Jacqueline fait son road movie
Au volant d’une voiture ou d’un minivan, Jacqueline Sergeant vit de près l’ambiance du Ramdam Festival en avalant des centaines de kilomètres en présence d’acteurs, de réalisateurs et de producteurs.
Publié le 18-01-2022 à 06h00
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Privée de Ramdam Festival en 2021, Jacqueline Sergeant est sur les starting – blocks depuis vendredi. Elle n'est pourtant pas particulièrement cinéphile. "Je ne vais pas très souvent au cinéma", nous dit-elle, badge de membre du "Staff" et pochette CST ("pour l'avoir tout le temps à portée de main") accrochés au cou en même temps qu'une étiquette "chauffeur". "Ça permet aux personnes que je prends en charge de savoir à qui ils ont affaire", témoigne cette membre de l'équipe de bénévoles qui tient à merveille le rôle de taxiwomen des réalisateurs, producteurs et acteurs du festival tournaisien.
Elle a rejoint l'équipe des chauffeurs en 2016. "En 2015, au cours d'un voyage à Londres passé en compagnie de personnes qui suivaient avec moi des cours d'anglais à Kain, j'avais appris que le Ramdam recherchait des volontaires pour assurer cette fonction".
La bénévole Tournaisienne est devenue une inconditionnelle du festival de cinéma dont elle fréquente les coulisses avec bonheur en assurant le transport des invités entre leur domicile, un aéroport, leur hôtel et le complexe cinématographique. "J'ai pris mes marques progressivement. Je n'ai en général pas de mal à entrer en contact avec les gens, et j'ai le souvenir d'énormément d'expériences extrêmement enrichissantes".
«Rendre le séjour des invités le plus agréable»
Sa rencontre avec Jean-Pierre Mocky a été marquante. "Il était invité d'honneur et je l'avais reconduit à Paris. Il m'avait demandé d'effectuer un détour pour aller chercher un film. Entre des coups de fils, il prenait le temps de discuter avec moi; à propos du cinéma, sur plein de choses de la vie, sur les femmes de sa vie".
Elle se souvient aussi encore très bien de sa rencontre avec le réalisateur belge Luc Dardenne. "C'était en 2020. J'ai été le chercher et le reconduire chez lui, à Bruxelles; il était tout simple malgré sa grande notoriété".
Le réalisateur Costa-Gavras est aussi rangé parmi les meilleurs souvenirs. "Je devais juste le reconduire entre l'hôtel et la gare, avec sa femme et un autre acteur. Comme ils avaient une demi-heure devant eux, je leur ai proposé de faire un tour guidé de la ville en voiture. Je pense qu'ils ont passé un excellent moment. Sur le quai de la gare, il m'a embrassée chaleureusement pour me remercier".
Les chauffeurs du festival aiment aussi conduire Lubna Azabal, la marraine du festival. "Elle fait partie de ces actrices et acteurs qui réalisent une formidable carrière et qui ne se prennent pas la tête pour autant".
«Elle m’en avait fait voir de toutes les couleurs»
Mais toutes les personnes prises en charge n'ont pas laissé un souvenir impérissable. Comme cette actrice parisienne qui ne voulait pas prendre le TGV de Paris jusqu'à Lille comme la plupart des invités le font. "Elle a été très désagréable pendant toute la journée, sans doute parce qu'elle se prenait pour une star qu'elle n'était pas de toute évidence. Elle prenait la voiture pour une poubelle, elle ne savait pas être à l'heure… Quand elle a enfin quitté le véhicule, à Paris, j'ai fondu en larmes parce qu'elle m'en avait fait voir de toutes les couleurs depuis le matin".
Jacqueline Sergeant ne voudrait manquer pour rien au monde cette ambiance festivalière. "Je me rends disponible pendant toute la semaine. Parfois, la soirée se prolonge au Magritte, l'établissement où le public, les organisateurs, les invités se retrouvent après les projections. Le Ramdam est un festival où le public est facilement en contacts avec les invités, réalisateurs et acteurs. Mais cette année, les soirées seront plus courtes en raison des mesures liées au Covid".
Des mercis pour la qualité de l’accueil
La conductrice des stars et des étoiles montantes n'a pas beaucoup de temps pour aller voir des films en raison de son planning assez chargé et des transports à assurer parfois en dernière minute. "Je m'efforce d'aller aux séances destinées à la presse, le matin, quand c'est possible. De préférence, je pointe les films qui concernent des personnes dont j'assurerai le transport mais je n'en programme pas plus de dix-quinze. Parce que je trouve qu'il faut se laisser le temps de digérer ces films… qui dérangent".
Samedi dernier, Jacqueline a assuré sa première "mission" à 9h le matin à l'aéroport de Zaventem. Son expérience des navettes aéroports pour des touristes ou des entreprises effectuées pendant plusieurs années lui permettent de bien gérer le timing de la route et le stress des impondérables qui sont assez nombreux. "Les contretemps sont fréquents. Il faut être toujours à l'avance. Depuis la crise sanitaire, c'est moins évident de retrouver quelqu'un à l'aéroport; il faut se donner un lieu de rendez-vous précis".
Malgré le stress des plannings à respecter, la bonne humeur est en général au rendez-vous. "De mon côté, j'essaie de mettre les invités tout de suite dans le bain en leur donnant le programme, en répondant à leurs questions qu'ils se posent et même parfois en les rassurant. Ces trajets organisés entre Tournai et les aéroports ou les villes où ils sont domiciliés contribuent au charme du festival. Les invités trouvent l'ambiance du festival très chaleureuse; ils me remercient souvent pour la qualité de l'accueil reçu pendant leur séjour ou même juste les quelques heures passées à Tournai".