Le centre de vaccination de Tournai quasi désert: les réservations pour le booster se sont effondrées
Après une excellente première semaine de janvier, on ne se bouscule plus pour aller se faire vacciner. À Tournai, la situation est inquiétante avec 70% de rendez-vous en moins.
Publié le 18-01-2022 à 17h40
:format(jpg):focal(544.5x369:554.5x359)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/ZBTHDSLLYRDTJEKX76MS7O2CVA.jpg)
À vrai dire, rien ne laissait présager un tel effondrement des réservations pour la dose booster. À la rentrée de janvier, le centre majeur de vaccination de Tournai tournait encore à plein régime avec quelque 2 200 injections (toutes doses confondues) par jour.
Quinze jours plus tard, c’est la soupe à la grimace. Le site de l’avenue de Maire, qui dispose de huit lignes, a vu sa fréquentation chuter de façon vertigineuse: – 70% cette semaine, ce qui représente seulement 600 vaccinations quotidiennes. Les mines déconfites de certains membres du personnel, ce mardi après-midi, en disaient long sur leur déception. Vers 14 h, on dénombrait à peine une dizaine de personnes dans la salle de repos.
«Pire que la semaine dernière…»
"Nous avons constaté une baisse des rendez-vous au milieu de la semaine dernière et depuis ce lundi, c'est encore pire. Le planning de vaccination est peu rempli et la semaine prochaine s'annonce aussi très calme. Or, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir, sachant qu'environ 50% de la population belge (adulte) a reçu son booster", explique le docteur Dominique Cardinale, directrice médicale du centre de Tournai.
Si le démarrage de la vaccination "grand public" pour la troisième dose contre le Covid-19, fin de l’année dernière, était très prometteur, ce fléchissement important au niveau des prises de rendez-vous pose question. Car le coronavirus n’a jamais autant circulé dans notre société, où le nouveau variant Omicron, beaucoup plus contagieux que Delta, fait exploser le nombre de cas positifs.
Une cadence réduite aussi à Ath
Comment peut-on expliquer ce creux dans les réservations, que l’on a également pu observer au centre de vaccination d’Ath? Le complexe hébergé dans l’ancien arsenal des pompiers ne fonctionnait, la semaine passée, qu’à 25% de sa vitesse de croisière (500 piqûres par jour alors que la capacité est de 2000 injections).
«Une perte de confiance»
Dominique Cardinale, la présidente de l'association des généralistes du Tournaisis avance, parmi les éléments de réponse, un certain découragement dans le chef des citoyens. "Les gens ont sans doute perdu confiance face à un virus qui continue de circuler, près de deux ans après le début de la pandémie, et les mesures restrictives toujours en vigueur malgré la vaccination."
La moins grande sévérité des symptômes associés à Omicron et la production d’anticorps après une infection (NDLR: en Belgique, il y a eu près de 27 000 contaminations journalières en moyenne entre le 8 et le 14 janvier) constituent pour d’aucuns un frein à la vaccination à court terme.
Moderna suscite des réticences. L’efficacité de ce vaccin est pourtant meilleure que celle de Pfizer
Aux citoyens hésitants ou réfractaires à la troisième dose, la responsable médicale du vaccinodrome de Tournai insiste sur son taux d’efficacité élevé (entre 80 et 90% contre Omicron). Et ce même si l’on sait que le degré de protection de ce variant découvert en Afrique du Sud baisse plus vite dans le temps (après deux à trois mois).
"On essaie de motiver et inciter les gens à réserver une plage horaire de rendez-vous, parce que le booster offre une protection de 80 à 90% contre les hospitalisations et les formes sévères de la maladie. L'objectif est de diminuer la charge des infrastructures hospitalières, où la majorité des cas de Covid ne sont pas vaccinés, ou alors partiellement. En plus de stimuler notre immunité, la dose de rappel sert aussi à préserver les personnes à risque. Se faire vacciner pour protéger sa santé, mais aussi celle des autres, c'est un message que l'on a parfois du mal à faire passer", souligne le Dr Cardinale.
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/VEAMOEXUDVG7ZHLW2H52KH5T6Q.jpg 480w,https://www.lavenir.net/resizer/wLBsT0eh0TCqf1xMPRVerN4LK2w=/768x509/smart/filters:quality(70)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/VEAMOEXUDVG7ZHLW2H52KH5T6Q.jpg 768w)
À côté de la lassitude ressentie au sein de la population, l'administration du vaccin Moderna génère des réticences dans les centres de vaccination qui, comme à Tournai, proposaient auparavant d'autres vaccins (Pfizer, AstraZeneca et Johnson & Johnson) pour les premières et deuxièmes doses. "La chute de l'engouement pour le booster est aussi liée à la présence du vaccin Moderna (plus ''méconnu'') qui est désormais privilégié, sachant que Pfizer va réduire sa production pour les adultes au profit du vaccin pédiatrique", précise la directrice du centre majeur tournaisien.
"Ces deux vaccins sont similaires puisqu'ils utilisent la technologie de l'ARN messager. Il ne faut pas avoir peur du Moderna, qui est bien toléré par l'organisme (NDLR: il réduirait de 90% le risque de développer une forme symptomatique de la maladie). De plus, une étude publiée cette semaine démontre que le Moderna a une meilleure efficacité que le Pfizer, tant au niveau de la protection contre l'infection que de l'admission à l'hôpital (aussi en unité de soins intensifs)."
Sur le même sujet