Et un jour, on a ajouté une caméra pour que les jeunes ne sentent pas le passage du réel à la fiction comme une pression. Ils ont fini par intégrer cette dynamique".
Le réalisateur poursuit: "Quand les deux plus grands ont vu que Mélanie parvenait à pleurer en un claquement de doigts, ils ont eu envie de faire pareil. C'était très motivant".
Toutes les chances ont été données à chaque partie. Le rôle d'Eddy, père biologique, a été difficile à raconter. "Je voulais qu'on puisse aimer ce mec directement afin de comprendre la place qu'il occupe".
La vraie famille sortira dans les salles le 16 février.
Places et pass encore disponibles sur le site www.ramdamfestival.be